Au Sénégal, Hissène Habré doit être définitivement fixé ce jeudi 27 avril 2017. Après quelque 20 années de procédure, le verdict de son procès en appel doit être rendu par les Chambres africaines extraordinaires. Avec plusieurs possibilités pour l’ex-chef de l’Etat du Tchad, condamné en première instance à la prison à perpétuité pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, actes de tortures et viols : la confirmation de sa peine, un allégement de sa condamnation ou un acquittement, comme demandé par les avocats commis d’office qui le défendent. Aucun recours ne sera possible.
« C’est l’épilogue d’un long processus, a déclaré Marcel Mendy, le porte-parole des Chambres africaines extraordinaires, il n’y a plus de possibilités de recours. C’est vraiment la fin de cette affaire. »
Ce dossier Habré, c’est en effet une affaire tentaculaire ouverte il y a près de 20 ans par une poignée de victimes accompagnées dès le début par Jacqueline Moudeina. L’avocate attend, sereine, la décision en appel : « Il n’y a pas de place pour le doute, je sais que les juges en appel confirmeront la condamnation à perpétuité pour Hissène Habré ».
Hissène Habré n’a lui jamais reconnu cette juridiction spéciale, imposée au Sénégal par la Cour internationale de justice en 2012. Les avocats commis d’office qui le défendent ne lui ont jamais parlé, eux aussi dénoncent un dossier à charge et estime que les multiples erreurs de procédure doivent entraîner un acquittement. La lecture du verdict en appel doit en tout cas débuter à 10 heures, heure du Sénégal. A part le juge qui peut le convoquer, personne ne sait si Hissène Habré, qui a marqué ses deux procès par son silence, puis son absence, sera présent dans la salle d’audience.
« Est-ce que Hissène Habré sera là ? Personne ne peut le dire, car c’est une question qui relève de la compétence exclusive du président de la chambre. Ce qui est prévu : le président va donner la parole au greffier audiencier qui va lire la décision. Personne ne peut aujourd’hui dire si la chambre va confirmer la décision rendue en première instance ou si elle va revenir sur cette décision. Ce qu’il faut retenir en fin de compte, c’est que l’Afrique a pu, enfin, assumer sa responsabilité devant l’Histoire », a ajouté Marcel Mendy.
Commis d’office, les trois avocats qui défendent Hissène Habré n’ont jamais rencontré, encore moins parlé, avec l’ex-chef de l’Etat qui a toujours rejeté cette cour. Des avocats qui estiment eux aussi que ce dossier a été mené à charge, que l’un des juges, en première instance, n’avait pas les dix ans d’ancienneté requis et que l’acquittement est donc le seul verdict possible…