Un an après la mort du chef traditionnel « kamuina nsapu », le conflit dans les provinces centrales du pays aurait fait plus de 3 000 morts.Un an après la mort du chef traditionnel « kamuina nsapu », le conflit dans les provinces centrales du pays aurait fait plus de 3 000 morts.
Jean-Prince Mpandi n’aurait pu être qu’un mort de plus sur la longue liste des victimes des guerres qui se succèdent depuis vingt ans en République démocratique du Congo (RDC). Son meurtre, le 12 août 2016, perpétré par les forces de l’ordre congolaises, a de fait plongé les provinces du Kasaï, dans le centre du pays, jusque-là épargnées par les convulsions nationales, dans un tourbillon de violences. Jean-Prince Mpandi était kamuina nsapu, un chef coutumier dont l’autorité morale et mystique s’exerce sur son ethnie, les Bajila Kasanga. Son insurrection, lancée après que Kinshasa a entrepris, en 2015, de contrôler les autorités traditionnelles, est venue précipiter sa mort. « Nous lui avons démontré que la force reste à la loi », se pavane dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux un soldat devant la dépouille ensanglantée du sixième kamuina nsapu.Mais, loin d’apaiser la situation, son élimination a embrasé l’ensemble de la région. Une armée d’enfants, de jeunes villageois et de femmes s’est depuis levée pour venger le chef défunt, en attaquant les symboles de l’Etat. Policiers, soldats, fonctionnaires, « traîtres » qui ont pris le parti du pouvoir, sorciers ou considérés comme tels, sont massacrés, souvent décapités, par les miliciens au front ceint d’un bandeau rouge, armés de machettes, de bâtons, de fusils de brousse ou de leur réplique en bois et de quelques kalachnikovs volées à l’armée.La colère s’est répandue dans toutes les provinces du Kasaï, et le pouvoir a répondu par une répression implacable. Pour mener la contre-insurrection, une milice, les « Bana Mura », recrutés parmi les membres des communautés Tchokwe, Pende et Tetela, a été formée. Des renforts militaires ont été déployés dans la zone sous la conduite du général Eric Ruhorimbere, un rwandophone donc « un étranger à chasser » pour les adeptes du kamuina nsapu. Depuis le 29 mai, ce vétéran des guerres de l’est du pays, déjà…LE Monde