C’est grâce à des alertes lancées par le voisinage à l’inspection du travail que le calvaire de cette gouvernante a pu prendre fin. Au Brésil, les autorités locales de São Paulo ont découvert qu’une domestique avait été gardée comme esclave depuis 1998 dans une luxueuse maison familiale située dans l’ouest de la ville. Pendant ces 22 ans, la femme n’a eu aucun jour de vacances.
Désormais âgée de 61 ans, la gouvernante, dont le nom a été tenu secret par les enquêteurs, vivait dans une cabane de jardin quand elle a été découverte. Depuis février 2020, elle ne recevait plus son salaire de 300 réaux (50 €) par mois, soit près de trois fois moins que le salaire minimum local. Ses employeurs, une femme sa mère et son mari, l’avaient laissée seule et à l’abandon, sans la prévenir qu’ils quittaient la maison pour déménager
Selon les enquêteurs, la gouvernante ne pouvait donc plus entrer dans la grande maison. Elle devait dormir sur un canapé et utiliser un seau pour se laver. Un voisin lui apportait de la nourriture et d’autres produits de première nécessité.
1 million de réaux demandés pour dommages et intérêts
L’histoire, qui a choqué le pays d’Amérique du Sud, se trouve désormais devant le tribunal. Les employeurs de la domestique sont poursuivis par la justice brésilienne pour esclavage. Les procureurs réclament des dommages et intérêts à hauteur de 1 million de réaux (environ 165 000 €).
L’une des accusées a été renvoyée de son entreprise lors de la révélation du scandale. La compagnie qui l’employait a même indiqué qu’elle apporterait de l’aide à la victime : un accompagnement psychologique mais aussi un an de location où elle veut.
Les bourreaux risquent 8 ans de prison
« C’est ahurissant de voir que, même après plus de 20 ans de travail, les accusés n’ont eu aucune empathie [envers la victime] », ont dénoncé les procureurs en charge de l’affaire. En plus du million de réaux réclamé, les autorités ont demandé aux propriétaires de la maison une amende de 300 000 réaux. En outre, les bourreaux risquent jusqu’à 8 ans de prison.
Malheureusement, le cas de cette domestique n’est pas isolé. Rien que l’année dernière, les inspecteurs du travail brésiliens ont recensé 1 054 personnes travaillant dans des conditions proches de l’esclavage.