Une manifestation, interdite par la préfecture de police, a rassemblé mardi des milliers de personnes en mémoire d’Adama Traoré, un jeune Noir mort lors d’une interpellation en 2016, et contre les violences policières. Une nouvelle expertise médicale pointe la responsabilité des forces de l’ordre dans son décès.
Une manifestation qui s’inscrit dans le contexte d’une forte contestation aux États-Unis après la mort de George Floyd. Des milliers de personnes ont manifesté au soir du mardi 2 juin contre les violences policières.
Elles étaient rassemblées devant le tribunal de grande instance (TGI) de Paris, à l’appel du comité de soutien à la famille d’Adama Traoré – jeune homme noir de 24 ans, mort en 2016 après son interpellation – en dépit de l’interdiction de rassemblement prise par le préfet de police et pour raisons sanitaires.
« Aujourd’hui, ce n’est plus que le combat de la famille Traoré, c’est votre combat à vous tous […]. Aujourd’hui, quand on se bat pour George Floyd, on se bat pour Adama Traoré », a lancé Assa Traoré, sœur aînée d’Adama, face à des manifestants qui scandaient « Révolte » ou « Tout le monde déteste la police ».
Parmi les nombreux manifestants rassemblés sur le parvis du nouveau palais de justice de Paris et dans les rue alentours, des jeunes de toutes origines, mais aussi des « gilets jaunes », rassemblés derrières des pancartes « We will not be silent », « Silence = asphyxie » ou encore « Décolonisons la police ».
Interdiction de manifester
Prévue à 19h, la manifestation avait été interdite plus tôt dans la journée par la préfecture de police, qui signalait qu’elle « n'[avait] fait l’objet d’aucune déclaration préalable et pouvant rassembler de nombreuses personnes, n’est pas autorisé [en raison de l’état d’urgence sanitaire qui proscrit tout rassemblement public de plus de dix personnes] », expliquait la préfecture de police dans un communiqué.
À Lille, quelque 2 500 personnes ont également participé à une manifestation, non déclarée, pour dénoncer les violences policières.
Le 19 juillet 2016, Adama Traoré est décédé dans une caserne de sa ville de Beaumont-sur-Oise, dans le Val-d’Oise. Sa mort est survenue près de deux heures après son arrestation, au terme d’une course-poursuite avec les gendarmes.
Une nouvelle expertise médicale
Le décès d’Adama Traoré serait attribué à une technique d’interpellation employée par les gendarmes. C’est ce qu’indique une nouvelle expertise médicale réalisée à la demande de la famille du jeune Noir décédé en 2016 lors d’une arrestation, a appris mardi 2 juin l’AFP de source proche du dossier.
L’affaire est devenue une bataille entre les experts judiciaires qui écartent la responsabilité des gendarmes et ceux choisis par la famille qui balayent leurs conclusions.
La semaine dernière, une expertise judiciaire avait écarté la responsabilité des gendarmes.
Assa Traoré, la sœur d’Adama et porte-parole du comité la « Vérité pour Adama » à l’initiative du rassemblement, a dénoncé un « déni de justice » dans cette affaire, devenue, pour ses défenseurs, un symbole des violences policières.
Soutien d’un joueur de NBA
Alors que les émeutes s’intensifient aux États-Unis, le joueur français de NBA Vincent Poirier, actuellement pivot des Boston Celtics, a indiqué mardi au journal L’Équipe avoir pris part aux manifestations contre les violences policières.
« À l’époque d’Adama Traoré, je n’avais pas cette reconnaissance, mais maintenant que je l’ai, j’essaie de l’utiliser. Le fait que je joue pour les Celtics a un impact supplémentaire », a-t-il expliqué.
Il a ajouté vouloir user de son statut dans le monde du sport pour attirer l’attention sur ces questions.
Avec AFP et Reuters