SENTV : On l’avait perdue de vue depuis 2013. C’est à travers la série «Infidèles» qu’elle a refait surface. La chanteuse à la voix mielleuse qu’on connaissait jusqu’ici a montré un autre visage d’elle. Celui d’une actrice qui sait se mouvoir dans la peau d’un personnage et pas n’importe lequel. Mirma interprète le rôle d’une racoleuse. Le langage, le look, tout y passe. Elle nous en parle dans cette interview à cœur ouvert, ainsi que sa longue absence sur la scène musicale, sa vie en France et son prochain
Vous aviez complètement disparu des radars avant de faire un come-back à travers la série «Infidèles». Qu’est-ce qui explique cette longue absence ?
C’est vrai que depuis un bon moment, je me suis faite rare. Les Sénégalais m’avaient perdue de vue. Ma dernière production musicale date de 2013. C’était un album de six morceaux. J’ai donné quelques prestations ici et ailleurs. Je faisais des Live et je chantais dans des restaurants. En 2015, j’ai sorti le clip vidéo «Lima sonal». Au courant de cette année, je faisais les premières parties des soirées de Pape Diouf. J’ai également fait des tournées avec Ibou et Ngoné Ndour de Prince Arts. Par la suite, je me suis installée en France en 2016. Je me suis mariée et j’avais décidé de poursuivre ma carrière là-bas, en parallèle à ma vie de famille.
D’aucuns pensaient que vous aviez mis un terme à votre carrière musicale ?
J’ai bel et bien continué à faire de la musique. D’ailleurs, je me produisais souvent dans un célèbre cabaret en France qui s’appelle les 3 Maillets. Je ne sortais peut-être plus de produits, mais je n’ai jamais quitté la scène.
«Parfois, je suis découragée de la musique»
Ne pourrait-on pas dire que vous avez perdu du temps et que les artistes de votre génération ont pris une bonne longueur d’avance sur vous ?
Au Sénégal, faire de la musique n’est pas chose facile. Surtout que je n’ai pas de maison de disque, ni de producteur. Il y avait des soi-disant producteurs qui étaient venus me voir, mais les moyens n’étaient pas là. C’était très difficile. D’ailleurs sous nos cieux, il n’y a pratiquement pas de labels de productions, mis à part «Prince Art». Et, elle est saturée. Donc, j’ai dû me débrouiller par mes propres moyens pour sortir des clips-vidéos et des chansons. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, ma carrière a eu du mal à décoller. Toutefois, je ne dirais pas que je suis en retard. Je suis toujours à fond dans la musique. Je sais toujours faire ce que je savais et même mieux. Disons que j’ai reculé pour mieux sauter.
Vous arrive-t-il de vouloir baisser les bras ?
Oui, ça m’arrive. Parfois, je suis découragée. Mais puisque la musique est dans mon sang et que je suis consciente que j’ai du talent, je me dis que je n’ai pas le droit de tout laisser tomber. Et donc je continue.
A quand votre retour sur la scène dans ce cas ?
J’ai enregistré pas mal de titres qui vont sortir très prochainement. Avant de quitter Paris, j’ai fait un afro-beat avec un artiste qui a travaillé avec pas mal d’artistes au Sénégal. Il y a également quatre autres titres que j’ai faits avec Samba Laobé Ndiaye et Papis Bou Wally. C’est fait exprès, car je ne veux pas sortir du registre de l’afro-beat et que derrière, il n’y ait rien. En somme, j’ai au moins, dix titres qui sont en attente et qui seront très bientôt sur le marché.
Vous allez les sortir sous forme d’album ?
Non. Pour le moment, je veux juste les sortir en EP et après entamer un album. Je suis dans cette dynamique. Je suis également en train de peaufiner une stratégie pour le clip-vidéo avec le réalisateur pour voir. Avant décembre, tout sera fin prêt.
Entre la Mirma qui a démarré sa carrière en 2008 et celle d’aujourd’hui, il y a sans doute une grande différence ?
La Mirma de 2008 et celle de 2021 sont diamétralement opposées. J’ai grandi et j’ai mûri humainement et musicalement. Je réserve pleins de surprises aux Sénégalais et ils s’en rendront compte par eux-mêmes.
C’était en 2016 que vous vous êtes installée en France avec votre mari. Comment s’est passée votre vie là-bas ?
Il faut dire que ça n’a jamais été dans mes projets de vivre en Europe. J’y allais juste pour donner des prestations et revenir. Avec mon statut d’artiste, je me voyais mieux creuser mon trou ici. Seulement, après mon mariage, par la force des choses, je m’y suis installée. Je vivais bien et j’étais à l’aise. Je parvenais à allier ma vie de chanteuse et celle de mère de famille. Mais au bout de trois années, je suis rentrée.
