Le second accusé interrogé hier, dans le cadre du procès Imam Ndao, est un collégien. En 2015, il a passé ses vacances scolaires dans le fief de Boko Haram, au Nigeria.
Il a été la dernière personne à être arrêtée sur les 30 inculpées dans l’affaire Imam Ndao. Abu Diallo alias Abu Diendal, appréhendé en mai 2017, est également l’un des plus jeunes, car né en 1997. Malgré son jeune âgé, l’élève au Collège de Rosso n’a pas hésité à séjourner avec les djihadistes de Boko Haram du Nigeria. Hier, à la barre de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar, il a expliqué être parti sur conseil de son maître coranique, Aboubacry Guèye. ‘’Là où je logeais à Rosso, j’avais des problèmes, alors je suis allé au daara. Durant les grandes vacances, Aboubacry Guèye, qui était au Soudan, m’a invité à le rejoindre au Nigeria où il se rendait. Il m’a dit que je pourrais travailler pour gagner de l’argent et faire des études coraniques, en même temps’’, a raconté l’accusé. Il a allégué avoir voyagé avec un certain Moustapha Faye et que son marabout a financé le voyage.
La suite, tout comme ses co-accusés, il a séjourné à Abadam, puis à Fathul Moubine et Sambissa, avant de rentrer au Sénégal. A l’en croire, lorsqu’il est arrivé à Sambissa, Aboubacry Guèye lui a dit qu’il retournait au Soudan, car il n’avait pas trouvé ce qu’il cherchait. Adoptant le même système de dénégation, Abou Diendal a déclaré qu’il n’a pas subi de formation militaire ni participé aux combats. ‘’On restait assis sous une tente à ne rien faire. Je ne voyais que des civils, pas de combattants, mais j’entendais de loin les crépitements des armes’’, s’est-il défendu.
Face à ses dénégations systémiques et persistantes, le président lui a rappelé qu’il a fait des aveux à l’enquête et à l’instruction. En fait, aux enquêteurs de la Division des investigations criminelles, il aurait déclaré avoir participé à trois combats. Lors du premier, une grande quantité de carburant a été saisie auprès de l’armée, mais pour les deux autres, c’étaient des attaques que subissait Boko Haram. ‘’J’étais malade. Je me suis réveillé à l’hôpital Le Dantec. Je ne sais pas comment j’ai été transféré à Dakar, car j’étais hospitalisé. J’ignore si ce sont des policiers ou des médecins qui me parlaient’’, s’est-il défendu, en confiant qu’il ne contestait pas ses aveux faits devant le juge d’instruction.
Il ressort de ses propos qu’il avait soutenu que lui et ses autres compatriotes avaient consenti au projet d’implantation d’une cellule terroriste au Sénégal. Mais lorsqu’il a quitté Boko Haram, il a décidé de se départir de toute idée djihadiste. Il a répondu au substitut Aly Ciré Ndiaye qu’il ne l’avait pas dit et qu’il n’avait pas aussi soutenu que Abubakar Shekau n’était pas content de la manière dont l’Islam était pratiqué au Sénégal, car non conforme aux principes de base. ‘’Je ne l’ai jamais rencontré et j’ignore dans quelle langue il s’exprime’’, a répliqué l’accusé au maître des poursuites. Pour son retour, à l’enquête, il aurait soutenu qu’il avait décidé de rentrer lorsqu’il s’était rendu compte que le projet d’islamisation du Nigeria était irréalisable et utopique. ‘’Je n’ai trouvé ni travail ni apprentissage. C’est pourquoi j’ai décidé de rentrer’’, a-t-il avancé aux juges.
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