Un peuple dans les griffes de la politique : Ne faut-il pas un peu de retenue ? Par Diene Farba Sarr

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SENTV : Je m’amourachais avec une fière allure de la maturité politique de mes compatriotes qui se sont largement abreuvés des sources jaillissantes des grandes doctrines. Elle me ravissait mais graduellement mon ardeur s’amoindrit et s’étiole progressivement.

Conférences, débats, tables rondes et plaidoyers cèdent la place aux dérives verbales qui s’amoncellent comme annonciatrices de terribles orages. A terme, ils risquent d’éclater et d’inonder le pays tout entier. Et ce sera le chaos si des esprits forts de bonne volonté n’intercèdent pas.

Dans le processus d’évolution historique de notre pays, des générations d’intellectuels politiques d’envergure mondiale ont donné au Sénégal ses lettres de noblesse par la puissance de leur réflexion dans leur domaine de compétence. Elles n’étaient guère des esprits fumeux et superficiels mais des politiques dont l’activité reposait sur l’exercice de l’esprit. Ils étaient plus habiles théoriciens, formés dans l’art de convaincre et de faire passer le message.

Le pays a vu évoluer beaucoup de personnalités politiques de toutes obédiences qui se sont distinguées sur la scène internationale par leurs écrits ou leurs contributions. Suffisant alors pour le hisser au panthéon de la réflexion et des contradictions fructueuses, socles d’un dynamisme théorique de la rhétorique conceptuelle au service de l’action politique pour nos populations.

A chaque fois qu’un symbole de la République était éclaboussé, des voix s’élevaient pour effacer la tâche hideuse de boue. De la même manière, elles pouvaient aussi dénoncer des dérives violentes qui pouvaient mettre en péril la stabilité de la société. En définitive, elles étaient pondérées dans les opinions et les jugements.
A y penser, des réminiscences me délectent de plaisirs. Leur passion était de défendre, avec la
dernière énergie, la victoire du droit dans la décence et l’élégance du verbe.

Ce n’est pas si fréquemment que je m’étais laissé aller à un tel enthousiasme mais, il faut le reconnaitre, la politique était pour notre génération une passion ridée par des charmes immenses, même si parfois, il faut passer par des amertumes. Ce temps est maintenant révolu car des énergumènes ont craché leur mépris sur la loi et la morale pour servir l’anarchie et la violence.

Aujourd’hui, il est établi que la charpente intellectuelle qui soutenait l’échafaudage pour la construction des valeurs démocratiques s’est rompue et d’abominables individus, dont l’intelligence semble médiocre, ont décidé de piétiner dédaigneusement les fondamentaux qui raffermissent ces valeurs. Délibérément, Ils semblent confondre liberté d’expression contrôlée et anarchie.

Ahuris et meurtris par les menaces et les propos outrageux, les hommes et les femmes politiques de la Nation se sont précipités en catimini dans leurs habitations pour loucher avec émoi les monstruosités de la rue à travers des volets semi-ouverts. Ils ont peur d’être happés par la frénésie tapageuse des assaillants et ont déserté le champ politique. Cette absence inquiétante de l’élite intellectuelle politique, symbole de l’art oratoire, a permis à des esprits follets, des farfadets et lutins d’occuper majestueusement la scène politique en dressant des consciences endormies contre des êtres bienveillants et purs.

Ma vigoureuse protestation résulte du hurlement de mon âme enflammée et volontairement, j’ai décidé de me départir de mon silence amer pour indexer du doigt cette situation inconfortable dans laquelle baigne mon pays. Ainsi j’essayerai de projeter un brusque flot de lumière sur les visages hypnotisés d’une certaine jeunesse moutonnière et d’autochtones grégaires qui bravent encore la tempête des gaz toxiques. Ils semblent vouloir ressembler à des monstres que des adultes ont fabriqués avec leurs regrets. Puisqu’ils ont osé, j’oserai moi aussi car mon devoir est de parler pour ne pas être un acolyte.

Dès lors, mon devoir est de demander à mes compatriotes et à la jeunesse de mon pays notamment de jeter un regard rétroactif sur le passé de leurs aïeux en s’imbibant de règles et principes qui édictent rigoureusement la conduite et les mœurs appropriées pour être un bon
citoyen.

Or, l’attitude citoyenne doit être caractérisée par ce désir ardent de protéger nos institutions qui nous sécurisent. Alors, les fragiliser signifierait leur ôter toute crédibilité, toute autorité et éteindre l’image qu’elles renvoient.

Ainsi, l’esprit, la foi, l’adhésion et le consensus populaire qui les portent et les animent s’envolent et il ne restera que pagaille, désobéissance, dégradation, anarchie, révolte, violence et incivisme car le verrou psychologique et affectif qui sous-tend les rapports avec les institutions aura sauté dans nos mentalités et c’est le Sénégal qui en pâtirait. Dès lors, ne faudrait-il pas un peu de retenue ?

