Lettre ouverte au Président de la République sur la Stratégie Nationale Portuaire du Sénégal (SNPS) initiée par l’ANAM sans le Port Autonome de Dakar…
SENTV : Excellence Monsieur le Président de la République,
Depuis quelques temps, des travaux pour la mise en place d’une Stratégie Nationale Portuaire du Sénégal (SNPS) se déroulent sur initiative du ministère des Pêches et de l’Economie Maritime et en toute complicité avec l’ANAM (Agence Nationale des Affaires Maritimes) comme bras d’exécution. En effet, dans le souci de vous éviter une déception quant à l’issue de ces travaux, je me fais le devoir de prendre ma plume en tant que cadre portuaire et maritimiste, pour m’adresser à votre Excellence dans le seul but d’attirer votre attention sur la démarche très cavalière et orientée de ces travaux en cours sur l’élaboration de la Stratégie National Portuaire du Sénégal (SNPS). Cette stratégie nationale portuaire est co-pilotée par le ministère des Pêches et de l’Economie Maritime comme maitre d’ouvrage et l’ANAM comme maitre d’ouvrage délégué. Sa réalisation est assurée par deux cabinets étrangers (CPCS et TRACTABEL-ENGIE) en tant qu’agents d’exécution, sur financement de la Belgique à travers son agence gouvernementale ENABEL.
Le seul soubassement de cette stratégie nationale portuaire est d’arriver à la création d’une structure que va hériter l’ANAM avec le rajout d’un P comme PORT dans sa dénomination ; ce qui veut tout dire (Voir rapport provisoire de la Phase 2 du mois de février 2022). Or, de notre avis, une structure qui n’est pas en mesure de construire une infrastructure fonctionnelle comme celle du port de Foundiougne-Ndakhonga n’est pas à même de porter un projet d’une envergure nationale. Et pourtant, on vous a fait inaugurer depuis le 23 juillet 2015 cette infrastructure qui n’est toujours pas fonctionnelle malgré les fortes sommes d’argent investi sur fonds national et grâce à la coopération avec la Corée dans le cadre du MIEP1 (Projet d’Infrastructures et d’Equipements Maritimes).
Il est ainsi de notre devoir en tant qu’acteur dans le milieu depuis près de décennies de nous adresser à vous, à titre d’informations. En effet, cette stratégie nationale portuaire est d’une importance capitale car elle ambitionne de régir notre secteur maritime, portuaire et logistique pour les années à venir. Comme tel, ces travaux en cours devraient se faire avec comme viatique de travailler uniquement pour l’intérêt supérieur du Sénégal et non comme un moyen ou une tentative de liquidation ou de mise sous giron du Port Autonome de Dakar.
Ainsi, Il importe de signaler à votre Excellence que le Port Autonome de Dakar qui gère le plus grand port de notre pays avec un rang de 3éme port Ouest africain et 12eme africain selon la classification de la CNUCED est marginalisé et piétiné dans ces travaux en cours avec une position de second rôle et de suiviste.
Excellence Monsieur le Président de la République, le Port Autonome de Dakar, grâce au soutien et au financement de l’Agence Française de Développement (AFD), s’est doté d’un schéma directeur dans le cadre de son ambitieux et bien articulé plan stratégique de transformation. Cependant, tout a été mis en œuvre pour bloquer, saboter et contourner ce schéma directeur.
Nous ne sommes pas en mesure de comprendre que pour un travail aussi important et nationaliste qui devait requérir l’avis de tous, que les termes de références soient exclusivement rédigés par l’ANAM sans que le Port Autonome de Dakar ne soit associé, sinon à la dernière minute uniquement pour meubler la galerie.
En effet, de notre avis, l’ANAM n’a pas vocation à définir ou à piloter les travaux de la Stratégie Nationale Portuaire du Sénégal au vu des dispositions du décret 2009-583 du 18 juin 2009 portant sa création et ses attributions que sont :
L’administration des navires,
L’administration des gens de mer,
La participation à la police de la navigation maritime et fluviale,
La participation à la police de la pollution marine,
La participation à la police du domaine public maritime,
La surveillance de la circulation des navires et embarcations non pontées en mer et dans les voies navigables,
Le développement des ports dits secondaires,
La mise en œuvre, le suivi, le contrôle et l’évaluation des dispositifs de sécurité et sûreté maritimes et portuaires,
La constatation des infractions relatives aux actes illicites commis contre la sécurité et la sûreté de la navigation maritimes et portuaires,
L’élaboration et le contrôle de l’application des normes de sécurité et de police portuaires,
La recherche, la constatation et l’instruction des infractions en matière de polices de la navigation maritime, de la pollution marine, du domaine public maritime, de la circulation en mer, d’administration des gens de mer et des navires.
