SENTV : Même si les ressortissants sénégalais sont encore indésirables dans l’espace Schengen, leur Président est invité à l’université d’été du Mouvement des entreprises de France (Medef), prévue les 26 et 27 août prochains. Une occasion pour le patronat hexagonal de l’interpeller sur ses intérêts au Sénégal qui, visiblement, ne semblent plus trouver grâce à ses yeux, à cause sans doute du flirt avec la Chine et la Turquie. Les bras de fer qui s’annoncent avec Orange-Sénégal et Eiffage le démontrent à suffisance.
Cloitré au pays depuis plusieurs mois à cause de la calamité publique de la Covid-19, Macky Sall va bientôt reprendre les airs. Selon la presse française, il prendra part à l’université d’été du Mouvement des entreprises de France (Medef), qui se tiendra les 26 et 27 août à l’hippodrome Paris-Longchamp. Une rencontre qui sera inaugurée par le Premier ministre français, Jean Castex. Rebaptisé «Renaissance des entreprises de France (Ref)», selon le Journal du Dimanche, l’événement abordera les débats liés à la sortie de la crise de la Covid-19 : souveraineté économique, accélération de la transition écologique, nouveaux modes d’organisation du travail. Outre Jean Castex, ajoute le journal, deux anciens chefs du gouvernement sont attendus : Jean-Pierre Raffarin et Manuel Valls, ainsi que l’ex-commissaire européen Michel Barnier, chef de la task-force pour le Brexit, en plus du Président du Sénégal, Macky Sall qui sera accompagné par le président du Conseil national du patronat du Sénégal (Cnp), Baïdy Agne.
Mais ce premier déplacement en Europe pendant la Covid-19 du Président Sall en France intrigue. En effet, l’on s’interroge sur l’utilité d’un tel voyage. Car, avec la sacralité des vacances chez les Occidentaux. Tous les grands patrons sont déjà sur la Côte d’azur et autres paradis. Il n’y aura donc pas d’investisseurs dans ce grand raout où le Sénégal va dépenser de l’argent pour le déplacement du chef de l’Etat et sa suite sans y gagner. Ainsi, Macky Sall, en dehors des deux anciens chefs de gouvernement français Valls et Rafarin, qui ne sont pas des foudres de guerre, n’y verra que des seconds couteaux. Et sans doute le Sénégalais Momar Nguer, ancien de Total et Président du comité Afrique du Medef international.
L’urgence pour le N°1 sénégalais devrait être de sauver les entreprises qui continuent de scruter un plan de relance sans ne rien voir à l’horizon. Si ce ne sont encore des vœux pieux. Les mesures annoncées tardent à être appliquées et la dette intérieure n’est pas totalement payée.
Si le Sénégal risque de ne rien gagner dans ce voyage, cela ne sera sans doute pas le cas de la partie française. Laquelle aura l’occasion, après le voyage avorté de Macron le 30 Juin dernier pour cause de quarantaine de Macky Sall, d’interpeller le Président du Sénégal sur les problèmes de sa légion au pays de la Téranga. Car, visiblement, les intérêts français ne trouvent plus grâce aux yeux de Macky Sall depuis quelques temps. Et le nouveau flirt avec la Chine et la Turquie ne serait pas étranger à cela, si ce n’est un populisme pour le troisième mandat. En effet, le chef de l’Etat a récemment fait recadrer l’opérateur français de la téléphonie mobile, Orange, sur ses nouveaux tarifs illimix qu’il s’entête de revoir. Et presque toutes les semaines, en Conseil des ministres, le Secrétaire général de la Présidence de la République, Mahammad Boun Abdallah Dionne, évoque la renégociation du contrat de l’autoroute à péage Dakar-Aibd qu’exploite la filiale sénégalaise du Groupe français Eiffage, à travers la Secaa, (Société Eiffage de concession de l’autoroute de l’Avenir). Des velléités qui semblent indisposer nos «cousins gaulois». Lesquels ne sont plus contents du traitement de leurs entreprises dans le pays, jadis chasse-gardée de l’hexagone.
De plus, les Français ne comprennent pas qu’un pays puisse passer son temps à renier sa signature, comme c’est le cas, notamment, avec la start-up Akilee de l’homme d’affaires Amadou Ly. Mais, comme le disent certains chez Eiffage-Sénégal, «ils n’ont rien à renégocier». Ce qui augure une rude bataille judiciaire où le Sénégal risque de laisser encore des plumes comme dans l’affaire Kumba-ressources, éjecté à tort des mines de fer de la Falémé.
En tout cas, avec toutes ces péripéties, certains hommes d’affaires ne voient plus une ligne claire, une idéologie de marché, du système sénégalais. On ne sait pas si le pays est dans une économie libérale ou fonctionne selon une idéologie marxiste-maoïste dont se réclament certains caciques du pouvoir de Macky Sall.
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