REPRISE DES ENSEIGNEMENTS DANS L’ÉLÉMENTAIRE, LE MOYEN ET LE SECONDAIRE :
Je préfère une année blanche à une année scolaire bricolée. Soyons plus rigoureux et moins agités. Restons calmes et lucides. Pour ne pas avoir anticipé sur de pareils défis nous sommes en errance stratégique. Soyons moins figés et anxieux. Nous pouvons trouver ensemble de bonnes solutions pertinentes, réalistes, réalisables et largement acceptées. Sinon après la stigmatisation des malades de la COVID-19 nous aurons l’humiliation permanente des titulaires des diplômes Corona.
Il faut être originaire de la ville de MAWSYNRAM pour banaliser l’impact négatif des pluies hivernales et des travaux champêtres sur le déroulement normal des enseignements au Sénégal.
Plus de 53% des Sénégalais, selon le dernier recensement de la population et de l’habitat de l’ANSD, sont des ruraux.
En plus, les enfants des ruraux, élèves ou pas, vont, en grande partie, au champ pendant la saison des pluies. Il font partie de la main-d’oeuvre locale des familles rurales.
Je n’aimais pas trop, mais j’allais au champ au village pendant les grandes vacances à défaut d’aller les passer à Keur Madiabel et en Gambie. Je prenais même plaisir de prolonger un peu mes « temps annuels de paludisme » de chaque mois d’août (maname werou okhsatte).
Même les « écoles arabes » organisent leurs « moussara » avant l’hivernage.
Ceux qui ont étudié sérieusement les causes des faibles taux de fréquentation des écoles rurales pendant longtemps savent très bien que le lien avec les travaux champêtres et la pauvreté des familles à la rentrée des classes était établi. Heureusement, des solutions sont trouvées à travers une bonne sensibilisation.
Il ne faut pas trop avoir une sorte de hantise de l’année blanche. Une année blanche est moins dangereuse pour l’avenir de la nation et nos finances publiques qu’une année scolaire bricolée. L’éducation ne saurait jamais s’accommoder du bricolage sans engendrer des dégâts d’une extrême gravité. Même psychologiquement, les enfants sont en vacances pendant l’hivernage. Riresss.
Réfléchissez encore mieux sans position figée.
C’est d’ailleurs l’occasion de tirer les meilleures leçons de cette pandémie et de son impact sur l’école pour innover en matière d’éducation et de formation. Nos enfants ont un autre profil et leur environnement social est totalement différent de ceux de nos époques. C’est normal, mais il y’a des aspects très impressionnants. Quand je discute avec ma fille de 6 ans, je suis impressionné. Damako fan finalement. Elle est très informée et parle mieux français que certains …..
En échangeant avec certains amis, j’ai noté qu’ils sont autant éblouis par leurs enfants. Nous avons ces profils d’écoliers en milieu urbain d’une certaine classe sociale, d’une part, et en zone rurale pour certaines catégories sociales, d’autre part, nous avons des enfants extrêmement intelligents aussi mais dépourvus des opportunités nécessaires à la bonne maîtrise prématurée de la langue officielle et d’éducation au Sénégal et d’accès aux outils numériques. Étant donné que l’intelligence de l’enfant sénégalais n’est ni exclusivement rurale ni exceptionnellement urbaine, travaillons à donner les mêmes chances à ces pépinières de génies qui peuvent impressionner le monde entier.
Réfléchissons ensemble. Arrêtons la politique et les clameurs justificatives et réactionnaires.
Il ne faut pas faire de la reprise des enseignements une affaire de fierté individuelle ou de bande.
Nous sommes tous des enseignants, des parents d’élèves, des bailleurs ou des proches d’enseignants ou de parents d’élèves.
Tout d’un pays dépend en réalité de son système éducatif et des résultats qui en découlent. Pas de bons soignants sans une bonne école encore moins de brillants FDS ou de bons dirigeants, etc. L’éducation est le secteur irriguant principal du développement socio-économique d’un pays.
Professeur Aliou Sow