SENTV : Le rôle de Maï dans «Karma» l’a propulsée au-devant de la scène. De son vrai nom Roselyne Sylla, elle incarne le personnage d’une jeune fille de 25 ans, déterminée et attachante. Grâce à son talent, l’actrice a réussi à se frayer un chemin dans le cercle restreint du Septième Art. Face à L’Obs, elle lève un coin du voile sur sa vie, nous parle de son parcours et de ses relations avec les trois autres filles de la série avec qui, elles constituent une bande d’amies…
Roselyne, vous êtes l’une des actrices principales de la série «Karma» où vous interprétez le rôle de Maï. Que pouvez-vous nous apprendre de plus sur vous ?
Je suis née et j’ai grandi à Dakar, plus précisément à Felix Eboué, vers Pompiers. J’ai eu une enfance assez calme. Mais, parfois il m’arrivait de rendre fous mes parents. Mais bon, il fallait que jeunesse se fasse. Après un Baccalauréat Littéraire, j’ai poursuivi mes études supérieures jusqu’en Licence à ESTEL (École Supérieure de Tourisme et Langues Étrangères) avant de me spécialiser dans l’Interprétariat et la traduction. Je suis une adepte des langues. À ce moment là, le Cinéma avait déjà pris une grande place dans ma vie et je ne me voyais pas m’en séparer. Mon choix s’est donc porté sur l’Interprétariat audiovisuel. Eh oui, je ne me voyais pas une seule seconde faire un métier sans en être passionnée. C’était ma plus grande crainte.
Comment en êtes-vous arrivée à intégrer le milieu du cinéma ?
Il faut déjà savoir que ce n’est pas moi qui suis entrée dans le cinéma, c’est plutôt le cinéma qui est venu à moi. Pendant mon cursus au Lycée, il m’arrivait souvent de sauver mes amis des interrogations surprises ou des devoirs difficiles. Quand la situation devenait critique et qu’il n’y avait pas moyen de faire changer cette idée de devoir au professeur, je m’improvisais en jouant une scène où je faisais des crises. Et comme je faisais partie des filles sérieuses de la classe, qui s’asseyaient toujours devant et qui soi-disant ne faisaient pas de bêtises, j’arrivais à faire changer d’avis au prof, à ma manière (rires). Tout le monde, y compris mes proches, n’arrêtait pas de me répéter : “Non toi, tu es terrible… Tu es une vraie actrice quoi.’’ Un jour, en descendant de l’école, je marchais avec une amie pour rentrer et nous avons croisé une de ses grandes connaissances. Il nous a proposé de passer faire un casting. Ma copine n’était pas très emballée, mais elle m’a tout de suite poussée dedans en disant : “Elle pourrait bien le faire, elle.” J’ai beaucoup hésité sur le coup avant de me lancer. Je voulais savoir si les personnes qui me disaient que j’étais une bonne actrice, avaient vu juste. Donc, une opportunité s’offrait à moi et je devais la saisir. Au pire, si cela ne me convenait pas, j’aurais toujours l’occasion de faire marche arrière. Bref, j’étais curieuse.
J’ai donc pris le taureau par les cornes et j’y suis allée pour passer mon tout premier casting, puisque la production était juste à quelques encablures. Quelques jours plus tard, on m’a contactée pour me dire que j’ai été sélectionnée comme personnage principale pour une publicité. C’est comme cela que tout a commencé.
Quand avez-vous su que vous étiez faites pour le cinéma ?
Le déclic est venu le jour de mon tout premier casting. Avant mon passage, j’étais en stress total, lorsque je voyais toutes ces personnes qui venaient pour interpréter le même rôle que moi. J’étais novice et je n’avais encore aucune expérience dans le milieu. Je ne me suis pas défilée pour autant. J’ai pris mon courage à deux mains. Une fois face à la caméra, je n’étais plus vraiment stressée. Je ne me reconnaissais plus. J’avais l’impression de sortir de ma bulle. Je me surprenais en train d’aimer ce que j’apprenais, ce que je voyais, ce que je faisais et ce que je devenais en faisant ça. Je m’étais trouvée une véritable passion. J’étais consciente que j’avais beaucoup à apprendre, mais une chose était sûre, c’est que je voulais faire un bout de chemin avec le cinéma et voir ce que ça pouvait donner.