«Ma vie de maman, mon divorce…»
Quand est-il de votre vie en France avec votre époux ?
J’ai divorcé d’avec mon époux et c’est pourquoi je suis revenue au bercail.
Avez-vous eu des enfants de votre union ?
Oui. Une magnifique petite fille qui va bientôt avoir 3 ans.
Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Etait-ce lié à votre vie d’artiste ?
Non pas le moins du monde. C’était la volonté divine. Il y a des choses qu’on ne peut pas expliquer. Le divorce fait partie de la vie. Il était écrit que je me marierais et que je divorcerais aussi. Je l’accepte avec philosophie.
Pensez-vous vous remariez un jour ?
Bien entendu. Je suis une femme. J’aimerais bien trouver chaussure à mon pied et fonder un foyer et avoir beaucoup d’autres enfants.
Qu’est-ce qui a changé dans votre vie depuis que vous êtes devenue maman ?
Beaucoup de choses. Je suis devenue plus mature. Ma petite fille m’a permis de reprendre du poil de la bête, d’être plus consciente des choses qui m’attendent. Elle vit avec moi et compte sur moi. Donc, pour elle, je ne dois pas faillir.
«Je n’avais pas conscience du talent d’acteur qui sommeillait en moi»
Récemment, on a découvert votre casquette d’actrice. Comment s’est passée votre entrée en matière ?
Naturellement. Je ne suis pas allée vers eux. D’ailleurs, je n’ai jamais pensé que je jouerais dans une série. Mais, j’ai toujours aimé le cinéma. C’est Eva Chon qui a publié ma photo et a suggéré à Evenprod mon profil. Cette maison de production avait besoin d’un personnage. C’est comme ça qu’ils m’ont appelée et j’ai accepté de jouer. Etant donné que je suis une personne très spontanée, je me suis vite fondue dans le moule. Je n’avais pas conscience du talent d’acteur qui sommeillait en moi. Je ne savais pas que j’allais m’en sortir malgré le fait que j’adorais le cinéma. Mais quand on m’a expliqué mon rôle, je me suis automatiquement mise dans la peau du personnage. Ceci m’a même surprise. Ils ont aimé et m’ont signé un contrat aussitôt.
Incarner le personnage d’une racoleuse dans la série, était-ce une chose facile pour vous ?
Au début, c’était très difficile. Mais le personnage et ma personne n’ont rien à voir. C’est juste un jeu d’acteur et je me suis adaptée.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans ce rôle ?
Être avec le vieux qui a l’âge d’être mon père. C’était très gênant pour moi de tenir ce langage cru devant lui. Mais, c’est lui-même qui m’a mise en confiance, en me faisant comprendre que nous ne sommes pas dans la réalité et que ce n’était qu’un rôle.
«Il m’arrive d’être apostrophée dans la rue par des inconnus qui me surnomment ‘’Infidèle’’»
On sait que les Sénégalais ont tendance à faire l’amalgame entre le personnage et la personne. Certains vont même jusqu’à vous étiqueter. N’avez-vous pas des craintes par rapport à cela ?
Les Sénégalais n’ont malheureusement pas encore cette culture. C’est tout à fait normal. Nous sommes dans un pays où beaucoup de sujets sont tabous. Alors que le cinéma a évolué et à l’écran, nous ne faisons que transposer des réalités. Ils ne veulent pas voir la réalité en face. Je n’ai pas peur d’être étiquetée racoleuse, car je sais que je ne suis pas comme ça. C’est le rôle qui le demande. Il m’arrive d’être apostrophée dans la rue par des inconnus qui m’appellent «Infidèle».
Pensez-vous incarner d’autres rôles à l’avenir ?
Je ne mise pas trop sur le cinéma. Je suis une chanteuse et le cinéma fait partie du septième art. Même si j’aimerais incarner d’autres rôles, je ne vais pas participer à n’importe quel film. Je mise plus sur ma carrière musicale.
Vous vous y plaisez néanmoins ?
Oui. J’adore le cinéma et j’y trouve mon compte. Le cinéma m’a relancée.
Avez-vous d’autres projets ?
Là, je travaille avec un Béninois. J’ai déjà monté mon groupe et je répète avec eux. Et bientôt, je vais commencer à jouer dans des boîtes de nuit. Mais le Covid-19 nous a beaucoup handicapés. Il y avait beaucoup de festival où j’ai été invitée et qui ont malheureusement été reportés.
Pensez-vous pouvoir être en mesure de vous imposer et de reprendre votre place sur la scène musicale ?
Je dirais que ma place est toujours là et même je ne l’ai jamais perdue. Les Sénégalais sont nostalgiques et se souviennent encore de moi.
MARIA DOMINICA T. DIEDHIOU