SENTV : Orange Money est un véritable succès. Lancé en 2018 dans 17 pays, on dénombre 70 millions de comptes ouverts et 400 000 points de ventes. Il reste encore un formidable potentiel dans ce domaine. En Afrique subsaharienne, 80 % des personnes ne disposent pas de compte bancaire. Évidemment, quand il y a autant de potentiel, cela attire d’autres investisseurs. L’arrivée de fintechs sur ce marché est tout à fait normale et nous aide à nous améliorer aussi.
Le modèle de Wave est disruptif parce qu’il est financé par des fonds de capital-risque, peu attachés à la rentabilité à court terme. Ils investissent de l’argent en espérant que la start-up arrivera à prendre tout le marché et qu’à ce moment-là ils pourront revendre leur part en récupérant 10 ou 15 fois leur mise initiale. Cela ressemble au modèle d’Amazon : on brûle du cash – cela a duré plus de dix ans pour le site d’e-commerce – en espérant tuer la concurrence.
Orange a décidé de se battre sur ses marchés : nous avons divisé notre prix par trois ou quatre, développé des applications pour être aussi digital que Wave. Mais il ne faut pas que nos clients pensent que nous aurions pu le faire avant.
Avec Orange Money, Orange a créé des dizaines de milliers d’emplois grâce au réseau de distributeurs que nous avons développé pour amener nos services au plus près de nos clients. La moitié du chiffre d’affaires leur revenait. Wave leur a fait perdre 50 % de leurs revenus. Quelque 20 000 emplois ont été détruits au Sénégal, on en perdra peut-être autant ailleurs. C’est la raison pour laquelle cette disruption ne pouvait pas venir d’Orange.
Jeune Afrique