Après une journée de « ville morte » pour protester contre les « fraudes électorales », l’organe de gestion des élections en Guinée, la CENI a jugé nécessaire de rencontrer les différentes parties prenantes aux élections communales.
Cette série de rencontres vise à écouter les formations politiques et les listes indépendantes qui contestent les résultats dans certaines circonscriptions. La CENI voudrait réexaminer les procès verbaux qui sont, selon les candidats, illégalement écartés par les commissions administratives de centralisation des votes (CACV).
Lors d’une conférence de presse qu’il a animée le vendredi 2 mars, le ministre de la Justice, Me Cheick Sako a fait savoir que la CENI ne peut pas modifier les résultats déjà publiés. Mais lors de l’assemblée générale de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) ce samedi 3 mars, Cellou Dalein Diallo a fait savoir sa position sur cette situation.
Dans son intervention, le président de l’UFDG a tout d’abord rappelé pourquoi son parti a accepté de rencontrer la CENI avant de dénoncer les contradictions qu’il y a eues à propos de l’appel lancé par la commission électorale. « Par l’ouverture faite par Alpha Condé, nous avons accepté d’aller à la CENI malgré les discours contradictoires des membres du gouvernement. Chacun dit ce qu’il veut. Certains disent non, on ne peut plus revenir là-dessus, qu’il n’y aura pas d’autres résultats», a-t-il dénoncé.
Alors que le ministre de la Justice affirme que les décisions des tribunaux en matière électorale sont sans appel puisque c’est la loi qui l’annonce, Cellou Dalein se dit n’être pas concerné par ce débat procédural et a rétorqué en ces termes: «tant qu’on ne proclamera pas les vrais résultats, nous resterons debout pour dire non. Ce débat sur la légalité de cette procédure, est-ce que c’est légal ou pas, ce n’est pas notre problème. Nous pensons que si on entreprend un exercice qui vise à vérifier le bien fondé des réclamations de la population, parce que c’est toute la population de Conakry et ses environnants qui ont réclamé la prise en compte de la vérité des urnes. Le président Alpha Condé a eu la sagesse de demander à la CENI d’écouter l’opposition et que si elle des griefs, des pièces à conviction qui mettent en évidence le bien fondé de ses revendications, d’en tenir compte. Je pense que c’est une sage décision… »
S’il qualifie de sage la décision d’Alpha Condé, il reste tout de même prudent et rassure que si le président de la République tente de le rouler dans la farine, il le trouvera sur son chemin : «pour le moment, ces manifestations ont un seul objectif, c’est la publication des vrais résultats issus des urnes. S’il ne fait pas cela, si c’est pour gagner du temps, nous retarder, on ne changera pas. Lorsqu’on se rendra compte qu’on veut nous rouler dans la farine, nous nous mobiliserons et nous n’accepterons pas […]. Cette initiative de notre président professeur, nous l’acceptons. Si nous partons, c’est pour aller vers la paix. Si c’est la paix, elle passe par la justice et la proclamation des vrais résultats. Les conflits sont toujours nés de l’injustice et de la violation des droits des autres. Lorsqu’un citoyen va voter, il donne sa voix à une liste, à un candidat, un magistrat se permet de détourner, annuler ces suffrages ou les affecter à un autre, c’est un crime. J’ai entendu le ministre dire que même si la justice prend une mauvaise décision, on doit se soumettre une fois, deux fois, trois fois. Mais on ne peut pas continuer à se soumettre à une décision injuste. »
Dans les prochains jours, nous saurons si la CENI va écouter le ministre Cheick Sako ou Cellou Dalein Diallo.