SENTV : N’y a-t-il pas un moyen d’extraire le sucre contenu dans la pastèque pour le raffiner ? Et ce jus délicieux qu’elle produit, ne peut-il pas être une composante abondante et à bon marché d’une boisson sucrée nationale ? Partout dans nos rues, les pastèques pourrissent et les paysans sont angoissés de voir leurs récoltes finir dans les poubelles. Cette chair (dont raffolent les hommes et les bêtes) ainsi que son enveloppe ne peuvent-elles pas être reconditionnées pour servir d’aliment de bétail ? Est-ce une fatalité que de voir tous ces fruits pourrir chaque année ?
Y a-t-il dans ce pays une politique de développement de magasins de stockage, une chaine de froid, à même de permettre aux Sénégalais de consommer la pastèque toute l’année ? Les pays éclairés par les Lumières de la raison (qui ne confondent pas religiosité, piétisme et fatalisme) savent valoriser leur potentiel, ils savent comment devenir champion dans un domaine où la nature ou le savoir-faire de leurs fils leur donne un petit avantage. Il faut en finir avec cette conception cyclique de l’agriculture en mettant l’accent sur une chaîne des valeurs.
L’énergie dans la nature est inépuisable, seules l’ignorance et la paresse nous font craindre le pire. Il faut certes économiser, respecter la nature, ne pas l’exploiter de façon arrogante et superflue, mais il faut surtout diversifier les sources d’énergie, notamment celle bio. La pastèque, la coque d’arachide, le soleil, etc. : avec toutes ces ressources, doit-on être dans l’angoisse du déficit énergétique ? Donnons les moyens aux chercheurs, finançons la recherche, assignons-lui des objectifs réalistes, faisons travailler les scientifiques et ancrons dans notre société une dynamique de la recherche, seul gage d’une culture de la transformation.
La différence entre l’homme et l’animal est la culture qui, dit-on, est ce que l’homme ajoute à la nature. Mais alors, où est notre part d’ajout ? On ne peut pas continuer à exploiter la nature comme le faisaient nos ancêtre du XXIe siècle. Nous devons montrer notre ingéniosité dans l’innovation surtout dans le domaine agricole. Manger la mangue comme le fait n’importe quelle bête alors que même sa peau peut avoir une valeur industrielle, c’est donner raison à l’énergumène qui a postulé la notion d’histoire cyclique. Il faut qu’on avance. On a trop perdu du temps avec le folklore. Nous ne pouvons pas être les représentants de Dieu sur terre et nous contenter de nous comporter comme les animaux ! Nous ne sommes pas envoyées sur terre pour adopter l’attitude des anges. Les anges glorifient le seigneur à leur façon, les bêtes aussi, mais Dieu nous a donné le libre arbitre ! Par ce don sublime, nous devons nous montrer dignes d’être des créateurs et pas exclusivement des dévots. Peut-être que la meilleure façon de nous dévouer à Dieu est d’être responsables, et de nous-mêmes et de la nature.
Alassane K. KIATNE