Les conditions d’existence des défenseurs des droits de l’homme au Sénégal sont meilleures, comparées à d’autres pays où les Etats entravent la bonne marche des activités de ces derniers. Nonobstant, le directeur exécutif d
’Amnesty Sénégal, et président de la Coalition sénégalaise des défenseurs des droits de l’homme, Seydi Gassama, a plaidé pour une loi protégeant ces acteurs de société civile contre les attaques des hommes politiques et la communauté. Il s’est exprimé hier, mardi 3 octobre, à l’ouverture d’un atelier de formation de jeunes défenseurs des droits de l’homme.
Le directeur exécutif d’Amnesty international/Sénégal et par ailleurs président de la Coalition sénégalaise des défenseurs des droits de l’homme, Seydi Gassama, parlant de l’exercice de leur mission au Sénégal, décrit une situation mi-figue mi-raisin. S’exprimant hier, mardi 3 octobre, à l’ouverture d’un atelier de formation de jeunes défenseurs des droits de l’homme, Seydi Gassama a dit reconnu que «la situation n’est pas mauvaise, mais elle n’est pas ce qu’elle devrait être. On ne retrouve pas de défenseurs des droits de l’homme en prison. Même s’il y a eu des moments difficiles, comme lors de la période préélectorale de 2012 où des défenseurs des droits de l’homme ont été ciblés» par des hommes politiques notamment.
Cependant, précise-t-il, «même si on n’observe pas des répressions de la part du gouvernement, les menaces existent. Elles sont surtout dues à la dénonciation des violations liées aux traditions, aux coutumes, et aux questions dites sensibles. Les menaces les plus graves viennent des communautés. Ils peuvent être des groupes religieux qui se sentent menacés par le discours universaliste des droits humains que nous faisons. Les campagnes d’injures, de dénigrement, les tentatives de discrédit des droits de l’homme existent tous les jours de la part des hommes politiques». Seydi Gassama précise, dans ce sens, que les droits de l’homme sont des valeurs universelles. «Nous ne pouvons pas adapter les discours à toutes les particularités régionales, nationales ou départementales. C’est le défi auquel nous sommes confrontés», a-t-il dit.
PLAIDOYER POUR UNE LOI QUI PROTEGE LES DEFENSEURS DES DROITS DE L’HOMME
Face donc à toutes ces menaces, Seydi Gassama pense qu’il est nécessaire d’avoir une loi qui les protège. «Je voudrais demander à l’Etat du Sénégal, à l’instar de beaucoup de gouvernement africain, d’aller vers l’adoption d’une loi de protection des droits humains. La Déclaration de l’assemblée générale des Nations unies de 1998 est très claire. Elle définit les rôles et les responsabilités des défenseurs des droits humains. Et elle exhorte les Etats à prendre les mesures pour assurer la protection des défenseurs des droits de l’homme et de leur permettre de travailler. La coalition s’engage à soumettre au ministère de la Justice un projet de loi dans ce sens. Nous ne demandons pas l’impunité, mais à ce que les lois soient changées».
ISMAÏLA MADIOR FALL POUR UNE FORMATION DES DEFENSEURS DES DROITS DE L’HOMME
Pour sa part, venu présider la cérémonie d’ouverture de la rencontre, le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, souhaite une meilleure formation des défenseurs des droits de l’homme face à la complexité de leur mission. «La défense des droits humains se complexifie. On a des questions relatives à la cybercriminalité, aux droits des populations sur leurs ressources naturelles. Par conséquent, les acteurs de la société civile, pour être des défenseurs des droits humains crédibles, mais en même temps pour être des interlocuteurs de l’Etat en ce qui concerne la construction, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques, doivent être outillés pour qu’ils deviennent des spécialistes dans des domaines pointus», a-t-il dit.