Neuf personnes sont jugées à partir de jeudi 29 décembre devant une Cour d’assises à Istanbul, presque toutes risquent la perpétuité pour leurs articles ou pour leur soutien déclaré à un quotidien réputé favorable à la rébellion kurde. Cinq des neuf accusés ont réussi à prendre la fuite, dans le box seront présents deux journalistes, une linguiste et une écrivaine connue, Asli Erdogan. Aucun lien de parenté entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et l’ecrivaine Asli Erdogan, qui risque la perpétuité, accusée d’avoir porté atteinte à « l’intégrité de l’Etat » par ses chroniques, et d’être membre d’une organisation terroriste, en l’occurrence les rebelles kurdes du PKK.
« Asli Erdogan a toujours été du côté des exclus. Elle publie depuis 18 ans des chroniques dans différents journaux d’opposition en Turquie et n’a jamais été condamnée une seule fois. Asli n’a pas changé. En revanche, la Turquie a changé », explique l’une de ses amies de longue date, citée par le journal Le Monde.
Trente jours de garde à vue
Arrêtée le 17 août à son domicile par des policiers cagoulés, Asli Erdogan est restée trente jours en garde à vue, dont cinq dans un isolement total. En novembre, elle a réussi à transmettre à la communauté internationale une mise en garde sur la dérive autoritaire en Turquie.
La salle d’audience où doit se dérouler le procès est petite, trop petite pour accueillir à la fois les parents des accusés, les diplomates européens, les représentants d’ONG et les journalistes qui veulent suivre les débats. Les membres du comité de soutien devront se contenter d’exhiber des pancartes aux abords du palais de justice en gardant le silence.
« Avant le début du procès, nous tiendrons une petite conférence de presse en face du tribunal de Chalayan, parce que beaucoup de personnes sont venues d’Europe jusqu’en Turquie exprès, et surtout depuis la France, note Aysegül Tozeren, une amie et membre du comité de soutien. Après cette conférence de presse, nous nous rendrons au palais de justice pour assister au procès. Des diplomates européens seront là, mais aussi bien sûr des écrivains et des lecteurs d’Asli en Turquie. Elle sait qu’elle est innocente, c’est une écrivaine, elle a pu choquer par ses propos, mais n’a causé aucun tort. »
rfi