THIEYSENEGAL.com : 25 mars 2012, date à laquelle l’ex-premier ministre a battu son mentor, le Président Abdoulaye Wade qui souhaitait un troisième mandat. Macky Sall devenait ainsi le 4e Président de la République du Sénégal. Et ce, au moment où la majorité des Sénégalais, assoiffés de « rupture« , avaient fini de plébisciter celui qui a coiffé au poteau ses compagnons de guerre de l’opposition d’alors.
« Je serai le Président de tous les Sénégalais« , avait, alors promis le Président Macky Sall. Une promesse qu’il tente, tant bien que mal, de tenir avec ses nombreuses réalisations, mais aussi ses échecs. D’ailleurs, ne dit-on pas que c’est à travers les erreurs qu’on parvient à se parfaire davantage ? Un concept que l’actuel chef de l’Etat a compris à travers sa volonté de mettre le Sénégal sur les rampes de l’émergence. Il prête serment le 2 avril 2012 à l’hôtel King Fahd Palace, et nomme, le lendemain, Abdoul Mbaye au poste de Premier ministre avec un Gouvernement restreint à 25 membres.
Avant d’annoncer, par la suite, sa volonté de dissoudre l’Assemblée nationale pour organiser des élections Législatives le 1er juillet. Un premier pas vers la « rupture« . Respectant sa promesse de réduire le train de vie de l’État, il passe à la suppression de 59 commissions et directions, dont l’Agence nationale des nouveaux ports du Sénégal, la Direction de la construction de petits aéronefs, l’Agence nationale de la haute autorité du désert, l’Office sénégalais pour la propriété industrielle et l’innovation technologique, entre autres. Avant d’annoncer des audits sur la gestion de son prédécesseur. Mais aussi, Macky relance la Cour de répression de l’enrichissement illicite et annonce la création d’un Office national anticorruption et d’une Commission nationale de restitution des biens et de recouvrement des avoirs mal acquis.
Pour sa part, le Gouvernement du Premier ministre Abdoul Mbaye, dans le souci de réduire le coût de la vie, annonce la baisse des prix de l’huile, du riz et du sucre. Les pensions de retraite sont revalorisées, les paysans subventionnés en urgence face à la menace, etc.
Toutefois, le Président Macky Sall ne fait pas l’unanimité. Au sein de l’opposition, il est décrit comme un « dictateur ».
L’opposition l’accuse d’user des moyens de l’Etat pour étouffer ses adversaires politiques. Comme ce fut le cas avec Karim Wade, dans la traque des biens mal acquis, Khalifa Sall, dans l’affaire de la Caisse d’avance, Barthélémy Dias dans l’affaire Ndiaga Diouf et dernièrement Ousmane Sonko dans l’affaire l’opposant à la masseuse Adji Sarr. Ici, ses adversaires l’accusent d’avoir comploté pour museler le leader de Pastef.
Par contre, les Sénégalais qui ont décidé de le réélire pour un second mandat, lui reconnaissent l’héritage qu’il s’est efforcé de leur léguer, au point de vue réalisations… C’est le lieu de citer son Plan Sénégal Emergent (PSE), « une stratégie décennale adossée à une vision, celle d’un Sénégal émergent à l’horizon 2035 à travers trois axes stratégiques qui sont la transformation structurelle de l’économique et de la croissance, le capital humain, protection sociale et développement durable et la gouvernance, institutions, paix et sécurité ».
