SENTV : L’ancien président sénégalais, Macky Sall, qui a dirigé le pays de 2012 à 2024, est désormais sous la menace de poursuites judiciaires. Le gouvernement a annoncé vendredi que l’ex-chef d’État serait convoqué devant la justice pour répondre de sa gestion des finances publiques, marquée par des « faux chiffres » révélés dans un récent rapport de la Cour des comptes.
Une première dans l’histoire politique du Sénégal
Si la justice venait à engager des poursuites contre Macky Sall, ce serait une première historique pour un ancien président sénégalais. Depuis son indépendance en 1960, le Sénégal n’a jamais vu un de ses dirigeants poursuivi pour des actes commis durant son mandat.
Le régime en place, dirigé par Bassirou Diomaye Faye depuis avril 2024, se revendique du panafricanisme et prône une rupture avec les pratiques du passé. La mise en place de la Haute Cour de justice en décembre dernier ouvre la voie à d’éventuelles inculpations de l’ancien chef d’État et de ses collaborateurs.
Un rapport accablant de la Cour des comptes
Le rapport publié le 12 février 2025 par la Cour des comptes met en cause la gestion budgétaire sous Macky Sall. Selon ce document, l’encours de la dette atteindrait 99,67 % du PIB, un chiffre bien supérieur aux estimations annoncées par l’ancien régime. Le déficit budgétaire, lui, aurait été sous-évalué, passant de 4,9 % à 12,3 % selon le recalcul des experts.
Moustapha Ndjekk Sarré, porte-parole du gouvernement et ministre de la Formation professionnelle, a déclaré sur la radio RFM : « Inévitablement, il (Macky Sall) fera face à la justice. Il est le premier responsable d’actes extrêmement graves qui ont été posés. »
Macky Sall dénonce un « procès politique »
Depuis son exil au Maroc, Macky Sall a fermement rejeté ces accusations dans un entretien accordé à Jeune Afrique. Il affirme que la Cour des comptes a toujours validé les audits financiers sous son administration et qualifie les accusations de « procédés politiques ». « Je n’ai peur de rien. Ils peuvent poursuivre s’ils veulent », a-t-il déclaré.
Une justice indépendante mise à l’épreuve
Le ministre Sarré a rappelé que Macky Sall bénéficie d’un « privilège de juridiction » en tant qu’ancien président et que la justice tranchera en toute indépendance. « Si la justice trouve qu’il n’a rien fait, il sera épargné », a-t-il précisé.
Parallèlement, le gouvernement a annoncé la future abrogation de la loi d’amnistie votée en mars 2024 sous l’administration Sall. Cette loi couvrait les faits liés aux violences politiques entre 2021 et 2024, une période marquée par des tensions et des manifestations contre le pouvoir en place.
L’affaire Macky Sall, au-delà de ses implications judiciaires, marque un tournant dans l’histoire politique du Sénégal. La question de la reddition des comptes pour les dirigeants passés et actuels sera désormais au cœur du débat national.
La rédaction de la SENTV.info