SENTV : Le président tchadien est mort mardi 20 avril sur la zone de combats, dans le nord-ouest du pays. Une dizaine de chefs d’États étrangers sont sur place ce vendredi pour rendre un dernier hommage national au maréchal du Tchad.
Onze chefs d’États parmi lesquels le Français, Emmanuel Macron, le Congolais Félix Tshisekedi, le Nigérien Mohamed Bazoum ou encore le représentant de la diplomatie européenne Josep Borrell sont à Ndjamena, la capitale tchadienne, pour les obsèques du président Idriss Déby. Une absence remarquée, celle du Congolais Denis Sassou-Nguesso qui a invoqué des raisons familiales.
À l’arrivée de la dépouille mortelle à 9h sur la place de la Nation, Idriss Déby recevra les hommages de sa famille biologique, politique, de ses compagnons d’armes puis des chefs d’États étrangers qui seront présents sur la place en face du palais présidentiel où des tentes ont été dressées.
Ensuite, le vice-président du conseil militaire de transition, le général Djimadoum Tiraina, un des fidèles d’Idriss Déby qui a été son dernier ministre de la Défense, doit prononcer l’oraison funèbre. Les attributs de maréchal seront déposés sur le cercueil pendant que vont tonner 21 coups de canons pour saluer la mémoire du disparu.
La dépouille sera remise à la famille, le temps d’une prière à la grande mosquée de Ndjamena avant le départ pour Amdjarass, non loin de son village natal où le corps d’Idriss Déby Itno reposera désormais.
Les rebelles du Fact disent aspirer à une « transition apaisée »
Les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact), qui ont lancé le 11 avril depuis la Libye une offensive dans le nord du pays, assurent qu’ils continueront à respecter ce vendredi la trêve qu’ils observent depuis trois jours. « Il n’y a pas de raison qu’on ne l’applique pas, sauf si vraiment on nous agresse », assure Mahamat Mahadi Ali. Le chef des rebelles affirme qu’ils sont « survolés 24 heures sur 24 par des drones français » et qu’ils sont bombardés tous les jours depuis trois jours par l’aviation tchadienne, sans riposter.
« Nous voulons donner une chance à ce que la transition soit apaisée, à ce qu’il n’y ait pas de désordre encore, nous n’avons aucun problème personnel avec Idriss Déby. Notre problème avec Idriss Déby est essentiellement politique et lorsqu’un homme décède, chaque être humain doit s’incliner devant sa dépouille », assure le chef du Fact.
Macron et Déby, une relation de proximité
Le président français fait donc partis des chefs d’État qui assisteront aux obsèques d’Idriss Déby. Il sera accompagné de Franck Paris, son conseiller Afrique, et de Jean-Yves Le Drian, son ministre des Affaires étrangères.
Avant son départ pour la capitale tchadienne, Emmanuel Macron s’était entretenu par téléphone avec Hinda Déby, l’épouse d’Idriss Déby. Puis, dès son arrivée dans la capitale tchadienne, il a rencontré en tête-à-tête le fils du défunt président, Mahamat Idriss Déby, qui dirige désormais le conseil militaire de transition.
Emmanuel Macron aura entretenu pendant près de quatre ans une relation de proximité avec Idriss Déby, allié indéfectible de la France depuis 1990. Un premier tête-à-tête à l’Élysée à l’été 2017 rapidement suivi d’une conférence de donateurs pour aider le pays en difficulté financière. À peine installé à l’Élysée, Emmanuel Macron choisit de perpétuer le lien établi avec Idriss Déby par ses prédécesseurs.
Le président tchadien a fait de la diplomatie militaire un axe central de sa politique. Stratégie d’autant plus payante qu’en 2017, la France décide d’accélérer la mise en œuvre de la force conjointe du G5 Sahel. Plus aguerrie que ses homologues sahéliennes, l’armée tchadienne va jouer un rôle central dans cette nouvelle entité alors que les soldats tchadiens sont déjà parmi les plus nombreux au sein de la Minusma.
Dans ce contexte, Emmanuel Macron peut difficilement se passer d’Idriss Déby à qui il rend visite fin 2018. Paris vole même à son secours début 2019 alors que son pouvoir semble menacer par les rebelles. L’aviation française bombarde une colonne de l’UFR venue de Libye. La France aura beau demander au président tchadien d’organiser les élections législatives qu’il repousse depuis 2015, Idriss Déby fait longtemps la sourde oreille. Comme il tarde à respecter un autre de ses engagements : celui d’envoyer 1 200 soldats dans la zone dite des trois frontières. Mis en difficulté par les attaques de Boko Haram, Idriss Déby a fait comme souvent monter les enchères et réclamé un appui sonnant et trébuchant de son éternel allié.
Selon l’Élysée, Macron s’est aussi entretenu jeudi soir avec le président de la transition malienne, le président mauritanien et celui du Niger. Puis avec Moussa Faki Mahamat, le président de la commission de l’Union africaine.