Néanmoins, nous reconnaissons à l’ANAM ses prérogatives en ce qui concerne son statut d’agent maritime désigné par l’Etat du Senegal pour veiller à l’application des conventions internationales et des codes qui régissent le milieu maritime. Nous lui reconnaissons aussi son rôle d’agent désigné par l’OMI (Organisation Maritime Internationale) pour l’application du code ISPS (Code International pour la Sureté des Navires et des Installations Portuaires) au niveau du port de Dakar (décret 2015-91 du 21 Juin 2015).
Genèse de la stratégie nationale portuaire
L’origine de cette Stratégie nationale portuaire trouve d’abord sa source dans la volonté manifeste de l’ensemble des acteurs du milieu qui ont tous rêvé de voir le Sénégal disposer enfin d’une politique portuaire à l’image de nos ambitions avec l’arrivée prochaine de nouveaux ports, mais aussi à cause de votre vision et volonté de faire du Sénégal le hub portuaire et logistique de la sous-région.
Au commencement, ce projet était dénommé Stratégie Nationale de Renforcement de la Plateforme Portuaire du Sénégal (SNRPS), pour ensuite devenir « Stratégie Nationale Portuaire du Sénégal (SNPS) » ???
C’est dans le courant du mois de juillet dernier que le ministère des Pêches et de l’Economie Maritime, exerçant son droit de tutelle sur le secteur maritime national a institué par arrêté ministériel N°025779 du 09 Juillet 2021 le Comité de Pilotage pour le Suivi du Processus de l’élaboration de la stratégie nationale portuaire (COPIL-SNP) avec comme membres ; les représentants de 12 ministères avec comme Secrétaire permanent le Directeur général de l’ANAM (Article 3 de l’arrêté). Ce comité est l’organe d’orientation pour le suivi de l’élaboration de la stratégie nationale avec comme missions : de donner les orientations et de fixer les objectifs du processus de l’élaboration de cette stratégie (Article 4). Cet arrêté ministériel sera complété par un autre sous le N°025783 portant création d’un comité technique de suivi du processus d’élaboration de la SNPS. Ce comité compte une liste de 12 membres représentants des directions nationales relevant des 12 ministères membres du comité de pilotage. Il est dirigé par le Ministère avec comme Secrétaire conjoint : l’ANAM et le PAD (Article 3). Il faut préciser que par la volonté du Ministère et de l’ANAM, le PAD n’a jamais exercé ce statut de Secrétaire à causes de manœuvres qui ont fait que l’ANAM a occupé exclusivement ce poste.
Nous ne pouvons en aucune manière comprendre que le Port Autonome de Dakar, autour de qui toute cette stratégie devrait se faire vu son importance soit tenue à l’écart pour des raisons que toute la communauté des acteurs portuaires ignore encore.
Excellence Monsieur le Président de la République, les développements notés ainsi que la nouvelle tournure de ce travail nous confortent dans notre idée que cette stratégie nationale portuaire donne les allures d’un procès pour juger le Port Autonome de Dakar. Sinon, comment comprendre que, dans les rapports (…) en notre possession, aucun des nombreux acquis et résultats positifs du PAD n’a été relevé ? Il n’y a été que des manquements et insuffisances qui, pourtant, sont devenus de vieux souvenirs pour le PAD et ses usagers.
Dans le rapport de la Phase 2, ces experts nous parlent de congestions et fluidités dans le port de Dakar et ses alentours, en ignorant que ces deux éléments ne sont pas des fléaux, mais de solides baromètres qui attestent de la bonne santé d’un port, s’y ajoute que le port de Dakar est un port naturel qui se trouve au cœur de la ville. Un port fluide et décongestionné est synonyme d’un port qui n’est pas fréquenté ; ce qui n’est pas le cas du port de Dakar.
Ils nous parlent de voiries inexistantes dans l’enceinte du port, alors que depuis 2019 l’autorité portuaire a injecté plus d’un dizaine de milliard de nos francs sur fond propre pour la reprise totale de la voirie des deux zones, (nord et sud) du port ; ce qui impacte naturellement sur le trafic dans l’enceinte du port et de ses alentours au vu de la consistance des travaux engagés. Ils oublient également que, grâce à la coopération avec le Japon, la JICCA a investi près de 23 Milliards pour la remise à neuf du Mole 3 spécialement dédié au traitement des marchandises à destination du Mali.
