SENTV.info : Combien le coronavirus a-t-il fait de morts au Royaume-Uni ? Plus de 41.000, comme le calculait mercredi dernier le « Financial Times » ? Ou environ 20.000, comme l’annonce désormais le gouvernement ? Nul ne le sait. Un problème de comptage d’autant plus regrettable que le pays ayant largement échoué à tester massivement sa population , le nombre de décès reste le seul indicateur susceptible de l’aider à suivre l’évolution de la pandémie.
Et le moins que l’on puisse dire est que cet indicateur manque cruellement de précision. Pour connaître au jour le jour la progression du virus, le Royaume-Uni ne peut compter que sur les chiffres du service public de santé, le « National Health Service », qui se contente de recenser les décès à l’hôpital . Un chiffre que tous les médias reprennent, faute de mieux. Mais que tout le monde sait largement en dessous de la réalité.
Il ne porte d’abord que sur les décès intervenus parmi les malades ayant été testés positifs au virus. Il doit ensuite être constamment corrigé, non seulement parce que les compteurs, arrêtés tous les jours avant la conférence de presse du gouvernement à 17h, ne prennent pas en compte les décès intervenus dans la soirée, mais aussi parce que certains hôpitaux tardent à transmettre l’information, parce qu’ils informent en priorité la famille, parce que la mort survient le week-end ou parce qu’ils sont débordés.
Surtout et enfin, il faut évidemment y ajouter les morts constatées à domicile et celles survenues en maison de retraite. Un problème que le pays semble avoir brutalement découvert… au cours du week-end de Pâques !
En la matière, ce sont les chiffres de l’Office for National Statistics (ONS) qui font foi. Mais les données globales que publie l’organisme, tirées des déclarations de décès, ne sont disponibles que sur une base hebdomadaire. Et, là aussi, l’information met parfois beaucoup de temps à remonter.
Jauge faussée
Du coup, tous les chiffres circulent sur les décès en maison de retraite : certains disent plus de 1.000 ( l’ONS parlait mercredi dernier de 1.043 morts ), d’autres au moins 6.000. Partant du principe qu’ils représentent habituellement 24% des décès, l’étude du « Financial Times » a fait une extrapolation qui porte leur nombre, en l’occurrence, à 11.000. De quoi porter le chiffre global à 41.000, soit plus du double des 17.337 décès à l’hôpital annoncés au même moment par le gouvernement.
Cette jauge faussée, sur le tableau de bord du gouvernement, n’est sans doute pas sans conséquence sur sa capacité à arbitrer. Faute de connaître en temps réel la vraie pente des décès, il risque de surévaluer les effets de sa politique sanitaire. Il risque aussi d’être trop lent à voir arriver le plateau de la pandémie, puis la baisse des décès.
LesEchos