Révélations sur le train de vie de Abdoulaye Wade

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SENTV.info  – Ce devait être une retraite à se dorer la pilule avec sa pension d’ancien président et les revenus générés par la consultance panafricaine. Mais échaudé par les déboires judiciaires de son fils, Abdoulaye Wade s’est donné pour mission, depuis 2014, de «renverser Macky Sall». Une posture d’opposant qui a un coût que le Pape du Sopi ne peut pas toujours supporter.

Au soir de la passation de pouvoir avec Macky Sall, Abdoulaye Wade quitte le palais présidentiel, en traînant derrière lui plusieurs scandales financiers. L’électorat qui lui refuse un troisième mandat le pense alors riche à ne savoir quoi faire de ses indemnités d’ancien président. Le décret 2013­­­-125 lui octroie, entre autres faveurs, un traitement mensuel de 5 millions de FCfa, une indemnité logement compensatoire de 4,5 millions FCfa et une prise en charge annuelle de 40 millions de FCfa pour des billets d’avion. Wade qui se pense un avenir de consultant international, vit une retraite paisible à Versailles (France), entre audiences et lectures. Cette image d’une retraite dorée est parfaitement entretenue à coups de communication médiatique. Pourtant, le tableau s’effrite dès 2017. En visite à Ndiassane, dans la région de Thiès, l’ancien président de lui-même, lève un coin du voile sur sa fortune. «J’ai quitté le palais avec moins de 700 000 FCfa en poche», révèle-t-il. Les plus sceptiques peinent à le croire. D’autant plus que lorsqu’il effectue un retour triomphal au Sénégal en février 2019, il choisit d’installer son quartier général dans un hôtel 5 étoiles de Dakar où il loge avec son épouse. On le soupçonne d’avoir opté pour la suite junior de 85 m² à 480 000 FCfa, la nuitée. Mais, selon les confidences de ses proches, l’ancien chef de l’Etat aurait en fait choisi un standing à la hauteur de son statut : la suite présidentielle à 730 000 FCfa, la nuitée. Incommodé par la lumière du soleil et le décor, Wade exige quelques ajustements, faisant ainsi monter la note à 800 000 FCfa. Ce séjour d’environ 2 mois aurait coûté au bas mot 40 millions de FCfa. De quoi relancer les spéculations sur le réel patrimoine du Pape. Seulement, à la fin de son séjour hôtelier, des informations pas très reluisantes fuitent dans la presse. Le leader du Parti démocratique sénégalais aurait eu du mal à payer la facture. «Faux», rétorque le bureau du Pds. Dans un communiqué daté du 2 juin 2019, le parti dément : «Contrairement à une fausse information relayée par certains organes de presse, Me Abdoulaye Wade, ancien président de la République, Secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds), tient à préciser qu’il a payé personnellement l’intégralité de la facture concernant son séjour à l’hôtel.» Pourtant, la rumeur persiste. L’ancien président serait bel et bien fauché et dépendrait d’amis pour maintenir son train de vie.

Samuel Sarr, Alpha Condé, Karim Wade… les bailleurs de Me Wade

Abdoulaye Wade a été le premier à évoquer cette piste. Alors qu’il se plaint de ce que le nouveau régime a bloqué ses indemnités d’ancien président, il avoue avoir reçu d’un ami couronné un présent de 5 milliards de FCfa, avec quoi il vit sans dettes. Et pourtant, lorsqu’il fait cette révélation, le Président se sert encore de la demeure que son ancien ministre des Affaires étrangères, Madické Niang, a mise à sa disposition pour ses séjours au Sénégal. Ce dernier, candidat malheureux à la Présidentielle 2019, prend en charge tous les frais afférents aux différents séjours de son ami. Jusqu’au jour où Wade «boude» ses faveurs et se retrouve dans l’un des hôtels les plus chers de la capitale. Là, il organise souvent des conférences de presse et reçoit beaucoup en audience. Des activités qui nécessite de la liquidité qu’il trouve chez le Président guinéen. «Alpha Condé a déboursé une première somme de 100 000 euros (65 millions FCfa) pour aider son ami», dit une source proche du président guinéen. Ce dernier déboursera, selon cette même source, deux fois encore cette même somme en faveur de Wade. Ce qui fait un total de 300 000 euros, soit environ 195 millions FCfa. C’est dans la même période que Me Wade effectue un déplacement de deux jours, en février 2019, chez Condé, d’où il revient muet comme une carpe, alors que trois jours auparavant, il demandait un sabotage du scrutin présidentiel du 24 février 2019.