En ce qui concerne des lenteurs au niveau des procédures, le PAD s’est lancé dans un ambitieux et révolutionnaire programme en cours de finalisation pour la mise en service d’un Guichet Unique Portuaire (GUP) qui va intégrer l’ensemble des administrations intervenant dans son enceinte.
Pourquoi le Port Autonome de Dakar doit porter la SNSPS
Afin que nul ne l’ignore, le PAD demeure à ce jour le fleuron de notre économie maritime, sur qui le Sénégal peut et doit compter pour entrer dans l’histoire des transports maritimes en perspective de la construction imminente du port en eaux profondes de Ndayane et la mise en service imminent du port de Sendou-Bargny.
Depuis 2018, le Port Autonome de Dakar s’est lancé dans un ambitieux programme de réformes, de transformations et de repositionnement qui est entrain de porter ses fruits avec des résultats visibles, n’en déplaise les contempteurs.
Bon gré mal gré, le Port Autonome de Dakar est classifié comme un port d’intérêt national étant donné son importance pour notre économie et sa contribution sur notre PIB. A titre d’exemple, il importe de relever que des pays comme la France, dans la classification de ses ports (arrêté ministériel du 24 octobre 2012 pris en application de l’article R 154-1 du code des ports maritimes), a opéré une discrimination pour raison d’intérêt national en conférant au port de Marseille le statut d’unique port d’intérêt national sur les 66 ports que comptent la République française avec tout ce que cela comporte en termes de statut spécial, de traitements de faveurs, de facilités et d’avantages. L’Etat du Sénégal peut bel et bien suivre un tel exemple.
Qu’est-ce qu’un port ? De la dizaine de définitions connues des différentes écoles doctrinales maritimes, nous allons retenir celle du Professeur Jean GROSDIDIER DE MATONS (Droit, Economie et Finances Portuaires) qui définit le port comme : Un lieu de la côte spécialement désigné par l’autorité administrative compétente pour servir aux opérations de commerce maritime. Cette définition est complétée par la convention de Genève du 9 décembre 1923 portant statut du régime international des ports maritimes qui dispose que : sont considérés comme des ports maritimes, les ports fréquentés par des navires de mer servant au commerce extérieure…
Ces deux définitions permettent de se rendre compte qu’à ce jour, le Sénégal ne compte qu’un seul port à vocation internationale : celui de Dakar que gère la SN-PAD. Le Sénégal compte aussi des ports secondaires (Kaolack, Foundiougne-Ndakhonga, Ziguinchor et Saint Louis) et de nouveaux ports (Sendou et Ndayane) qui ne sont pas encore en exploitation. Ainsi, devant une telle cartographie portuaire, une Stratégie nationale des ports du Sénégal s’impose et trouve toute sa pertinence bien que son départ a été faussé.
Le Port Autonome de Dakar occupe une place hautement stratégique et nodale dans l’économie nationale du Sénégal. Il contribue à hauteur de 95% aux recettes de la douane qui est de loin le premier contributeur à notre budget national à hauteur d’un quart (¼). En termes de chiffres, le PAD a atteint pour la première fois de son histoire en 2021 la barre de + de 21 millions de tonnes de marchandises traitées (un record), soit une hausse nette comparée aux 19 millions de tonnes de 2020.
Le port de Dakar accueille chaque année plus de 650 000 conteneurs dont les 95 % sont traités par le concessionnaire DPW, et plus de 100 milles véhicules consignés par les différentes compagnies. Côté hinterland, le Port de Dakar demeure le principal partenaire de la République sœur du Mali avec un trafic journalier de l’ordre de 400 à 500 camions par jour pour un tonnage global de près de 2 800 000 Tonnes de marchandises par année. En termes de fréquentations, l’essentiel des lignes maritimes desservent le port de Dakar avec un cumul de plus 2800 navires par an. (Source : rapport statistique 2020 du PAD)
En outre, le Port autonome de Dakar présente l’un des meilleurs modèles d’affaire de tous les ports ouest africains avec quatre concessions :
DPW pour le terminal à conteneurs et la construction du port en eaux profondes de Ndayane,
Dakar Terminal pour le trafic roulier,
Necotrans/Sea Invest pour le Terminal vraquier et le Terminal pétrolier,
COSENI (Consortium Sénégalais d’Investissement) avec 100% de privés nationaux pour la base pétrolière.
Sur le plan administratif, le Port autonome de Dakar est, depuis la loi 87-28 du 18 aout 1987, une société nationale sous la double tutelle des ministères des Pêches et de l’Economie maritime et celui des Finances. Il est doté de l’autonomie dans sa gestion à travers un Conseil d’administration qui valide les orientations et son budget.
