La rationalisation des partis politiques au Sénégal : entre urgence démocratique et défis structurels

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SENTV : La scène politique sénégalaise est caractérisée par une prolifération de partis politiques, avec plus de 400 formations officiellement reconnues. Cette situation soulève des préoccupations quant à la lisibilité et à l’efficacité du système démocratique du pays.

Lors de son discours à la Nation le 31 décembre 2024, le président Bassirou Diomaye Faye a exprimé sa volonté de « rationaliser » le paysage politique sénégalais, en mettant l’accent sur la nécessité d’apporter plus de lisibilité et de transparence.

La loi n° 81-17 du 6 mai 1981, modifiée en 1989, encadre le fonctionnement des partis politiques au Sénégal. Elle impose notamment des obligations telles que la déclaration annuelle de l’administration et des états financiers des partis, ainsi que l’interdiction de tout financement étranger. Cependant, ces dispositions restent largement inappliquées, compromettant ainsi l’accès des partis aux médias publics et leur participation effective au processus démocratique.

La prolifération des partis politiques est souvent perçue comme un obstacle à la consolidation démocratique, diluant les voix et rendant le paysage politique difficilement lisible pour les électeurs. La rationalisation envisagée vise à renforcer la démocratie en réduisant le nombre de partis, tout en respectant le pluralisme et la liberté d’association garantis par la Constitution.

Cependant, cette initiative suscite des débats. Certains acteurs politiques craignent que le processus de rationalisation ne serve à légitimer des décisions déjà prises, sans véritable concertation. Ils appellent à un dialogue inclusif pour s’assurer que la réforme respecte les principes démocratiques et n’entrave pas la diversité politique.

La réussite de cette entreprise dépendra de la capacité des autorités à appliquer rigoureusement les lois existantes, à engager un dialogue constructif avec l’ensemble des acteurs politiques et à mettre en place des mécanismes transparents pour le financement et le fonctionnement des partis. Il s’agit d’un chantier complexe, nécessitant une volonté politique forte et une implication active de tous les acteurs concernés.

En somme, la rationalisation des partis politiques au Sénégal demeure un défi persistant. Sa mise en œuvre efficace pourrait contribuer à renforcer la démocratie et à améliorer la gouvernance politique, à condition qu’elle soit menée dans le respect des libertés fondamentales et des principes démocratiques.

 

Djibrirou Mbaye 

La Rédaction de la SENTV.info

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