Je voudrai dire aux détenteurs de suffrages qu’un Président est le produit de son peuple souverain qui l’a choisi. Le Président du Conseil Constitutionnel l’installe et l’honore. S’il sort
triomphant des élections, c’est parce que le peuple souverain a reconnu en lui, avec l’instinct que lui donnait son sombre et mystérieux avenir, l’élu du destin.

Dans notre pays, la période préélectorale est véritablement cauchemardesque à cause des rapports conflictuels entre le pouvoir et les partis d’opposition et cela pour plusieurs raisons : le problème du troisième mandat, précocement agité et les problèmes de droit reprochés à Ousmane Sonko gangrènent la vie politique au Sénégal. En ce qui concerne le troisième mandat, ni le Président de la République, ni le Conseil Constitutionnel ne se sont encore prononcés sur cette lancinante question. Les deux camps s’épouvantent et la nation est frappée de stupeur. La société civile aussi est interpellée à son tour.

Le jacassement collectif et anticipatif des acteurs politiques dépasse nos frontières et seul le Conseil Constitutionnel, une juridiction compétente pour apprécier la conformité des lois et des règlements, pourrait arbitrer cette question et donner un avis irréfutable qui serait connu et appliqué par tous. Le verdict final pourrait atténuer cette effervescence qui s’est diffusée jusque dans les hameaux les plus lointains. Mais il n’est pas encore rendu !

En sus de cela, tous les candidats potentiels ne sont pas encore connus. En dehors de quelques têtes qui sont encore visibles sur la surface ridée et écumeuse de l’eau, Ousmane Sonko, dans ses errances juridico-politiques, cherche avec ses avocats à sortir des mailles épaisses de la justice.
Idrissa Seck, un prud’homme de l’immoralité, par sa résurrection politique entre bruyamment en
scène pour tenter le diable. Karim Wade, un exilé fantomatique tergiverse sur sa candidature.

En dernière analyse, la décision qui sera rendue par le Conseil Constitutionnel pour connaitre ceux qui seront arrimés sur le starting block sera suivi de la sanction de l’opinion générale des sénégalais qui auront à choisir leur Président. Il ne sera pas n’importe qui car il va falloir dépasser les considérations affectives, hâtives et superficielles pour mettre en valeur les traits de caractère des candidats pour savoir s’ils correspondent réellement à ce que la nation attend d’eux. Il faut le reconnaitre, la fonction présidentielle est très importante et si sérieuse qu’elle ne doit pas être occupée par n’importe quel citoyen. Les compétences réelles requises doivent pouvoir
être vérifiées et les qualités humaines évaluées.

Le Président de la République est à la fois Chef de l’Etat, Chef des Armées et de l’Exécutif. Il veille au respect de la Constitution et est garant de l’Indépendance nationale, de l’intégrité du territoire. C’est pourquoi, en dehors de l’élégance qui est essentielle, le Chef de l’Etat par sa notoriété reconnue doit rendre son pays honorable au concert des nations. Il doit être attentif, respectueux, soucieux du bien-être de ses administrés notamment son équipe. Il doit être un leader qui, au-delà de sa mission, serait un véritable meneur d’homme. Ce n’est pas tout ! Le Président doit être humble, modeste, avoir la force de caractère avec l’aptitude de persuasion de ses collaborateurs pour prendre une décision. Il doit être intelligent, courageux et honnête. Un bon Président doit avoir une vision, un programme, une connaissance des sujets les plus essentiels comme les problèmes militaires, financiers, éducatifs et sociaux pour une meilleure incarnation de la nation. Nous attendons entre autres qualités et vertus d’un Président de la République, qu’il ait le sens de l’écoute et un esprit d’anticipation. C’est une exigence essentielle avec les aléas de l’ère du Pétrole et du Gaz au Sénégal.

Il ne semble pas évident que tous ces attributs puissent se retrouver chez une même personne mais il y a un minimum requis pour gouverner convenablement un pays.
Parmi ces quelques probables candidats en lice, j’en connais un depuis novembre 1998. Je fus un de ses proches collaborateurs depuis 2004 et il
s’appelle Macky Sall pour qui j’avais écrit un livre en 2011 intitulé « Macky Sall, un combat pour la
République ». N’étant ni courtisan suborneur, ni flagorneur, je peux affirmer rigoureusement que cet homme a un désir ardent pour le travail bien fait. Il a fait dans ce pays beaucoup plus qu’on espérait de lui. Comme un orfèvre, il a su pétrir de la boue pour en faire de l’or. Et c’est ce métal précieux qui scintille partout en mer, sur terre et dans le ciel.

Ainsi, comme le disait Gandhi, « vouloir travailler est un désir si rare qu’il mérite d’être encouragé. C’est une condition de joie et de paix et nous devons vivre dans la joie et dans la paix ».

DIENE FARBA SARR
Membre du Secrétariat National Exécutif de l’APR
Chargé des relations extérieures

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