Pourquoi je prie

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Une nuit étoilée, le miracle du voyage nocturne, Le Messager d’Allah s’envole dans un galop céleste. Sur le Buraq, Il s’envole vers l’infini. Escale à Jérusalem, puis un voyage au-delà des cieux, au-delà de la terre. L’ange Gabriel et le Bien-aimé d’Allah, côte à côte, jusqu’au moment où Jibril ne pouvait plus avancer, et l’ange abandonna.

Le Bien-aimé, quant à lui, n’aurait jamais pu être stoppé par aucune création, il avança. Il avait rendez-vous avec Allah. Pour recevoir l’ordre de prier, le Prophète (Paix et bénédiction sur lui) devait s’envoler jusqu’au sidrat al-muntahâ, tandis que le moment où le serviteur est plus proche de Dieu est lorsqu’il se prosterne. Quel paradoxe !

En général, les ordres de Dieu passent par une révélation, tandis que la Prière fit l’objet d’une rencontre, d’un face à face. Ceci peut s’expliquer si nous tenons compte du fait que salât veut dire prière,et sila signifie lien en arabe. Ces mots viennent tous de la même racine, s.l.y. Ainsi, quand je prie, je suis en lien direct avec Allah, de même que le Prophète (Paix et bénédiction sur lui) devait recevoir l’ordre sans pour autant que Gabriel soit l’intermédiaire.

J’ai besoin de me souvenir d’Allah, alors je prie. Le Créateur n’avait-Il pas dit à Moïse « accomplis la prière afin de te souvenir de Moi » ? Alors, prier c’est faire du dhikr. Dans son ouvrage « L’instant soufi », Éric Geoffroy s’adresse à l’âme humaine en mettant l’accent sur la prière. Il souligne que « La prière est “l’ascension céleste du croyant’’, disait le Prophète. Elle est rappel constant à Dieu, car cinq fois par jour, je me soustrais du temps évanescent pour m’insérer dans le Temps de Dieu : cinq fois par jour, je coupe court aux sollicitations incessantes du monde pour me recentrer. Sans doute, ne suis-je pas assez conscient de la Présence mais j’y tends ; la grâce fait le reste. »

Seul Dieu est là dans tous les moments pour moi. Alors j’ai besoin de Lui parler. Mais comment dialoguer avec Lui ? Frithof Schuon donne la solution. Il écrit que « s’il y a un Dieu et s’il y a des hommes, il y a nécessairement un dialogue ; il est donné par cette confrontation même », par la prière.

Le monde est parfois impur. J’ai besoin de le sacraliser et de le purifier. Alors je prie. Je fais mes ablutions, sacralise mon corps et écoute la musicalité des gouttes d’eau qui tombent, dansent sur les cadences de Lâ ilâha illa Allah, Muhammad Rasûlu Allah. Cinq fois par jour, je prie, sacralise le temps et forme une équipe avec le Cosmos. Cinq fois par jour, je m’oriente vers la Mecque, sacralise l’espace. Mon cœur est voilé, je formule l’intention, et fais dissiper les ténèbres avec la Lumière de la Majesté. Je hurle et crie en faisant danser mes bras et trembler mon cœur : Allah Akbar.

En tant qu’être humain, je suis le khalifa d’Allah sur terre, et je ne vis pas seul. Je dois représenter aussi la nature qui vit avec moi. Alors je prie. Je me mets debout comme un arbre, tel un homme, je m’incline, et comme une pierre, je me prosterne. Ainsi quand je prie, je médite. « Dans la Création d’Allah, il y a des signes pour ceux qui sont doués d’intelligence ».

J’ai besoin de rompre avec ce monde pour le Monde, alors je prie. J’ai besoin de me sentir musulman. Mais qu’est-que l’islam ? « On pourrait répondre d’un seul mot : la prière », disait Éva de Vitray-Méyérovitch. Mais peut-être faudrait-il savoir prier.

L’adhan a retenti. Je m’en vais. Je prie, comme une pierre, je me prosterne. Au-dessus du Burâq, tel un oiseau, je m’envole vers « la Sidrat-ul-Muntaha, près d’elle se trouve le jardin de Maawa ».

par Seydi Diamil Niane

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