SENTV : Au Sénégal, près de 20 000 cas de tuberculose ont été enregistrés en 2021. Les régions de Dakar, Thiès, Diourbel, Kaolack, Ziguinchor et Saint-Louis sont les plus touchées par cette maladie qui tue une personne chaque 3 heures.
En prélude à la Journée mondiale célébrée demain à Richard Toll et qui a pour thème ‘’Oui ! Nous pouvons mettre fin à la tuberculose !”, la coordinatrice du Programme national de lutte contre la tuberculose (PNT) a fait face à la presse, hier. Le docteur Yacine M. Diop fait remarquer que la tuberculose est un problème de santé publique mondial, du fait que c’est une maladie transmissible qui figure parmi les grandes causes de mauvaise santé. Elle est une des premières causes de décès dans le monde ; première cause de décès imputable à un agent infectieux unique devant le VIH/sida, avant la Covid-19.
Dans le monde, selon un rapport mondial TB/OMS de 2022, il y a eu 10,6 millions de tuberculeux. Chaque trois secondes, une personne chope cette maladie. Elle a provoqué 134 cas incidents sur 100 000 personnes et 7,7 % des cas de TB ont été notifiés chez des personnes vivant avec le VIH. Le document a aussi fait cas de 1,3 million de décès (soit une personne chaque 20 secondes). Un total cumulé de 167 164 cas de TB pharmacorésistante avaient été détectés. Tandis que deux tiers des cas attendus de TB pharmacorésistante n’avaient pas encore été notifiés.
Il ressort du document aussi que le pourcentage de cas de tuberculose co-infectés par le VIH était supérieur dans des pays de la Région africaine de l’OMS, de plus de 50 %. ‘’Au Sénégal, il y a 113/100 000 personnes, près de 19 463 cas ont été notés. Six régions regroupent 82 % des notifiés. Il s’agit de Dakar, Thiès, Diourbel, Kaolack, Ziguinchor et Saint-Louis. Cette maladie a fait 2 980 décès estimés liés (une personne toutes les 3 heures), 420 décès en 2021. Il y a eu 14 053 cas incidents notifiés, soit près d’un tiers de manquant (28 %). Il y a aussi 81 cas de TB pharmacorésistante, près de 200 attendus. Moins de 5 % des cas, toutes formes attendues, sont notifiés chez les enfants (cible à 11 %), 89,4 % de succès thérapeutique pour les malades traités en 2021 (cible à 90 % en 2035)’’, renseigne la coordinatrice.
Elle ajoute : ‘’Au Sénégal, chaque 3 heures, une personne décède de tuberculose. On parle de tiers manquant, quand ils n’ont pas été retrouvés. Ils sont au nombre de 14 053 cas, en 2021. Il faut renforcer le système de dépistage.’’
Dans ce sens, elle révèle que la PNT a été créée en 1985 et qu’elle a intégré tous les niveaux de la pyramide sanitaire. L’Unité centrale de coordination nationale a neuf bureaux, 25 unités, 14 régions médicales, 79 districts sanitaires, 98 centres de diagnostic et de traitement (CDT), 820 postes de santé offrant le traitement, 562 organisations communautaires de base (OCB) impliquées, un laboratoire national de référence de mycobactéries (LNR), 12 laboratoires régionaux, 152 unités de microscopie, 53 machines GeneXpert.
Le financement de la lutte, renseigne-t-elle, est assuré par l’État et ses partenaires comme le Fonds mondial et Action Damien.
Défis
Parmi les défis à relever dans la lutte contre la tuberculose, il y a les gaps de couverture en traitement pour toutes les formes ; un équipement insuffisant en outils de diagnostic rapide comme les appareils GeneXpert ; des activités de promotion/prévention insuffisamment développées ; la redevabilité multisectorielle timidement développée ; un gap de financement de 73 % pour le Plan stratégique national pour la période 2018-2022 et la mise en place de services essentiels de lutte contre la tuberculose.
‘’Nous sommes en train de voir comment obtenir un financement conséquent. On compte miser sur le financement domestique’’, révèle le Dr Diop.
S’agissant des orientations phares, la coordinatrice cite : la mise en place, en collaboration avec le CNLS et le PNLH, de paquets intégrés de services de base tuberculose, VIH, hépatites virales et IST, à travers le nouveau Plan stratégique intégré 2023-2030, selon le cycle de vie et les besoins du patient ; le renforcement de la qualité, de l’accès et de l’équité dans l’offre de soins de dépistage, de traitement et de soutien des malades ; une meilleure prise en charge des populations vulnérables et des groupes à risque ; l’intensification de la réponse communautaire et des activités d’IEC ; un meilleur développement de l’approche et de la redevabilité multisectorielle ; la préparation de la riposte aux urgences sanitaires ; l’accroissement considérable des financements surtout domestiques.
‘’Nous avons commandé deux études pour savoir ce qui prouve cette barrière et comment faire pour les résoudre. Les experts sont actuellement en formation. Une étude avait montré que seuls 56 % des personnes ont des informations liées à la maladie”, indique la coordinatrice du PNT. Selon qui le test se fait en 2 heures et est gratuit. C’est en vigueur depuis 2012.
‘’Une stratégie est en train d’être mise en œuvre pour mettre fin à cette maladie’’
‘’Pour le traitement, il n’y a plus de vaccin, mais juste que des comprimés. Il marche aussi. Nous avons 89 % de taux de thérapie. C’est un grand pas pour le Sénégal. Que ceux qui ont des signes viennent se faire tester. Si c’est positif, ils seront soignés avec des mesures d’accompagnement. Beaucoup de mesures ont été prises dans ce sens. Tout cela juste pour lutter contre cette maladie dans le pays’’, insiste-t-elle.
La Journée mondiale de la tuberculose (JMT) est célébrée chaque 24 mars. Elle commémore la découverte du bacille de la TB par le Dr Robert Koch ouvrant la voie au diagnostic, au traitement, mais aussi au développement de différentes interventions pour lutter contre l’épidémie.
“Une stratégie est en train d’être mise en œuvre pour mettre fin à cette maladie. Depuis 2018, nous y sommes. Il faut l’engagement de tous. Que chacun s’y mette. Je voudrais aussi dire que l’objectif principal de cette journée est de renforcer la sensibilisation et l’engagement de tous les acteurs et de la communauté dans la lutte contre la tuberculose. L’année 2023 est cruciale pour nous tous, engagés dans la LAT (lutte anti-tuberculose), en raison de la deuxième réunion des Nations Unies sur la tuberculose prévue en septembre. Ainsi, elle est considérée comme l’année de l’espoir pour obtenir un soutien, une attention et une énergie sans réserve pour une génération sans tuberculose’’, lance le docteur Yacine M. Diop.
Avec L’Enquête