Retrait du traité FNI: le service après-vente américain à Moscou

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Le conseiller américain à la Sécurité nationale John Bolton vient de passer deux jours à Moscou, lors desquels il a tenté de justifier aux responsables russes qu’il a rencontrés le retrait américain d’un traité majeur,

le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI, ou INF en anglais). Et d’aborder les questions de sécurité internationale, avant de passer une heure et demie avec Vladimir Poutine.

Dépêché à Moscou après l’annonce du retrait des Etats-Unis du traité sur les armes nucléaires de moyenne portée, John Bolton a jugé très constructifs les entretiens qu’il a eus avec différents hauts responsables russes, rapporte notre correspondant à Moscou, Jean-Didier Revoin.

Le conseiller américain a su rester ferme, leur expliquant qu’ils violaient ce traité et que c’était la raison pour laquelle Washington devait le dénoncer, balayant d’un revers de main l’atteinte à la sécurité mondiale brandie par la Russie.

« Le problème, a-t-il dit depuis Moscou, c’est qu’il y a des missiles russes violant le traité FNI déployés en Europe maintenant. La menace n’est pas le retrait américain du traité ; la menace, ce sont les missiles. »

Corentin Brustlein: «Il y a une détermination claire de l’administration, qui est très marquée par Bolton, pour sortir du traité»
24/10/2018 – par Oriane Verdier Écouter
Voilà plusieurs années que les Etats Unis accusent la Russie de violer ce traité, rappelle à RFI, Corentin Brustlein, directeur du centre des études de sécurité à l’Institut français des relations internationales (Ifri). Les Américains « ont souligné que les violations datent d’il y a longtemps, les accusations américaines datent d’il y a longtemps aussi… ».

Et le déploiement de missiles par de nouveaux pays inquiète beaucoup les Etats-Unis. John Bolton a encore qualifié le FNI de « traité bilatéral dans un monde multipolaire ». Pour Corentin Brustlein, directeur du centre des études de sécurité à l’Institut français des relations internationales (Ifri), le problème – plus que les violations du traité par les Russes – est en effet la menace croissante que représentent pour les Etats-Unis des puissances comme la Chine.

Il y a une compétition qui s’amorce avec la Chine et la Russie. Les Etats-Unis sont bien positionnés pour la gagner. Si ça consiste à déployer des systèmes plus performants que les autres, les Etats-Unis n’ont pas peur de le faire et il vont remporter cette compétition (…) Donc, les traités comme le traité FNI, si on partage cette vision-là, ne sont que quelque chose d’encombrant, une relique encombrante

M. Bolton a rencontré son homologue russe Nikolaï Patrouchev et le chef de la diplomatie. Avec eux, il a passé en revue des problèmes allant de la Syrie à la lutte anti-terroriste, en passant par l’ingérence russe qu’il a qualifiée d’« inefficace ».

Il s’est aussi entretenu une heure et demie avec Vladimir Poutine, lui signifiant que Donald Trump était prêt à une rencontre en France lors des célébrations du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Proposition acceptée.

Depuis l’annonce samedi dernier par Donald Trump que les Etats-Unis souhaitaient se retirer de l’accord bilatéral FNI, passé avec la Russie pendant la guerre froide, les réactions internationales se sont succédées. L’Union européenne a notamment qualifié ce traité de « crucial » pour la sécurité mondiale.

RFI

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