SENTV : Dakar, 28 janvier 2025 – Le Sénégal ne veut plus se heurter aux lourdeurs administratives imposées par l’Union européenne (UE) en matière de visas. Lors du Dialogue de partenariat annuel, tenu hier à Dakar, la ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, Yassine Fall, a porté une critique ferme contre un système jugé inefficace, discriminatoire et contraire à l’esprit du partenariat entre les deux parties.
Un processus jugé « lent, coûteux et restrictif »
Depuis plusieurs années, les demandeurs de visas sénégalais dénoncent une procédure fastidieuse et onéreuse : des délais d’attente interminables, des frais élevés et une absence de transparence dans l’attribution des visas. Mme Fall a particulièrement pointé du doigt la rétention des passeports par les ambassades, une pratique qui prive les citoyens sénégalais de toute alternative pendant l’instruction de leur demande.
« Il est inacceptable que nos citoyens subissent ces entraves alors même que le Sénégal et l’UE entretiennent un partenariat économique et stratégique solide », a déclaré la ministre. Elle a exigé une réforme en profondeur pour assouplir ces restrictions, arguant que la mobilité des Sénégalais ne devrait pas être perçue comme une menace, mais comme un levier de coopération.
Un appel à un partenariat équilibré
Derrière cette revendication, Dakar plaide pour une relation plus équitable et réciproque avec l’UE. Alors que les entreprises européennes bénéficient d’un accès relativement fluide au marché sénégalais, les citoyens du pays, eux, se heurtent à un véritable parcours du combattant pour obtenir un simple visa de court séjour. Une asymétrie qui, selon Mme Fall, va à l’encontre de l’esprit de la Vision Sénégal 2050, axée sur une intégration africaine renforcée et une ouverture maîtrisée vers le monde.
« L’accès aux opportunités ne peut être à sens unique. Nous devons avancer vers une simplification des procédures et une meilleure reconnaissance de nos réalités », a-t-elle martelé devant les représentants européens.
Bruxelles sous pression : vers une réforme en vue ?
Face à ces critiques, l’Union européenne a reconnu la nécessité d’améliorer la gestion des visas mais n’a pris aucun engagement concret. Un groupe de travail mixte devrait être mis en place dans les prochaines semaines pour examiner les demandes de Dakar et proposer des ajustements.
Si le Sénégal maintient la pression, cette question pourrait devenir un point clé dans les futures négociations entre les deux partenaires. En attendant, les demandeurs de visas, eux, continuent de subir les effets d’un système contraignant et parfois arbitraire, dans l’espoir que leurs démarches soient bientôt simplifiées.
Mohamed Wagué
La Rédaction de la SENTV.info