Pouvez-vous revenir sur le rôle que vous interprétez dans la série «Karma» ?
Maï est une jeune fille de 25 ans, joviale, battante et attachante. C’est la meilleure amie de Amy Léa et celle qui la connaît le plus. C’est une femme qui a des valeurs et des convictions. Du groupe des 4 filles, c’est elle la plus rangée et sérieuse quand il s’agit des hommes. Venant d’une famille modeste et polygame, Maï, ambitieuse, fait tout pour devenir indépendante et vivre une vie différente de celle de sa maman afin de sortir sa famille de la misère. Mariée à Lamine avec qui elle sort depuis 8 ans, son premier et seul amour, mais avec qui elle vivra ses premières épreuves telles que les différences sociales, la tromperie etc.
Qu’est-ce qui différencie Roselyne au personnage ?
Maï est absolument différente de Roselyne Sylla. Ce sont deux personnages totalement opposés. Roselyne est plus extravertie que Maï, mais Maï est plus fragile. Roselyne est moins coincée que Maï (rires).
Etait-ce facile pour vous d’entrer dans la peau de Maï ?
Je ne dirais pas totalement que c’était facile, car Maï et moi sommes très différentes. Et pour illustrer cela, nous verrons souvent plusieurs femmes avec le même tempérament, la même éducation, des traits de caractères similaires et pourtant chacune d’elles réagira de manière différente face à une situation quelconque. Il m’arrivait de me demander à quoi elle (Maï) jouait et que si c’était moi, je ne l’aurais clairement pas fait comme cela.
Mais j’avoue que, quelques petits points de ressemblance m’ont énormément aidée à vite m’imprégner du personnage, à jouer ce rôle comme il se doit et d’essayer d’être fidèle à la vision qu’avait MARODI et la scénariste. Et tout ça, je n’y serais jamais parvenue sans le coaching de notre réalisateur, El Hadj Cissokho, qui n’hésitait jamais à me booster encore plus chaque jour, alors que je pensais avoir déjà atteint mes limites.
Vous attendiez-vous à un tel succès ?
Alors là, sincèrement pas du tout ! Lorsque je me suis lancée dans ce projet “KARMA”, je ne me suis pas vraiment projetée et je ne m’attendais certainement pas à un tel succès étant donné que j’avais, mine de rien, participé à plusieurs autres projets auparavant. Et puis un beau matin, tout scintille. Je n’ai rien vu venir. Et sincèrement, je suis très fière et honorée d’avoir participé à ce projet.
Depuis lors, comment vivez-vous votre succès ?
Je vis toujours de la même manière et que je n’ai rien changé de ma routine. J’aimerais que rien ne change en vrai, car j’aime bien ma petite vie en dehors des caméras. Même si rien n’est plus pareil. Je suis connue, avec le temps, par le grand public. Les gens apprécient mon travail et certains me voient d’un autre œil. Ils sont constamment là pour m’encourager, me soutenir, me conseiller et me critiquer, car toute critique est bonne pour se parfaire. Mais, beaucoup de choses changent, c’est évident et inéluctable. Mais je me fais violence tous les jours pour ne pas que cette “célébrité“ prennent un dessus sur ma vie. J’aimerais pouvoir continuer de vivre ma vie paisible, comme je l’ai toujours vécu. Pouvoir aller au restaurant avec mes amis, faire la folle avec eux sans avoir à me soucier de ce que pourraient penser les gens, par exemple. Parce qu’avant tout, c’est Roselyne Sylla. Une femme tout à fait naturelle qui adore s’amuser et rires aux éclats et qui préfère profiter du moment présent avec les personnes qui lui sont chères et qui l’entourent plutôt que de penser à filmer et immortaliser le moment (Rires).
«La scène à huis clos avec Lamine était mon challenge de la saison»
En tant que femme, Maï est-elle une référence pour vous ?
Evidemment ! D’ailleurs, je pense que Maï est une référence pour beaucoup de femmes, comme elle l’est pour moi. C’est une femme très joviale, ambitieuse qui en veut, qui ne croise pas les bras et s’apitoie sur son sort, bien qu’elle vienne d’une famille moins aisée que ses trois meilleures amies. Elle a su se battre, s’imposer et mettre sa famille à l’abri de tout besoin. Oui, il y a pleins de points positifs que j’aime en elle et que je prends pour faire une meilleure version de moi-même.