Ainsi, il a investi dans plusieurs domaines, dans le but d’alléger le coût de la vie. Et ce, sur le plan social, sanitaire, infrastructurel, agricole, éducatif, sportif, etc. Parmi ces réalisations, on peut citer la réduction des inondations à travers des infrastructures installées dans beaucoup de localités, malgré la persistance du phénomène des inondations. Dans ce sens, plus de 2800 logements ont été construits et octroyés à des sinistrés dans des conditions de transparence remarquables. Mais aussi, on peut parler de la Couverture maladie universelle et de la Bourse de sécurité familiale sur le modèle des pays émergents. La baisse des prix, « peu significative » selon bon nombre de Sénégalais, récemment, malgré la crise mondiale qui traverse le pays, entre autres…
Sur le plan sanitaire, on peut noter la gratuité des soins pour les enfants de 0 á 5 ans et les personnes âgées ; la gratuité de l’hémodialyse et de la césarienne, la gratuité des antirétroviraux ; l’acquisition de 76 générateurs d ́hémodialyse installés dans les hôpitaux de Kaolack, Touba, Ziguinchor et Grand Yoff ; l’inauguration de Poste de Transfusion sanguine (PTS) á l’hôpital Roi Beaudouin de Guédiawaye. Sans compter les quatre hôpitaux annoncés par le chef de l’Etat dont certains ont été inaugurés. Dont celui de niveau 2 de Kaffrine qui a, récemment accueilli les accidentés sur la route de Sikilo, mais aussi celui de Sédhiou, Touba…Et pas que, l’agriculture, l’éducation, l’emploi des jeunes, la gouvernance « sobre et vertueuse », les projets d´infrastructures à travers le Plan Sénégal Emergent (PSE), entre autres, viennent compléter le tableau. Mais aussi le secteur de l’énergie n’est pas en reste. Un secteur où certains observateurs parlent de la « plus belle réussite » du Président Macky Sall, même si les tarifs de l’électricité restent élevés par rapport à la moyenne.
Cependant, force est de constater que beaucoup restent à faire pour que les Sénégalais puissent tendre vers l’émergence promise par Macky. Car, à travers son projet de construction de la ville nouvelle de Diamniadio prévue pour désengorger Dakar, le chef de l’Etat attend beaucoup de son joyau où, à terme, le gouvernement souhaite ainsi créer 50 000 emplois.
Autant de réalisations qu’on ne saurait lister, mais aussi autant de manquements que l’opposition porte comme cheval de bataille dans le but de l’éjecter en 2024. Et parmi ces manquements, le coût élevé de la vie, les dérives judiciaires qui commencent à ternir l’image du Président Macky Sall à l’international. Une image qu’il tente, tant bien que mal, à redorer, malgré la montée fulgurante de son principal opposant, à savoir Ousmane Sonko.
Président en exercice de l’Union Africaine, le chef de l’Etat Sénégalais compte aussi faire un bilan, dans un contexte géopolitique tendu traversé par la crise due au Covid-19. Mais aussi, à travers cette lourde responsabilité, Macky Sall compte refaire son image à l’international. Ainsi, à travers le financement du développement de l’Afrique et la relance des économies africaines après la pandémie, la stabilité du continent et la lutte contre le terrorisme, il compte jouer son rôle dans la recherche de solutions durables. Une position qui lui confère un statut de leader en Afrique.
Sans doute pour siéger au Conseil de sécurité de l’ONU, pourquoi pas occuper le poste de Secrétaire générale de l’ONU. Ce qui pourrait certainement le réconforter davantage si, toutefois des adversaires comme Sonko arriveraient à l’éjecter du fauteuil présidentielle. Un atout majeur, selon certains partenaires étrangères car, il serait exempt de toute poursuites judiciaires de ses adversaires politiques qui l’accusent de « gestion nébuleuse« , à travers une immunité.
Ce qui, aussi, sans doute a motivé la visite de Marine Le Pen qui prône pour une amélioration de la stabilité du monde. D’après elle, « il faut cesser de dénier à l’Afrique la place légitime qui doit lui revenir dans l’organisation de la communauté internationale« .
Considéré comme l’ « ami de tous les pays », le président Macky Sall, depuis 2012, n’a pas manqué d’œuvrer au réchauffement de ses relations avec la plupart de ses homologues, à travers le monde. Ce qui lui a permis les nombreux partenariats, mais aussi de réconforter son leadership. Une posture, aussi qui témoigne de la montée en puissance progressive du leadership sénégalais à travers le monde.
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