Le Président Aziz devant la Commission d’enquête parlementaire sur des dossiers sensibles

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SENTV.info : Selon des sources proches de la Commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur une dizaine de dossier de la décennie passée, l’ex-président de la République Mohamed Abdel Aziz et son Premier ministre, Moulaye Mohamed Laghdaf, devront comparaître jeudi 16 avril 2020 pour apporter quelques éclaircis par rapport à leur gestion des dossiers en question.

Jusqu’où le pouvoir de Mohamed Cheikh Ghazwani ira-t-il dans son bras-de-fer qui l’oppose à son ancien compagnon d’arme, « celui-là même qui l’a installé sur le fauteuil présidentiel un certain 22 juin 2019, par le truchement d’une élection présidentielle contrôlée » selon ses soutiens ?

Certains avaient cru que le Covid-19 allait servir de prétexte pour suspendre l’enquête parlementaire sur la décennie de l’ex-président Mohamed Abdel Aziz et son régime. Une certaine opinion pensait même que Aziz et Cheikh Ridha, le Madoff de la décennie qui a sur le dos quelques 70 milliards d’escroquerie, risquaient de se faire oublier, tant la psychose et la peur créées par la pandémie avaient accaparé les attentions.

 
Ils oubliaient sans doute que la Commission d’enquête est bousculée par le temps, celle-ci devant présenter un rapport final en juillet 2020 devant l’Assemblée nationale, seule instance habilitée à donner une suite à ce travail d’investigation.

En effet, la Commission d’enquête qui a déjà mis sur le grill l’essentiel des acteurs de la décennie passée, interpellera sans nul doute l’ancien président de la République et son premier ministre Moulaye Mohamed Laghdaf sur les 7 dossiers les plus brûlants de leur gestion.

Il s’agit du fonds des revenus pétroliers ; le bradage du patrimoine immobilier de l’état ; les activités de la société chinoise Polyhondong dont le contrat faramineux pour 25 ans est décriée ; la gestion de la fondation caritative de la SNIM ; le marché de l’éclairage public par l’énergie solaire ; le marché du quai des conteneurs au Port autonome de Nouakchott dit Port de l’amitié ; la liquidation de la Sonimex.

 
La Commission d’enquête a déjà dressé en mars 2020, au cours d’une conférence de presse, un premier bilan de son travail entamé le 31 janvier 2019. Près d’une trentaine de personnalités, dont l’ancien Premier ministre Yahya Hademine, l’ancien Ministre des Finances Ould Djay, d’autres ministres et responsables en fonction ou non avaient été auditionnés à cette date.

Certaines sources de presse évoquent déjà le refus de Mohamed Abdel Aziz de répondre à la Commission d’enquête. Ce que d’autres sources proches des parlementaires ont démenti, rappelant tout de même les propos du président de la Commission d’enquête, l’Honorable député Lemrabott Benahi qui avait souligné lors de la conférence de presse bilan que le fait de ne pas collaborer avec la commission « est une obstruction à la loi, punie dans tous les pays et en Mauritanie ».

Ils ont souligné que jusque-là, personne parmi les personnalités convoquées, n’avait refusé de collaborer.

Certaines voix s’élèvent cependant pour décrier une enquête à relents de règlements politiques, tant l’impunité a été jusque-là érigée en règle d’or en Mauritanie.

« C’est en cela que le président Mohamed Cheikh Ghazwani constitue l’exception qui confirme la règle, en laissant toute latitude à l’Assemblée nationale pour permettre pour la première fois dans l’histoire parlementaire du pays aux députés d’exercer leur droit au contrôle de l’Exécutif » souligne un soutien de l’actuel pouvoir.

N’empêche, beaucoup de détracteurs de Mohamed Cheikh Ghazwani continuent de crier à la trahison, rappelant à qui veut les entendre que « c’est grâce à Mohamed Abdel Aziz que Ghazwani est devenu président de la République, c’est lui qui a fait de cet inconnu sur la scène, sans soutien politique et sans base populaire, ce qu’il est devenu aujourd’hui ».

Pour sa part, le président Mohamed Cheikh Ghazwani avait souligné au cours de la dernière conférence-dîner de presse qu’il avait organisée au Palais présidentiel qu’il « n’interférera pas dans le travail de la Commission d’enquête parlementaire pour respecter la stricte séparation des pouvoirs ».

Le dernier mot reviendra ainsi à l’Assemblée nationale, pour savoir si aux lendemains de la restitution du rapport final de la Commission d’enquête, au mois de juillet 2020, elle acceptera de déclencher la procédure judiciaire, en réveillant la Haute Cour de Justice, endormie depuis son institution, ou va-t-elle envoyer le rapport aux calendes grecques ? Tout dépendra du soldat Covid-19, des rapports de force politique, ou des contingences géopolitiques nationales, régionales ou internationales ? Wait and see,

Cheikh Aïdara
CRIDEM

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