L’autre bailleur de Wade serait son ancien ministre de l’Energie, Samuel Sarr. Il se dit que ce dernier aurait déboursé pas moins de 80 millions FCfa pour aider à couvrir les dépenses de son mentor. C’est d’ailleurs lui qui aurait aidé à payer la fameuse facture de l’hôtel, en contribuant à hauteur d’une dizaine de millions de FCfa. Joint au téléphone, Samuel Sarr botte en touche. «Je n’ai rien à dire par rapport à mes relations avec Me Abdoulaye Wade. Ce que je fais ou pas pour lui, je ne vais pas l’étaler dans la presse. C’est mon leader, mon père et j’ai d’excellentes relations avec lui», coupe-t-il. Et enfin, l’autre gros bailleur n’est autre que le fils. De son exil qatari, Karim Wade envoie souvent de l’argent pour contribuer à la prise en charge de ses parents.

Un loyer à 60 millions l’année

En quittant le premier hôtel où la clientèle commençait à se plaindre, Wade essaie de loger dans un autre sis en plein centre-ville, derrière le palais présidentiel. Mais la direction utilise l’excuse du surbooking pour refuser un hôte aussi encombrant. Son staff choisi alors de le loger dans une maison pour parer à tous désagréments. Amy Samaké, propriétaire d’une agence immobilière, entre en jeu. Mandatée par Karim Wade, la directrice de la Case des tout-petits sous Wade trouve une maison sur la corniche ouest, en contrebas du musée Senghor. La demeure cachée par un périmètre de murs blancs électrifiés est surveillée par 2 gardes. Sur la devanture, un poste de gendarme recueille les demandes d’audience. Le Président Wade en reçoit beaucoup, selon deux vendeuses du coin, qui assistent journellement aux va-et-vient des voitures.

Depuis son retour au Sénégal, en début février 2019, à la veille de la dernière élection présidentielle, le «Pape du Sopi» est envahi. Des Sénégalais se bousculent pour le rencontrer. «Il y a des centaines de demandes d’audience qui souffrent sur sa table», révèle Mayoro Faye, secrétaire national adjoint chargé de la communication du Pds. Pour rencontrer l’ancien Président, on peut passer par divers canaux. Mais, précise M. Faye, c’est Wade en personne qui gère ses audiences. Il est aidé dans cette tâche par les membres de son cabinet. Outre le personnel mis à sa disposition par l’Etat du Sénégal (un aide de camp, des gendarmes pour la sécurité de son logement, deux gardes du corps, un agent du protocole, deux assistantes, un standardiste, un cuisinier, une lingère et un jardinier), il est aidé par Baye Moussé Bâ alias «Bro», Alioune Diop ou la responsable libérale Nafy Diallo. Des leaders politiques, des gens de la société civile, des responsables du Pds ou même des Sénégalais lambda défilent devant sa porte. «Je sais que les demandes sont nombreuses et chaque jour, il reçoit des gens», précise le secrétaire général adjoint chargé de la communication. La villa de Me Wade sert également de permanence pour les rencontres organisées par le leader politique. C’est dans cette villa louée à environ 5 millions de FCfa par mois, soit 60 millions à l’année (le montant de l’indemnité compensatrice accordée par l’Etat aux anciens chefs de l’Etat) que se dessine le Pds «new look».

La consultance, sa source de revenus

Dans le meilleur des mondes, Abdoulaye Wade aurait été un ancien Président couru dans toute l’Afrique pour ses avis d’expert et son charisme. C’est d’ailleurs dans cette optique qu’il aurait créé son cabinet à Dubaï, le Wade international consulting ou Wic qui propose des services dans les domaines de la justice et la paix, la finance, l’énergie, les infrastructures, l’industrie, les équipements, la technologie, l’environnement. Et c’est dans cette résidence en location face à l’Atlantique qu’il peaufine ses dossiers. Mayoro Faye: «Wade travaille sur ses dossiers toute la journée. Il travaille aussi sur des projets, des livres, des dossiers politiques…» Son planning journalier est rythmé ainsi, entre sport (natation, marche, gym), lecture, écriture et dossiers de consultance.

AICHA FALL

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