Au moins dix-sept anciens militaires colombiens sont soupçonnés d’être impliqués dans l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse mercredi ont annoncé vendredi les hauts-commandements colombiens de la police et de l’armée.
« Deux (…) qui ont péri dans l’opération de la police (haïtienne) et 15 Colombiens dont nous sommes en train de vérifier l’activité (…) auraient appartenu à l’armée nationale » et se sont désengagés entre 2018 et 2020, a déclaré le général Jorge Luis Vargas, le chef de la police colombienne, lors d’une conférence de presse à Bogota, rapporte Rfi.
le site d’information 20minutes souligne que le commando qui a perpétré l’assassinat était composé de 28 assaillants. « Nous avons arrêté 15 Colombiens et les deux Américains d’origine haïtienne », a indiqué Léon Charles, directeur général de la police haïtienne, précisant que trois Colombiens avaient été tués et que huit autres étaient toujours en fuite. Jusqu’alors, la police avait déclaré avoir tué « quatre mercenaires». Au moins six Colombiens impliqués seraient d’ex-militaires, a indiqué le ministre colombien de la Défense.
Lors de la conférence de presse, plusieurs des suspects ont été alignés contre un mur afin de les montrer aux médias, des passeports colombiens et des armes étant disposés sur une table. «Nous avons déjà en main les auteurs physiques et nous sommes à la recherche des auteurs intellectuels », avait-il affirmé plus tôt. Le département d’Etat des Etats-Unis, sans confirmer l’arrestation de ressortissants américains, a annoncé jeudi avoir accepté d’aider la police haïtienne dans le cadre de l’enquête.
Le commando était composé de tueurs à gages « professionnels » s’étant fait passer pour des responsables de l’agence américaine antidrogue, selon l’ambassadeur haïtien aux Etats-Unis.
Deux responsables policiers sur la sellette
Au moins deux hauts responsables policiers, directement chargés de la sécurité du chef de l’Etat, sont eux-mêmes sur la sellette et ont été convoqués devant la justice, a annoncé jeudi le chef du parquet de Port-au-Prince. Me Bed-Ford Claude, le commissaire du gouvernement de la capitale s’est en effet interrogé sur l’apparente passivité – ou l’absence de réaction – des agents chargés de veiller à la sécurité de Jovenel Moïse.
Dans le pays, chacun restait jeudi aux aguets, les magasins, les banques commerciales, les pompes à essence et les petits commerces de la principale métropole haïtienne gardant porte close. Le gouvernement a demandé jeudi la réouverture de l’aéroport, qui devrait être effective vendredi, et appelé à la reprise de l’activité économique.
Deux hommes prétendent diriger le pays
Cette attaque déstabilise encore davantage le pays le plus pauvre des Amériques, gangrené par l’insécurité. Et aux questions sur la traque des auteurs de l’attaque viennent s’ajouter celles sur l’avenir du pays, à commencer par sa gouvernance.