Une longue bataille diplomatique entre deux pays africains va trouver sa conclusion ce mercredi 17 juin, à l’ONU. Le Kenya et Djibouti s’affrontent depuis un an pour revendiquer le siège africain non-permanent qui est ouvert au sein du Conseil de sécurité pour les années 2021 et 2022, en remplacement du sortant, l’Afrique du Sud.
Les diplomates font leur rentrée à l’ONU pour la première fois depuis le mois de mars. Un retour bref : il s’agit pour les représentants des 193 pays d’élire les cinq candidats qui siégeront au Conseil de sécurité dès janvier 2021. Avec une surprise pour le siège réservé à l’Afrique : au lieu du candidat unique d’habitude présenté, la place est disputée par deux pays cette année : Djibouti et le Kenya.
Mesures sanitaires exceptionnelles oblige, le scrutin public de l’Assemblée générale de l’ONU à New York risque de durer longtemps. Chaque État membre doit exprimer son vote à une heure convenue, sous la surveillance du président de la séance. Et cette procédure est amenée à être recommencée, en cas de nouveau tour de scrutin.
Seuls candidats dans leur région, l’Inde, le Mexique, le Canada, l’Irlande et la Norvège devraient être élus. C’est le siège africain qui est le seul véritable enjeu du vote. Car depuis des mois, le Kenya et Djibouti font campagne pour revendiquer les suffrages des États-membres. Et aucune médiation, pas même celle de la présidence égyptienne de l’UA, n’a abouti.
Djibouti pour sa part estime que son tour est venu, n’ayant siégé qu’une fois en 1993. Le succès diplomatique du sommet entre la Somalie et le Somaliland, dimanche, lui semble un bon argument pour prouver son rôle pivot, dans une région encore très troublée. Djibouti a multiplié les liens diplomatiques et se targue d’avoir notamment le soutien de la Francophonie, de l’Organisation de la coopération islamique et de la Ligue arabe.
Décrocher un siège de membre non-permanent au Conseil de sécurité, c’est un enjeu énorme, explique Alexandra Novosseloff, chercheure associée au centre Thucydide de l’université de Paris II.
Siéger au Conseil, c’est participer pendant deux ans à l’ensemble des décisions que le Conseil prendra, à égalité presque avec les autres. Vous n’avez pas de droit de veto, mais vous participez à l’ensemble du processus décisionnel. […] Au cours de leur mandat, ils auront une capacité d’initiative, ils pourront porter un éclairage sur tel ou tel sujet qui leur tient particulièrement à coeur mais qui est aussi de leur région. C’est un mandat qui accapare toutes les forces diplomatiques d’un pays pendant deux ans. C’est un enjeu très importants pour la diplomatie de ses États qui parviendront à être élus.
Rfi