Madagascar : Contre La Modification De La Loi Électorale, L’opposition Enterre Ses Morts Et Remet Ça

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La mobilisation ne faiblit pas à Madagascar.

Après une manifestation durement réprimée par les autorités, qui avait fait trois morts et une vingtaine de blessés le 21 avril, les manifestants ont à nouveau exprimé leur colère ce lundi 23 avril à Antananarivo, la capitale.

En plein après-midi, la place du 13-Mai au centre-ville d’Antananarivo était noire de monde. Simples passants ou militants, tous étaient au rendez-vous pour acclamer la venue d’Andry Rajoelina puis, un peu plus tard, celle de Marc Ravalomanana. Les deux anciens chefs de l’Etat, issus de l’opposition, ne se sont pas présentés en même temps devant l’Hôtel de Ville, mais tous deux ont eu droit à leur bain de foule.

Si Rajoelina, chef du Mapar, a exclu dès le début tout discours engagé, préférant rendre hommage aux victimes, Marc Ravalomanana a en revanche fait une allocution beaucoup plus politique. Il a appelé « les responsables religieux à interpeller les gens qui ne voient pas ce qui se passe, afin de travailler à une sortie de crise rapide. Nul n’est plus fort que le peuple réuni ». L’ex-chef de l’Etat avait ramené avec lui du café, du riz et d’autres denrées de première nécessité pour les participants à la veillée des corps des victimes, ce lundi soir, comme le veut la coutume malgache.

Dans la matinée, les élus d’opposition ont annoncé leur intention de former une large coalition, appelée « Les députés pour le changement ». Elle rassemble sous une même bannière les deux anciens ennemis, Marc Ravalomanana, le chef du TIM (« Tiako I Madagasikara », « J’aime Madagascar ») et Andry Rajoelina, à la tête du Mapar. Pas moins de 73 députés de l’opposition vêtus de blanc, debout sur une estrade, ont harangué la foule sous un soleil de plomb au son de chants traditionnels. Recouverts du drapeau malgache et parsemés de fleurs, les cercueils étaient disposés à l’arrière de la tribune.

La demi-journée s’est déroulée dans le calme. En début de matinée, le préfet d’Antananarivo a déclaré, lors d’une conférence de presse, qu’il refuserait désormais d’utiliser les forces armées contre la population. Policiers et gendarmes seront réquisitionnés pour simplement sécuriser les sites commerciaux et pour éviter les pillages, a-t-il ajouté.

A 11h, le ministre de la Défense a prononcé une courte allocution qui allait dans le même sens. Il refuse, lui aussi, de réprimer les manifestations et souhaite que les hommes politiques « trouvent un accord au plus vite ».

La question de l’entente entre les deux partis autrefois ennemis n’a pas été abordée. Il s’agit toutefois d’une annonce très symbolique de l’opposition. Hier soir, à la Télévision nationale malgache, le président de la République, Hery Rajaonarimampianina, a montré qu’il ne céderait pas un pouce de terrain sur les lois électorales.

 

RFI

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