Au delà de la bourse d’un étudiant, toute une vie.

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La bourse, c’est la vie de l’étudiant. Son importance lui déborde, va au delà du simple cadre universitaire et épouse toue l’étendue de ses interactions sociales. En réalité, derrière le simple geste d’appuyer sur quelques touches du guichet automatique de banque (GAB) ou sur son téléphone pour voir dérouler devant lui une somme d’argent que l’Etat lui accorde chaque mois sur la base officielle de critères de mérite et d’excellence, l’étudiant reçoit tout ce qui fait sa vie et celle de ses proches.

Au sein du campus social, la dignité de l’étudiant est suspendue à sa bourse. C’est d’abord dans sa propre chambre et au milieu de ses camarades qu’elle agit en premier en tant qu’élément distinctif entre les apprenants. Il s’établit, pour emprunter un terme cher à Karl Marx, un vrai « système de classes » qui s’accompagne d’un regard social derrière toute une panoplie d’images, de préjugés et de représentations. Avec la bourse, l’étudiant acquiert une réelle assurance sociale et une très grande fierté parmi ses camarades.
Au niveau du campus pédagogique, la bourse se transforme en un ressort puissant sur lequel l’étudiant s’appuie pour renforcer sa solidité et sa stabilité psychologique. Sous ce rapport, la bourse constitue chez lui un facteur déterminant d’optimisation de ses capacités cognitives et de performance dans les études. Elle représente ainsi, la clé de voûte de la réussite de l’étudiant et la garantie d’un avenir professionnel certain.
En dehors du cadre universitaire, la bourse place l’étudiant au cœur des interactions humaines. Ce qui lui permet de sentir une vraie existence sociale. Par le jeu des échanges autour de la symbolique et de la valeur fonctionnelle de la monnaie, la bourse de l’étudiant participe considérablement au bonheur de la famille et des proches. C’est là où elle revêt un caractère important de la vie sociale. D’ailleurs, elle a fini par emporter la vie de Fallou, changer celle de sa propre famille et modifier la trajectoire professionnelle de hauts responsables universitaires. Elle impactera la vie de certains agents des forces de Sécurité et de défense et de leurs commandants.

Tout ce qui précède démontre à suffisance que la question boursière est trop sérieuse pour s’accommoder d’une politique approximative de la part de l’Etat. Ce qui est sûr, c’est que si les pouvoirs publics ne s’emploient pas urgemment à trouver des solutions durables et définitives à la crise boursière cyclique qui secoue les universités, ce sera pour bientôt la fin de la vie de l’enseignement supérieur, lui-même. Des signes sont déjà apparus à l’Université Gaston Berger de Saint Louis où les flammes de la furie des étudiants ont emporté une grande partie du bâtiment qui abritait le Rectorat. Et la question que tout le monde se pose c’est de savoir combien de temps faudra t-il au nouveau Recteur, ne serait-ce que pour trouver de nouveaux locaux pour son administration ?

En attendant, nous ne pouvons qu’espérer que cette situation ne dure pas trop « long-temps » et que ces flammes qui ont dévasté le centre stratégique de ce haut lieu du savoir n’emporteront pas aussi toute la vie de l’enseignement supérieur au Sénégal, et avec elles, l’avenir de toute une nation.

 

Khalifa MBODJ
Ancien étudiant de Sanar

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