Dans la série «Karma», un épisode entièrement consacré à vous et à Lamine a particulièrement marqué les téléspectateurs. Vous les avez fait passer par toutes les émotions. Vous a-t-il autant marqué ?
Cet épisode était mon challenge de cette saison. Un épisode que je redoutais par dessus tout, mais que j’étais pressée de tourner. Un tournage difficile étalé sur plusieurs jours, vu le nombre de séquences. Nous étions que deux acteurs à huit clos, comme vous l’avez constaté, pour une durée d’un épisode de 30 mn. Il fallait pouvoir captiver les téléspectateurs. C’était l’élément phare. Donc, il fallait jouer sur tout : les émotions, les expressions faciales, les déplacements, l’occupation du plateau sur différents endroits etc. Croyez-moi, si je vous dis que Lamine et moi, nous stressions vraiment avant le Jour J. Nous avions pu nous inspirer de films de styles similaires et une fois sur le plateau, avec l’aide de l’équipe, ça a porté ses fruits. J’étais pressée de voir le résultat et lorsque c’est sorti, j’ai eu tellement de bons retours. Et je suis tellement contente de voir le rendu et de voir comment les Sénégalais et tout le monde ont apprécié cet épisode et surtout d’avoir élargi ma base dans le cinéma. Une première pour moi…
Pensez-vous poursuivre votre carrière dans le cinéma ?
Oui totalement ! Même si je sais qu’il me reste encore énormément de choses à apprendre et à maîtriser, beaucoup de variétés à découvrir. Je pense que j’ai beaucoup à prouver encore. Pour le moment, aussi longtemps que Dieu le décidera, je compte poursuivre ma carrière dans le cinéma.
Dans la vraie vie, êtes-vous aussi complice avec Virginie, Amy Léa et Ndèye Marie ?
Ces filles sont mes coups de cœur. Franchement, une chance. Dieu a mis sur ma route ces merveilleuses femmes avec qui j’ai eu la chance de partager de magnifiques moments, que ce soit en tournage et même dans la vraie vie. Des filles uniques chacune à sa manière, mais juste magnifiques. Des collègues qui sont devenues des amies, puis des sœurs. Une véritable complicité et une parfaite symbiose se dégagent entre nous. Je crois d’ailleurs que c’est tout ça aussi qui nous aide à pouvoir jouer et réussir certaines séquences ensemble.
Des trois filles, de qui êtes-vous la plus proche ?
Je suis vraiment proche de toutes les 3 filles. D’ailleurs, on parle tous les jours dans le même groupe WhatsApp, avec les autres acteurs de la team. On se voit tout le temps, toutes ensemble. Donc difficile de dire exactement laquelle est la plus proche de moi. Mais celle avec qui j’ai tout le temps des délires, c’est Virginie. Une vraie folle celle-là, mais un amour (rires).
Une fois les rideaux baissés, quel genre de femme Roselyne est-elle ?
Je suis très simple de nature et j’aime les choses simples. Les choses les plus simples sont souvent les plus belles. Sinon à part ça, je suis très ouverte d’esprit, déterminée, perfectionniste, sociable, j’aime prendre les personnes comme elles viennent, sans jugement.
Etes-vous mariée ?
Non, je ne suis pas mariée. Je ne me presse pas du tout, d’ailleurs. J’ai encore tout le temps devant moi. Comme on dit : “Le temps de Dieu n’est pas le temps des hommes” !
Il a toujours fait et continue de faire ce qu’il y aura de mieux pour moi. Il saura mettre la personne qui me faut sur mon chemin. Un homme avec beaucoup de convictions, qui connaît la valeur de la femme et la respecte, mais surtout, un homme qui craint Dieu, c’est très important.
En dehors du Cinéma, avez-vous d’autres activités parallèles ?
Tout à fait ! Bien évidemment, il y a d’autres projets cinématographiques dans lesquels je travaille actuellement, mais aussi en parallèle, j’ai récemment créé ma propre agence événementielle “Allys Agency”, spécialisée dans l’organisation d’Events, une mise à disposition d’orchestre, d’hôtes et d’hôtesses dans le cadre de l’accueil en entreprise, événementiel, animation et commercial…
AICHA GOUDIABY