SENTV : Notre astre national, le quotidien gouvernemental, « LE SOLEIL » a barré sa UNE du Mercredi 20 décembre 2023 par une annonce du Ministre de l’économie et des finances de la République du Sénégal selon laquelle, la Diaspora sénégalaise aurait contribué à la hauteur de 9,8 % du produit intérieur brut (PIB) de notre pays, soit 1700 milliards de francs cfa pour l’année 2022.
Cette performance mériterait que l’on s’y arrête. D’abord pour saluer la résilience et le sens du partage des sénégalais, de toutes conditions, qui sillonnent le monde et gagnent, à la sueur de leur front, de l’argent qu’ils destinent à leur pays. Rappeler, en passant, que cette performance post Covid 19 est notable, encourageante et méritoire.
Ensuite et ayant dit cela, plusieurs questions sont à poser aux pouvoirs publics : Existe-t-il des études approfondies sur les pays d’origine de ces fonds ? Sur le profil des envoyeurs ? Y’aurait-il une bonne compréhension de la destination finale de ces flux financiers : Consommation des ménages ? Immobilier ? Investissement dans des entreprises créatrices d’emploi ? La part la plus importante de ces sommes vient-elle des immigrés sur le Continent africain ? Sinon quelle est la destination la plus lucrative pour l’immigration sénégalaise ? Europe ? Amérique ? Asie ? Dans quelles conditions y vivent ceux qui, en dépit de tout, sont des véritables soldats de notre économie ? Quelle assistance, encadrement et soutien l’État pourrait-il leur apporter autre que le rapatriement des malades et décédés ?
J’espère que ces questions, et celles qui vont jaillir des réponses qui leurs seront apportées, vont aboutir à la définition d’une véritable politique migratoire ! Car, il semble bien que cette manne financière pourrait être démultipliée si nos compatriotes bénéficiaient d’assistances consulaires agressives, pour l’obtention de titres et conditions de séjour qui les mettent à l’abri de la précarité et des vexations inutiles.
Oui ! 1700 milliards d’apport à notre économie forcent le respect ! Et il serait temps d’en faire le levain d’une nouvelle vision de l’émigration. Nous ne devons plus nous contenter d’ergoter sur l’émigration, dite clandestine, alors que ces chiffres sont la preuve que ceux qui parviennent au bout du voyage ne sont pas des tire-aux-flancs. Ils se rendent utiles aux économies de leurs pays d’accueil ainsi qu’à celle de leur pays d’origine. Respect !
Nous ne devons plus accepter que, pour des raisons de politique intérieure, les politiciens des pays d’accueil passent leur temps à insulter les immigrés à l’occasion de leurs débats télévisés, pour titiller les bas instincts des électeurs. Nos immigrés travaillent ! En majorité. Ils occupent, bien souvent, des emplois qu’aucun citoyen du pays d’accueil n’accepterait de faire dans les mêmes conditions. Nos immigrés se privent de tout pour contribuer à 9,8% du PIB de leur pays… Respect !
En vérité, les immigrés font partie des pièces essentielles de la machinerie capitalistique qui maintient plusieurs entreprises du nord en fonction, grâce à une main d’œuvre « taillable et corvéable à merci ! » comme disait l’autre…🙂. Ce simple fait devrait être un levier de négociations pour une diplomatie migratoire agressive : Notre jeunesse est un intrant essentiel à l’économie mondiale. Le monde a besoin de bras vigoureux. Mais elle a aussi besoin de têtes bien faites. Le défi que nous devons relever est celui de l’éducation et de la formation d’armées de travailleurs à l’assaut du monde pour irriguer nos économies de revenus certes, mais surtout de retours gagnants au pays, après une expérience professionnelle acquise ailleurs. Une vraie politique de migrations concertées devrait être définie et articulée autour des besoins exprimés par les pays récepteurs d’une part, et de l’autre par les pays pourvoyeurs de main-d’œuvre. Des formations adéquates pour conjuguer les intérêts des uns et des autres seraient à la base d’un nouveau modèle éducatif, adapté aux défis du monde contemporain. Des partenariats gagnants-gagnants sont possibles ! Il faut faire preuve d’imagination, mais surtout de bienveillance et de respect mutuel, pour inventer un nouveau monde plus fraternel. Une coopération plus humaniste. Le vieillissement des populations de plusieurs pays du nord nous y invite. La désespérance de nos jeunesses, ardentes au labeur, nous y oblige ! Car, comment ne pas comprendre que cette manne de 1700 milliards et son potentiel de développement expliqueraient, en partie, la rage de ceux qui affrontent les océans et le désert en quête d’un avenir meilleur ? La vue des retombées de ces flux financiers, sur leurs familles ou celles des voisins, est un appel pressant au large. Qui peut le contenir sans alternative crédible à offrir ?
Alors, faisons les efforts nécessaires d’imagination, de conception et de mise en œuvre d’une véritable politique migratoire. Ne nous contentons pas de subir les politiques restrictives qui se font jour dans les pays d’accueil. Toujours être sur la défensive alors que la raison nous oblige à favoriser les échanges, les rencontres et le partage du travail n’est plus de mise.
Alors, 1700 milliards de respects à tous les migrants sénégalais, 1700 milliard de raisons, pour eux, d’être fiers de se lever les jours et les nuits d’hiver pour économiser sou après sou pour le pays, les longues journées l’été debout sur les chantiers routiers et ferroviaires,
Pour tout cela, 1700 milliards de mercis et de prières afin que le pays se montre digne de tant de sacrifices !
Jaajëf ! On Njaaraama !
Merci ! Thank you all ! Al barka !
Amadou Tidiane WONE