Blocage de la route maritime Dakar – Ziguinchor : Jusqu’à quand* ?

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SENTV : Un « naufrage administratif » a finalement eu raison de la desserte maritime Dakar – Ziguinchor. Plus aucun bateau ne relie la capitale et le sud du pays. Et cela fait maintenant 5 mois que cela dure ! Le dernier navire sur cet axe, c’était « Aline Sitoë Diatta ». Et depuis juin 2023, plus rien. Le bateau est à quai, les rotations suspendues. Pour « raisons de sécurité », nous dit-on. « C’est une mesure que les autorités ont prise en nous demandant de suspendre les rotations », renseigne Abdou Salam Kâne, directeur de l’exploitation du Consortium sénégalais d’activités maritimes (Cosama). Le Cosama assure l’exploitation des trois navires de la desserte Dakar – Ziguinchor : « Aguène », « Diambogne » et « Aline Sitoë Diatta ». Les deux premiers ont disparu des radars maritimes depuis belle lurette. Seul « Aline » assurait encore il y a encore guère si longtemps les rotations. Mais seulement voilà depuis les manifestations de juin dernier, le bateau est à l’arrêt. En cale sèche.

Les usagers ont été brutalement privés de leur bateau. Sans avis ni préavis. « Il n’y a rien d’affiché, il n’y a aucune information », déplore Gabriel Coly, gérant de l’Hôtel Carabane sur l’île éponyme. « C’est un impact énorme sur le tourisme à Carabane. C’est terrible parce que Carabane c’est une île, nous sommes enclavés, isolés. Le seul moyen de locomotion qui permet à nos touristes d’accéder directement à l’île, c’est le bateau « Aline Sitoë Diatta ». C’est vraiment un manque à gagner terrible », dit-il. Chez les commerçants, même constat, même complainte et même calvaire. Bineta Sagna tient un étal au « Marché diola » sis au Marché central au poisson de Pikine. « Nous nous rabattons maintenant sur les « horaires » pour transporter nos marchandises de Ziguinchor à Dakar. Il y a plus de dépenses sans compter les appels téléphoniques incessants pour s’informer de l’heure d’arrivée des bagages. C’était plus simple avec le bateau », se résigne-t-elle. Non sans craindre une prolongation de la suspension des rotations : « Le Cosama n’a rien dit lors de la suspension des rotations. Avec la campagne électorale qui s’annonce, les rotations vont-elles reprendre » ? C’est le silence radio du côté de la tutelle. Les préposés à la communication du ministère des Pêches et de l’Economie maritime optent pour l’omerta. Les plus chanceux sont redirigés vers la direction du Cosama. « Ils n’ont qu’à parler aux gens », recommande Alioune Sarr, le président du Réseau des îles de la Basse-Casamance. Il reste convaincu que « l’Etat laisse faire ».

Auteur de plusieurs initiatives citoyennes sur l’île de Carabane, Alioune Malick Guèye déplore également la suspension des rotations du navire « Aline Sitoë Diatta ». « L’économie est carrément à terre au niveau de Carabane et dans les autres îles », soutient-il. D’après le président de l’Association pour le développement de Carabane (Adc), les insulaires comptaient beaucoup sur le navire pour transporter leurs marchandises et vivre de l’économie du transport après la réduction des terres de culture et la baisse de la production en raison de l’érosion côtière. Pour rejoindre Dakar, « les Carabanais sont obligés de débourser plus ». « Il suffisait de payer 5000 francs pour aller à Dakar avec le bateau, mais là vous êtes obligé de faire le grand tour et payer 15.000 francs, 20.000 francs ou plus », raconte le président de l’Adc, Alioune Malick Guèye.

Hôteliers, opérateurs économiques, insulaires ou encore les habitants de Ziguinchor et d’autres villes de la Casamance,bref les usagers, ne souhaitent qu’une seule chose : la reprise des rotations. D’ailleurs, une pétition a été initiée dans ce sens. Ils espèrent, cette fois-ci, que leurs doléances ne tomberont pas dans l’oreille d’un sourd. Parce que la suspension des rotations sur la ligne maritime Dakar – Ziguinchor fait bien plus de mal que de bien.

PAR PAPA MOCTAR SÉLANE*

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