Des rumeurs alimentées par les réseaux sociaux prétendaient que l’aide de l’Union européenne serait conditionnée à un changement de la loi gambienne.
Les autorités gambiennes ont affirmé, mardi 23 juin, qu’elles n’avaient aucune intention de décriminaliser l’homosexualité, ni même d’ouvrir le débat sur ce sujet sensible dans ce petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest, après plusieurs semaines d’une vive polémique.
Dans un communiqué, le gouvernement a démenti des rumeurs laissant entendre qu’il avait l’intention d’assouplir sa législation afin de continuer à bénéficier d’aides étrangères, notamment européennes.
« C’est de la fausse propagande politique destinée à marquer des points facilement », a déclaré dans ce communiqué le porte-parole du gouvernement, Ebrima Sakareh.
Le gouvernement continuera à être guidé, a-t-il ajouté, par « les normes (sociales) de sa population » et « n’a aucune intention de décriminaliser ou même de procéder à un examen de sa législation sur l’homosexualité ». Les pratiques homosexuelles sont interdites en Gambie et peuvent entraîner de lourdes peines de prison.
Cette mise au point intervient après des semaines de pression exercées sur le gouvernement à la suite de messages publiés sur les réseaux sociaux par la délégation de l’Union européenne dans ce pays majoritairement musulman.
Persécutés sous Yahya Jammeh
Le 17 mai, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, la représentation de l’UE à Banjul avait notamment demandé que les membres de la communauté LGBT ne soient pas exclus de la société.
Ces messages ont alimenté de nombreuses spéculations, certains estimant que Bruxelles avait l’intention de conditionner la poursuite de son aide à une meilleure protection des droits des homosexuels. Des responsables religieux et des hommes politiques d’opposition ont publiquement fait part de leur indignation.
Ousainu Darboe, avocat défenseur des droits humains, ancien opposant à l’ex-dictateur Yahya Jammeh, ex-vice président de son successeur Adama Barrow et chef du premier parti d’opposition UDP, a ainsi déclaré à la télévision que « l’homosexualité ne peut pas être décriminalisée dans ce pays… quoi qu’il advienne ».
En Gambie, ancienne colonie britannique de 2 millions d’habitants, les homosexuels ont été persécutés par le régime Yahya Jammeh, qui a dirigé le pays d’une main de fer durant vingt-deux ans et a été poussé à l’exil en Guinée équatoriale en janvier 2017.
Une procédure de révision de la Constitution engagée par l’actuel président Adama Barrow a également alimenté le débat sur les droits des homosexuels.
Auteur : Le Monde