Marché Castors : Les Commerçants Ne Décolèrent Pas

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SENTV.info : Après l’opération de désencombrement qui, jusqu’hier, était en cours, après deux jours de fermeture, décrétée par le ministre Abdou Karim Fofana, les propriétaires d’étals ne s’éloignent pas de leur place. Très en colère à cause du pêle-mêle, conséquence du passage des engins de démolition de l’Etat, les marchands souhaitent un meilleur aménagement du marché.  

C’est la confusion totale après le désencombrement des artères du marché Castors. L’impression est qu’il y a moins de clients que d’habitude car les allées du marché sont clairsemées. La chaussée, occupée avant le désencombrement, est dégagée même si les voitures peinent à reprendre du service sur ces axes. A l’exception de quelques camionneurs sur les voies libres, il y a plus de piétons sur la chaussée. Dégagés de la voie, des commerçants, des centaines de jeunes pour la plupart, certains l’air désemparés, se sont braqués en trouvant refuge dans le voisinage. Il y en a qui sont à l’affût des forces de l’ordre qui veillent au grain. Mais tout porte à croire que ce ne sera pas pour l’éternité dans ce marché dont l’opération de nettoyage ne l’a point transformé en palace.

Les nerfs sont tendus, les regards hagards sous la chaleur, l’atmosphère pimentée, les odeurs de légumes qui embaument l’air sous des bâtiments vétustes. Ici, la crise de confiance s’est installée. «Il n’y a pas de délégué. S’il y en avait on en serait pas là», confie une commerçante, trouvée devant une cantine à observer le spectacle désolant qu’offrent les Caterpillar qui écrasent brutalement les étals sous le regard résigné de leurs propriétaires. La colère est le sentiment qui se ressent le mieux chez les commerçants qui ne trouvent pas les mots pour déverser leur courroux. Dans le décombre, le méli mélo qu’a occasionné le désencombrement, les marchands semblent plus que déboussolés face à la situation. Certains vont même jusqu’à accuser des responsables de leur malheur, soupçonnant des projets de dépossession des uns en faveur des autres. Mais l’ennemi commun dont tous sont convaincus est l’Etat. Chacun est allé de son argumentaire pour imputer à l’Etat son sort. «On ne peut pas ne pas travailler, rester les bras croisés. Si on est dans les marchés c’est parce qu’il n’y a pas d’usines, d’industries pour nous accueillir. Si l’Etat a décidé de désencombrer et de déplacer les propriétaires d’étals, cela doit se faire étape après étape, mais pas de manière désorganisée», confie une des victimes du désencombrement, trouvée au pied du mur d’un magasin. Poursuivant, le détaillant reconnait que le marché ne peut pas accueillir tout le monde, mais qu’un bon aménagement des espaces peut aider à résoudre la situation des vendeurs.

Les commerçants ne manquent pas d’idées à suggérer à l’Etat pour une bonne organisation du marché. Selon un groupe de commerçants, le marché peut être à étages, de sorte qu’il puisse accueillir beaucoup plus de monde. De leur avis, si des vendeurs occupent la voie, c’est parce qu’ils n’ont pas où se mettre. Pour eux, il y  a certains marchands qui ont l’argent pour trouver une place dans le marché. C’est ce qui explique, d’ailleurs, que certains louent dans le voisinage pour exercer leur commerce.

Les vendeurs ont saisi l’occasion pour battre en brèche l’idée selon laquelle ils encombrent les riverains. A les en croire, il y a plus de magasins sur les axes du marché que de portes d’entrée dans les maisons dans lesquelles certains occupants ne sont pas du tout convaincus de la pérennité des effets escomptés du désencombrement.

Emile DASYLVA

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