Le rapport provisoire de l’analyse diagnostique de la première phase de mise en œuvre du Plan Sénégal émergent a été présenté, hier, par le ministère de l’Economie, des Finances et du Plan.
Plusieurs insuffisances ont été notées dans plusieurs secteurs qui devraient être le moteur de l’émergence.
Le Plan Sénégal émergent est en passe de devenir une utopie. En tout cas, le rapport provisoire de l’analyse diagnostique de ce référentiel des politiques économiques du pays, présenté par les services du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan n’augure rien de bon. Des insuffisances ont été relevées à tous les niveaux du plan. D’abord, en ce concerne la dynamique de l’économie nationale, il a été noté une croissance portée essentiellement par la consommation et l’investissement privé. Et les niveaux d’investissement public comme privé restent inférieurs à ceux de certains pays comparateurs. En effet, le taux d’investissement est de 25,5 % du Produit intérieur brut (Pib). Ce ratio apparaît faible par rapport à ceux de la Malaisie et de la Thaïlande (50 %) ainsi que de la Corée du Sud (43 %), durant leur période de transition économique.
Selon le rapport du ministre de l’Economie, l’analyse des contraintes à l’investissement privé révèle deux contraintes majeures, à savoir le coût élevé de l’énergie et son faible accès. Mais aussi, les risques microéconomiques relatifs à la lourdeur des procédures de paiement d’impôts et du système judiciaire, la réglementation du travail ainsi que les barrières non tarifaires. En plus de cela, il a été relevé une faible efficacité de l’investissement global, liée aux insuffisances constatées dans la gestion des dépenses publiques. Par ailleurs, les agents de l’économie nationale soutiennent que le pays dispose d’un modèle économique insuffisamment tiré par les exportations par rapport aux pays de référence. A ce niveau, il a été souligné que les principales contraintes au développement des exportations sont la faible pénétration aux marchés mondiaux. L’autre goulot d’étranglement de ce secteur est la faible transformation des produits exportés, la faible sophistication des produits exportés et l’insuffisance de réseau d’infrastructures de commerce et de transport.
Pis, les rapporteurs ont révélé que le pays dispose d’une économie qui est essentiellement dominée par les services. Ainsi, la croissance est caractérisée par une prédominance des services. Ainsi, l’activité dans le domaine des services pèse près de 61 % du total de la valeur ajoutée sur la période 2014-2018 contre 62,1 % entre 2009 et 2013. A cet effet, le secteur secondaire occupe 22 % de la valeur ajoutée totale et sa contribution s’est améliorée sur la période de mise en œuvre du Plan Sénégal émergent comparée à la période de 2009-2013. De même, le secteur primaire avec une croissance très volatile liée aux aléas climatiques, ne contribue que très faiblement à la valeur ajoutée, soit 17 % du Pib sur la période 2014-2018 contre 16,1 % entre 2009 et 2013.
En outre, il a été constaté que le sous-secteur des télécommunications et des postes affiche des faiblesses dans la diversification des usages, le renforcement des compétences, l’accessibilité et le coût élevé de l’internet et la réalisation d’infrastructures, limitant ainsi les effets d’entraînement du numérique sur la croissance des secteurs productifs. Par ailleurs, les activités de transformation et de conservation de viande et de poisson, de fabrication des produits à base de tabac et le travail de grains ressortent comme des sources de croissance en déclin. «En définitive, parmi les secteurs identifiés dans la phase I du Pse, seules les mines s’affichent en véritable moteur de croissance. L’agriculture industrielle et vivrière, le transport et la construction demeurent toujours à l’étape de secteurs émergents. A contrario, les secteurs des postes et des télécommunications, de la pêche et du tourisme ressortent comme des sous-secteurs à croissance faible», indique le document.
Adama COULIBALY
Walf