Alioune Tine : «La mort de Déby est un échec sécuritaire dans la lutte contre le terrorisme au Sahel»
SENTV : Le fondateur d’Afrikajom Center a été interrogé sur la mort «tragique» et «suspecte» de l’ancien président tchadien, Idriss Déby, devant le «Jury du dimanche» de ce 25 avril, sur iRadio.
«Le grand paradoxe, dans cette affaire, ici, est que nous avons deux choses : on nous a annoncé qu’il a gagné les élections avec près de 80 % ; et le lendemain, on nous dit qu’il a été tué dans le cadre d’une guerre civile», a-t-il lancé. Cela mérite réflexion, à son avis. D’autant plus que «Déby et le Tchad étaient pratiquement les garants de la sécurité au Sahel et sur le bassin du lac Tchad».
«Aujourd’hui, ce sont les gens du G5 Sahel et de la France qui sont garants de la sécurité du Tchad. Aujourd’hui, il a fallu la mort de Déby pour qu’on rappelle les 1 200 soldats qui étaient dans la zone de lutte pour sécuriser le Tchad. C’est un coup d’Etat ! Ils ont dissous le Parlement, le gouvernement. Ils ont instauré le couvre-feu et ils ont fermé les frontières et ont pris le pouvoir à la place du président de l’Assemblée nationale», fait noter l’ancien président de la Raddho.
Poursuivant, Alioune Tine soutient que l’Union Africaine est presque morte à cause des présidents. «Déby est arrivé alors qu’il était soutenu par la France dans les années 90 et, aujourd’hui, la France l’a soutenu. Pour moi, il n’y a qu’une enquête indépendante internationale qui peut aider à faire jaillir la vérité sur la mort d’Idriss Deby. Si la mort d’un homme devient une espèce de menace pour son pays ou pour toute la région, cela veut dire qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas et qu’il faut changer», dit Alioune Tine.
«L’Afrique sous-traite sa sécurité et il faut y mettre un terme»
Pour l’invité de Mamoudou Ibra Kane, le fait de miser sur le tout sécuritaire est un échec. «Il faut prendre acte. On est dans le désarroi. Que va devenir le G5 Sahel sans Déby ? Cette disparition de Déby est un échec sécuritaire dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. En réalité, on ne peut pas compter sur une force étrangère pour sous-traiter sa propre sécurité. Et l’Afrique sous-traite sa sécurité et il faut y mettre un terme. La réflexion consiste à voir quelles sont les stratégies pour la sécurité régionale par rapport aux menaces actuelles et quelles sont les réponses africaines. L’Afrique n’a pas la main sur le Sahel et ces problèmes de sécurité ne sont jamais évoqués par les partis politiques».
Pour le droit-de-l’hommiste, ce qu’il faut, aujourd’hui, c’est tenir de grandes assises pour repenser les transitions démocratiques et repenser les Etats. «On ne peut pas avancer, si on ne procède pas par une réflexion globale. C’est Macron le patron du G5 Sahel, sur le plan de la sécurité diplomatie, la recherche des moyens et c’est important», sert-il.