Affaire Mahmadane Sarr : Un empire automobile au cœur d’un scandale financier de 14 milliards de FCFA

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SENTV : Le monde feutré des affaires sénégalaises est secoué par une affaire qui mêle luxe, politique et soupçons de blanchiment d’argent. Mahmadane Sarr, célèbre propriétaire de Lansar Auto et fils de Mbaye Sarr, PDG de Senecartours, a été placé sous mandat de dépôt. Ce mercredi 15 janvier, le Parquet du Pool Judiciaire Financier (PJF) a confirmé sa mise en détention pour une facture de location de véhicules à l’État atteignant 14 milliards de FCFA.

Un acteur clé du secteur automobile de luxe

Mahmadane Sarr, figure incontournable de la location de véhicules haut de gamme, dirige Lansar Auto depuis 2017. Implanté à Yoff, son parc automobile est réputé pour ses voitures prestigieuses, de Mercedes à Toyota, en passant par des BMW et des Nissan Patrol. Ces véhicules ont été loués, entre autres, à la Présidence de la République et à divers ministères sous le régime de Macky Sall, générant des revenus estimés à 2 milliards de FCFA par an.

Ce succès, couronné en 2020 par l’obtention d’un marché clé avec la présidence, a fait de lui un acteur stratégique dans la mise en œuvre du décret 2021-03. Cette réforme visait à réduire les dépenses liées aux véhicules administratifs tout en favorisant le secteur privé. Mais derrière cette réussite se cachent des zones d’ombre aujourd’hui mises en lumière par le PJF.

Des contrats douteux sous la loupe du PJF

Les enquêteurs du PJF reprochent à Mahmadane Sarr d’avoir surfacturé les prestations de location, profitant d’une opacité contractuelle et de l’absence de contrôles rigoureux. Le rapport de la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (Centif) mentionne des flux financiers inexpliqués avoisinant les 14 milliards de FCFA.

Convoqué à la Division des Investigations Criminelles (DIC), Sarr a tenté de justifier ces montants, mais ses explications ont été jugées insuffisantes. Selon une source proche de l’enquête, les documents fournis révéleraient des irrégularités flagrantes, renforçant les soupçons de blanchiment de capitaux.

Un système en question

Cette affaire pose la question de la gestion des fonds publics et des pratiques dans les marchés publics. Si l’État avait initié des réformes pour rationaliser les coûts liés aux véhicules administratifs, leur mise en œuvre semble avoir ouvert la voie à des abus. Le cas Mahmadane Sarr illustre les dérives possibles lorsque des acteurs privés bénéficient de contrats lucratifs sans contrôles adéquats.

Des implications politiques ?

L’arrestation de Mahmadane Sarr intervient dans un contexte où le PJF intensifie sa lutte contre les crimes économiques et financiers. Certains observateurs n’hésitent pas à voir dans ce dossier une volonté de solder les comptes d’une ère marquée par des pratiques controversées.

En attendant son procès, Mahmadane Sarr, autrefois symbole de réussite entrepreneuriale, devient l’un des visages d’une lutte judiciaire qui pourrait redéfinir les relations entre le secteur privé et l’État au Sénégal.

L’affaire ne fait que commencer, mais elle s’annonce déjà comme un test pour la transparence et la redevabilité dans la gestion des ressources publiques.

 

Moussa Siby

La Rédaction de la SENTV.info

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