En ce qui concerne les ports secondaires, ils sont au nombre de quatre ; à savoir : les ports de Kaolack, Foundiougne-Ndakhonga, Saint louis et Ziguinchor. Ils dépendent encore de l’ANAM en attendant que vous confirmez votre décision de les mettre sous la tutelle administrative et technique de la Direction générale du Port Autonome de Dakar qui demeure la seule structure nationale à même de financer leurs modernisations pour en faire des ports d’éclatements et de transbordements qui seront en mesures de développer l’économie locale de ces régions mais aussi une bonne source de rentrer d’argents pour les collectivités locales.
Les nouveaux ports du Sénégal sont :
Le Port privé de Sendou en cours de finition est un port construit par la société SMP (Sénégal Minergy Port). Ce privé a bénéficié d’une concession de l’état du Sénégal pour sa gestion. Il n’est pas encore fonctionnel,
Le Port en eaux profondes de Ndayane. Il sera le prolongement du Port autonome de Dakar, parce qu’il trouve sa source sur un avenant de la concession du TAC que le Port autonome de Dakar avait accordée en 2007 à l’opérateur de rang mondial DPW ; spécialiste de la gestion des terminaux à Conteneurs.
Excellence Monsieur le Président de la République, devant une telle cette cartographie des ports du Sénégal, l’on se rends compte que notre pays ne compte qu’un seul port à vocation nationale : le Port de Dakar. Et ce port avec tous ses affiquets, devrait occuper les premiers rôles dans tout projet de mise en œuvre d’une quelconque nouvelle stratégie portuaire national du Sénégal ce qui n’est pas le cas malheureusement pour cette stratégie qui est en train d’être déroulé actuellement.
Monsieur le Président de la République, la vision et l’orientation que vous aviez données durant le Conseil des ministres du 29 Décembre 2021 (… le chef de l’état demande au gouvernement, d’accélérer la mise en œuvre de la stratégie portuaire national avec notamment la mise à niveau du Port Autonome de Dakar, des ports secondaires et de leurs gares maritimes…) ne cadrent pas avec les orientations actuelles et le canevas de travail qui est en train d’être fait. En effet, la seule préoccupation majeure des initiateurs et animateurs de cette stratégie, c’est d’arriver rapidement et dans la précipitation à la mise en place d’une architecture institutionnelle qui mettrait le Port Autonome de Dakar sous la tutelle d’une agence :
ANAM(P) P comme Portuaire ???
Nous ne sommes pas en mesure de comprendre qu’au moment où vous, Président de la République du Sénégal, faisiez de la promotion de l’expertise nationale votre combat quotidien en faisant rentrer au Sénégal nos meilleurs profils, que pour l’élaboration d’une stratégie nationale portuaire, que l’on fasse appel à l’expertise internationale au détriment de nos brillants cadres et experts qu’ils soient du Port Autonome de Dakar ou des compagnies maritimes locales. Le fait de confier un tel projet à ces cabinets étrangers est comme une insulte pour la communauté portuaire nationale dont ses cadres et experts ont parcourus les meilleurs instituts portuaires et maritimes du monde pour renforcer leurs capacités.
De notre avis, le Sénégal de 2022 sous votre magistère doit dépasser la période où des cabinets étrangers viennent réfléchir pour nous pour notre propre stratégie nationale portuaire alors que nous sommes mieux formés et mieux expérimentés que ces derniers. Le Sénégal est un pays leader en manière de management, d’expertise et de gestion portuaire. La tenue durant la période du 21 au 24 mars dernier des réunions des comités techniques de l’AGPAOC (Association de Gestion des Ports Ouest Africain et du Centre) ici à Dakar sur invitation et organisation du Port Autonome de Dakar qui en est un des membres phares et pionniers le confirme de fort belle manière.
En effet Monsieur le Président de la République, nous n’avons rien contre la coopération internationale surtout en ce qui concerne la Belgique qui est un des plus importants partenaires du Sénégal dans plusieurs domaines relevant de notre Economie nationale. En effet, dans le cadre de la mise en œuvre de cette SNPS, le ministère des Pêches et de l’Economie maritime à travers l’ANAM a contracté à travers un protocole signé le 25 janvier 2021 avec ENABAL (Agence gouvernemental belge) qui devient ainsi le financier et l’accompagnateur selon les mots de son Ambassadeur à Dakar. Dans un esprit de solidarité européenne, ENABAL, au lieu de s’appuyer sur l’expertise nationale sénégalaise, s’est adossée sur deux cabinets étrangers pour accompagner cette SNSPS : le cabinet CPCS (CPCS – advisors to infrastructure leaders Infrastructure management consulting ) et le Cabinet Tractabel-Engy (Tractebel (tractebel-engie.be) qui sont tous belges et devant qui, nous n’avons aucun complexe de dire qu’ils ne peuvent pas faire mieux que nous.
