La Cour suprême doit rendre sa décision ce mardi 10 janvier sur les recours portant sur l’élection présidentielle du 1er décembre dernier et déposés par le parti du président sortant, qui demande l’invalidation des résultats. Yahya Jammeh, au pouvoir depuis 22 ans, refuse de reconnaître sa défaite et de céder le pouvoir à Adama Barrow tant que cette institution n’a pas tranché sur les résultats. La Cour suprême est présidée par un juge nigérian, Emmanuel Fagbenle, qui se trouve à Banjul. Et autour de lui, il n’y a finalement pas d’autre magistrat. Jusqu’à la dernière minute, l’incertitude a plané. Yaya Jammeh avait nommé quatre juges dont deux venant du Nigeria. Ils ont tous décliné l’offre.
Geoffroy Onyeama, le ministre nigérian des Affaires Etrangères, précise que l’accord entre les deux pays ne prévoit pas que les magistrats soient à Banjul à cette période de l’année. Alors, l’audience aura-t-elle lieu en l’absence des membres de la Cour suprême ? Cette audience sera-t-elle ajournée ?
Défection de l’ancien ministre de la Communication
Dans l’opposition, on s’interroge surtout sur la neutralité de cette juridiction dont les membres sont nommés par le président sortant, de fait donc juge et partie. « Mais qui donc accepterait le verdict d’une Cour créée illégalement pour simplement prolonger des lois dictatoriales ? », s’indigne une coalition de l’opposition en exil.
La tenue de cette audience plonge le pays dans l’expectative puisque les décisions de Yahya Jammeh sont imprévisibles. Le président fait la sourde oreille. Mais dans son propre camp, les défections continuent. En début de semaine, Sheriff Bojang, le ministre de la Communication, a quitté le gouvernement. Il se trouve au Sénégal et a publié une déclaration sur son compte Twitter.
Dans cette déclaration, l’ancien ministre reconnait la défaite aux élections du président Yaya Jammeh : « Nous avons pris de mauvaises décisions politiques depuis mi-2015, qui ont conduit à la perte de nos soutiens traditionnels », assure-t-il. Aussi, difficile à l’heure actuelle de bien cerner qui soutient encore le président sortant.
Une nouvelle mission de paix envoyée par la Cédéao
Ce mercredi, les deux médiateurs de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) vont privilégier le dialogue afin que Yahya Jammeh respecte la Constitution et quitte le pouvoir avant l’investiture d’Adama Barrow prévue le 19 janvier.
Lundi, une réunion extraordinaire convoquée par le médiateur désigné de la Cédéao s’est penchée sur la crise gambienne à Abuja. Un mini-sommet qui a réuni les présidents nigérian, libérien, sénégalais et l’ex-président du Ghana, John Mahama, en sa qualité de médiateur adjoint.
Etaient aussi présents le président de la commission de la Cédéao et le représentant du secrétaire général des Nations unies en Afrique de l’Ouest et au Sahel. La réunion a décidé d’envoyer une mission de paix ce mercredi à Banjul.