Aïssatou Sané : «Comment le bracelet électronique a empoisonné ma vie» (PHOTOS)
SENTV : Cette enseignante officiant à Dakar est responsable des femmes de Pastef à Tenghory, à Bignona, et conseillère départementale de cette localité. Elle a été arrêtée le 15 mars dernier à la Cité Keur Gorgui pour participation à un attroupement non-autorisé et trouble à l’ordre public. Elle a été renvoyée en prison mercredi dernier à la suite de la révocation de sa liberté provisoire pour violations des restrictions imposées par le port de cet objet qui limite ses déplacements. Elle a confié son calvaire à L’Observateur avant son retour au Camp pénal.
«Certes, je ne suis plus enfermée entre quatre murs, mais dans ma tête, je suis toujours en prison (…). Je n’ai commis aucun délit, donc si l’on m’impose de porter le bracelet électronique, je dois le faire avec dignité. Cela ne doit pas m’empêcher de crier tout haut que cet outil a commencé à empoisonner ma vie.
«Mes déplacements sont restreints. À quelques jours de la Korité, j’étais à Yarakh pour voir un parent, mais en cours de route, les agents qui me surveillent à distance, m’ont appelée pour me dire que j’ai franchi une autre zone. Le jour du Laylatoul Khadr, mon oncle est décédé à Bignona, mais je ne pouvais prendre part à la cérémonie religieuse. Je ne peux plus non plus assister aux réunions du conseil départemental de Bignona où je suis conseillère.
«Mes activités sont toutes tombées à l’eau. Je ne peux plus dispenser des cours à domicile ni faire mes autres occupations qui me permettent d’arrondir les fins de mois (…). Quand je marche dans la rue pour aller à l’école, les gens braquent leurs regards sur mon pied droit où se trouve le bracelet. Je suis stigmatisée, mais je n’ai pas le choix.
«Je vis une situation très difficile. Je vis un traumatisme sans précédent. Dês que mon téléphone sonne, je frissonne, pensant que ce sont les gardes qui m’appellent. Ils le font souvent pour me demander de recharger le bracelet. S’ils ne parviennent pas à me joindre, ils passent par ma sœur. Ma famille est également traumatisée…»