Attendons-nous demain de voir la Belgique bomber le torse en criant à haute voix d’avoir réaliser pour nous, la stratégie nationale portuaire du Sénégal. C’est pour cette raison que nous vous invitons Excellence de nous préserver d’une telle honte et humiliation, car notre expertise locale est en mesure de réaliser plus qu’une stratégie nationale portuaire. Sous aucun prétexte, ce travail ne devrait être donner à des consultants et experts venus d’ailleurs, car nos cadres et experts sont aussi valables que ceux du port de Shanghai (premier port de rang mondial).
In fine, ces deux cabinets ne peuvent rien nous apprendre dans le domaine de la conception et de la pratique portuaire et maritime. C’est le lieu et l’occasion de rendre un vibrant hommage aux pionniers et références dans le milieu ; je veux nommer : Bara Sady, feu Saliou Fall, Gonar Ndior, Omar Diagne Thiam, Amadou Ndiaye, Mamadou THIOUB, Ambroise Sarr, Nouhoum DIOP, Diahmane DIAKHAM, Pathé Ndiaye, Ibra Guissé, Grégoire Diatta, Yérim Thioub, et bien d’autres cadres et experts.
Faudrait-il vous rappeler, Excellence, que c’est grâce à cette expertise purement sénégalaise que notre pays est devenu une attraction et un intérêt pour les grandes compagnies et sociétés maritimes internationales à l’image de DPW, Dakar-terminal, Cma-cgm, COSENI, Grimaldi et biens d’autres sociétés de références mondiales.
Le 5 juin 2005, Vous, alors Premier Ministre du Sénégal présidant l’ouverture du Conseil interministériel sur la compétitivité du Port Autonome de Dakar, releviez la nécessité d’une vision stratégique de développement à moyen et long terme pour le Port autonome de Dakar avec la mise en place d’un schéma directeur.
Aujourd’hui que vous êtes à la tête du Sénégal, votre déclinaison d’il y a 17 ans cadre parfaitement avec le nouveau schéma directeur du Port Autonome de Dakar en cours de finalisation et qui ambitionne de faire de l’activité portuaire le moteur de notre Economie. En effet, au moment où cette stratégie nationale portuaire promet de soutenir la croissance, le schéma directeur du PAD ambitionne de porter cette même croissance. Déjà, les signaux en sont donnés par les brillants résultats notés depuis quelques années ainsi que la contribution réelle, directe et visible du PAD dans plusieurs domaines.
Excellence Monsieur le Président de la République, il ne fait aucun doute qu’avec votre arbitrage et soutien, la SN-PAD va réussir le pari de promouvoir notre croissance économique et la compétitivité de notre port avec comme objectif principal de l’ériger au rang de premier port Ouest africain.
C’est pour cette raison que nous vous invitons à avoir un nouveau regard sur la gestion portuaire de notre pays dans l’intérêt supérieur du Sénégal. A cet effet, la grande communauté des acteurs maritimes et portuaires vous implore de prendre les mesures ci-dessous :
Acter par une décision votre souhait de confier la gestion des ports secondaires du Sénégal au Port Autonome de Dakar,
S’appuyer sur le Schéma directeur du Port Autonome de Dakar pour une meilleure prise en charge du secteur portuaire et de la logistique,
Nommer à vos côtés par appel à candidature un Conseiller chargé du secteur maritime-portuaire et de la logistique,
Régler la question de la tutelle du Port Autonome de Dakar, vu l’importance que cette structure occupe pour l’économie nationale. Un port comme celui de Dakar doit dépendre de la Présidence de la République comme c’est le cas dans plusieurs pays ou d’un Ministère comme celui de l’Economie et des finances, celui du PSE ou des Transports et non à celui des Pêches. Cela va permettre d’éviter les confusions et amalgames,
Dissocier la gestion de la Pêche, du Maritime, des ports et de la logistique,
Convoquer un Conseil présidentiel sur les Ports,
Créer une haute Autorité Nationale pour la gestion des Corridors.
Excellence Monsieur le Président de la République, telle est l’économie de ma lettre ouverte en attendant les prochaines que je vous adresserai sur le même sujet à cause de son importance.
* Par Alinard NDIAYE
Juriste-Cadre Portuaire et Maritime
Spécialiste en Défense et Sécurité Nationale
Diplômé du CHEDS
Courriel : boursaloum@gmail.com