SENTV : Le Chef de l’État a pris la décision en Conseil présidentiel sur l’emploi et l’insertion socio-économique des jeunes, tenu le 22 avril 2021, d’aller vers le port universel de tenue scolaire dès la rentrée 2021/2022. Cette décision qui porte sur le port systématique de tenues scolaires, s’appuie sur un « idéal d’égalité et d’harmonie sociale de l’école ».
Ainsi, 30 milliards de francs CFA seront injectés sur trois années, soit 10 milliards par an. Pour matérialiser cette volonté politique, le Ministère de l’Éducation nationale, en partenariat avec le Ministère de l’Artisanat et de la Transformation du Secteur Informel, sont directement concernés par la mise en œuvre d’un programme national de dotation des élèves en tenues scolaires. Cette volonté du chef de l’État a été réaffirmée en conseil des ministres à la veille de la rentrée scolaire. Ainsi, les tenues scolaires devaient être mises à disposition des enfants dès les premiers jours de l’année scolaire. À cet effet, des commissions de passation de marchés devaient être installées dans chaque département.
« Nous n’avons pas vu l’ombre d’une blouse » (Directeur élémentaire)
Interpellés par nos soins, des directeurs d’école n’ont pas caché leur déception. M. Diop est l’un de ces directeurs qui ont dit n’avoir rien compris de cette histoire. « Nous avions depuis plusieurs années des blouses dès la rentrée pour nos élèves. Le CGE avait des tailleurs dans la localité, ils sont cinq, qui pré financent eux-mêmes les tenues scolaires. Aux premiers jours de la rentrée, les enfants avaient leurs blouses. Chaque parent devait cotiser 3000 f CFA et on n’a jamais eu de problème. Cette année on nous dit que c’est l’État qui va offrir des blouses. Jusqu’au moment où l’on parle nous n’avons rien reçu. Nous n’avons pas vu l’ombre d’une blouse. Et pour la première fois depuis très longtemps nos élèves viennent à l’école sans blouse », se désole-t-il
« Le plus grave est qu’on n’a personne à qui nous adresser » (Directrice )
Pour matérialiser la volonté du chef de l’État, une lettre circulaire avaient été envoyée aux inspecteurs d’académie, les informant de la mise en place autour des préfets, de commissions devant se réunir avec les acteurs de la société civile, les parents, les artisans et les autorités académiques de la localité, pour surtout décider de l’attribution des marchés. Mais seulement voilà, quand M. Seck, directeur d’une école élémentaire, a voulu en savoir plus en se rendant dans son IEF, grande a été sa surprise. En effet, nous confie-t-il, « ils ont été incapables de nous dire quoi que ce soit. Ils m’ont fait savoir qu’ils n’ont jamais reçu de convocation d’une quelconque commission. Ils nous ont simplement dit d’attendre. Et on attend depuis 4 mois »
« Depuis le début de l’année, les enfants nous demandent leurs blouses » (Directrice préscolaire)
Le préscolaire comme l’élémentaire sont les deux cibles de la première année de la généralisation des tenues scolaires. S’il existe un qui est bousculé tous les jours par ces élèves, c’est A. Guèye directrice d’une case des tout-petits. En effet, cette dernière se dit « harcelée » par ses potaches. « Depuis le début de l’année, les enfants nous demandent leurs blouses, parce que juste à côté de nous, nous avons plus de 5 structures privées. Et ils voient leurs camarades avec des blouses depuis le début de l’année. » Et pour calmer la colère des enfants qui ne comprennent pas ce qui leur arrive, « nous avons été obligés, de concert avec les parents de trouver des blouses. Maintenant on est à l’aise et si l’État nous envoie on change, sinon on garde nos blouses », a-t-elle confié.
Ainsi donc, la montagne aurait-elle accouché d’une souris ? Avec tout le débat que cela avait suscité l’on s’attendait au moins à voir des blouses de qualité dans les écoles. Le chef de l’État à l’occasion de chaque conseil des ministres insiste sur la « mise en œuvre en mode fast-track des politiques publiques. » La question légitime qu’on est en droit de se poser est de savoir lequel des deux ministères, de l’Éducation et de l’Artisanat, est responsable de cette situation. Et avec la campagne qui s’annonce, ce n’est pas encore demain la veille qu’on verra les fameuses blouses dans nos écoles.