Pourquoi y a-t-il tant de coups d’État en Afrique de l’Ouest ?

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SENTV : Comme le Mali, d’autres pays africain : la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau le Burkina Faso ou encore la Mauritanie ont connu plusieurs coups ou tentatives de coups d’Etat. La prise de pouvoir par les militaires est-elle la solution aux problèmes internes des pays?

Des coups d’État aux coups de trop. Pour l’écrivain béninois Florent Couao Zotti, la plupart des pays où les militaires ont interrompu les processus politiques, n’ont jamais été exemplaires.

« Les militaires reprochent aux civils d’avoir « bordélisé » la République mais quand ils arrivent au pouvoir ils font la même chose, ils s’accrochent au pouvoir et c’est l’éternel recommencement », déclare l’auteur Lauréat du Prix Ahmadou Kourouma en 2010.

Pour Francis Akindès, Professeur de sociologie à l’Université Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire, militaires et civils se comportent de façon identique une fois aux commandes des pays car le pouvoir est corrupteur.

« Les militaires qui arrivent au pouvoir sont pris au jeu finalement. Le coup d’Etat finit toujours par une espèce de confiscation du pouvoir par les militaires », affirme-t-il.

« Les coups d’Etat ne peuvent jamais être la solution dans des démocraties mais ils sont révélateurs des malaises dans la société », ajoute l’enseignant.

Un malaise qui se décrit, selon les politologues, par la mauvaise gouvernance.

Femme mettant son bulletin dans l'urne lors d'une élection

Si des pays ont connu plusieurs coups d’Etats, d’autres – comme le Sénégal par exemple – connaissent une certaine stabilité politique. C’est le fruit entre autre de la liberté d’expression déclare le Professeur Francis Akindès.

« Le Sénégal est un pays qui a une vieille tradition démocratique. Tant qu’il y a la possibilité d’expression, de contrôle de l’action gouvernementale, de régulation politique des tensions qui peuvent émerger, les coups d’Etat n’arrivent pas à trouver leur place dans des environnements comme cela », explique le sociologue.

« Mais quand tout est bloqué et que les gens ont l’impression qu’on leur dit « nous faisons ce que nous voulons, vous faites ce que vous voulez », le mécontentement augmente et les militaires capitalisent dessus », ajoute-t-il.

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Autre point de blocage selon l’écrivain Florent Couao Zotti, en outre la démocratie ne correspond pas assez aux réalités africaines et devrait être adaptée au contexte local.

« Au Mali par exemple on a remarqué que seulement 26% de la population participe aux élections, c’est-à-dire que les gens ne croient pas en cette forme de démocratie », souligne-t-il.

« Parce que l’Occident leur a demandé de faire la démocratie, sans nuance ils appliquent ce que leur maître leur demande de faire, sans contextualiser ce système là, sans les arrimer à des réalités qui sont spécifiques à l’Afrique », déclare l’auteur.

En attendant, les différentes parties impliquées dans la crise malienne multiplient les consultations pour tenter de parvenir à une solution de sortie de crise.

BBCA

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