661 657 238 F CFA, défalqués du Paqueeb, doivent servir à doter les ‘’daaras’’ en kits alimentaires. L’argent a été remis aux bureaux régionaux de la CLM pour la distribution, alors que les inspections de l’éducation et de la formation assurent la tutelle des ‘’daaras’’. Le Cusems-Authentique rue dans les brancards. La tutelle assure avoir agi sur les recommandations de la Banque mondiale.
La Banque mondiale a autorisé le ministère de l’Education nationale à défalquer, sur le financement du Paqueeb (Projet d’amélioration de la qualité et de l’équité de l’éducation de base) la somme de 661 657 238 F CFA pour une assistance aux ‘’daaras’’. Ensuite, l’institution financière a donné son accord au ministère des Finances et du Budget pour que cet argent soit décaissé. A la suite de cela, le ministre de l’Education nationale a adressé, le 5 juin, un courrier aux inspecteurs d’académie et aux inspecteurs de l’éducation et de la formation, pour les informer de sa décision de leur transférer cet argent et, qu’en retour, les IEF devront le remettre aux bureaux régionaux de la Cellule nationale de lutte contre la malnutrition (CLM).
Ainsi, le ministre, avec son Dage, a signé une convention avec la CLM, le 19 mai, en tant que maitre d’ouvrage et la CLM devant agir en tant que maitre d’ouvrage délégué. Dans l’article 12 de la convention, il est prévu un montant de 41 323 371 F CFA représentant la rémunération de la CLM qui est maître d’ouvrage délégué. Dans le même article 12, il est aussi prévu la somme de 30 millions pour les frais de communication. En outre, dans une annexe du document, il est mentionné que les denrées alimentaires devront être constituées de 618,702 tonnes de riz, de 44,193 tonnes de sucre, de 132,579 tonnes de pâtes alimentaires (macaroni), de 56,567 tonnes de lait en poudre et de 68 057 litres d’huile. S’agissant des produits d’hygiène, il est prévu l’acquisition de 19 641 morceaux de savon de 0,5 kg, plus connu sous le nom de ‘’savon petit modèle’’.
A l’annexe 5 du même document, il est mentionné : ‘’La CLM identifie et signe des conventions avec les détaillants les plus proches des ‘daaras’ ciblés. Le ‘boorom daara’ se présente au niveau du détaillant et lui remet le bon pour enlèvement des produits.’’ Et dans la correspondance adressée aux inspecteurs d’académie, le ministre Mamadou Tall souligne que ‘’l’affaire (l’aide alimentaire) concerne 117 848 talibés réparties sur 10 043 ‘’daaras’’ du pays’’.
Dame Mbodj parle de ‘’prévarications’’
Mais Dame Mbodj, Secrétaire général du Cusems-Authentique, voit dans tout cela ‘’une volonté manifeste de dilapider les ressources publiques allouées au secteur de l’éducation et de la formation, sous forme de prêt au secteur de l’éducation et de la formation. Cet argent, dit-il, sera remboursé jusqu’au dernier centime par le contribuable sénégalais. Il apparait qu’il y a une volonté d’enrichir injustement des fonctionnaires, les agents de l’Etat (Dage ET CLM)’’.
En colère, il poursuit : ‘’Les ‘daaras’ sont sous le contrôle administratif des IEF. Pourquoi laisser de côté les structures régulières comme les IA et les IEF qui travaillent au quotidien avec les ‘daaras’, pour confier ce travail qui ne devait coûter aucun franc à l’Etat, à une structure externe ?’’
Ainsi, le Cusems/Authentique demande aux corps de contrôle de l’Etat comme l’Ofnac, l’ARMP, l’IGE, la Cour des comptes de s’autosaisir et d’aller au Men pour enquêter sur ces ‘’prévarications et de transmettre ce dossier au procureur de la République pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire. En d’autres termes, nous exigeons que le Men Mamadou Talla rende compte, qu’il ne soit pas protégé. Qu’on ne mette pas un coude sur ce dossier et que force reste à la loi’’.
Les explications de la tutelle
Des accusations balayées d’un revers de main par Mamadou Moustapha Diagne, chargé de communication du ministère de l’Education nationale. ‘’Le secrétaire général du Cusems/Authentique ne maitrise pas la question. Il n’a pas toutes les informations. C’est la Cellule de lutte contre la malnutrition qui est la mieux placée pour gérer la distribution de vivres. C’est la Banque mondiale, elle-même, qui a demandé que les fonds soient transférés à la CLM ».
Avec EnQuête