APR : Entre soutien à Macky Sall et inquiétudes pour l’État de droit, une déclaration au ton offensif
SENTV : Le Secrétariat exécutif national (SEN) de l’Alliance Pour la République (APR), principal parti de l’opposition depuis la présidentielle de mars 2024, a tenu ce jeudi 10 avril une réunion stratégique marquée par une déclaration à forte portée politique. Entre hommages, dénonciations et revendications, les cadres du parti fondé par Macky Sall ont tenu à marquer leur position sur l’actualité nationale et internationale.
Hommages solennels et reconnaissance internationale
Le SEN a d’abord ouvert sa déclaration par des hommages appuyés à deux figures nationales récemment disparues : le Khalife général des Layènes, Cheikh Mouhamadou Makhtar Laye, salué comme « homme de foi et de dialogue », et Mamadou Badio Camara, ancien président du Conseil constitutionnel, dont l’engagement républicain a été rappelé avec insistance.
Dans la même veine, les cadres apéristes se sont félicités de l’intégration de l’ancien président Macky Sall au sein du Conseil de la Fondation Mo Ibrahim, une institution panafricaine de référence en matière de bonne gouvernance. « Une reconnaissance qui honore le Sénégal », affirment-ils, tout en fustigeant les critiques du nouveau régime sur cette nomination. « La haute légitimité de la Fondation disqualifie les propos inélégants », lit-on dans le communiqué.
Loi d’amnistie : vers une bataille constitutionnelle
L’un des points les plus sensibles abordés est la récente adoption par l’Assemblée nationale de la loi interprétative d’amnistie (loi 2025/08), que l’APR conteste avec vigueur. Le SEN a exprimé son soutien au recours introduit par l’opposition auprès du Conseil constitutionnel, espérant que « les Sages diront le droit, sans haine », reprenant les mots de feu Badio Camara.
Cette loi, votée le 2 avril dernier, a fait polémique, certains y voyant une tentative de neutraliser des poursuites ou d’influencer l’interprétation d’affaires judiciaires liées à des faits politiques.
Dénonciations tous azimuts contre le pouvoir en place
Mais c’est sur le terrain politique que le ton est monté d’un cran. Le SEN s’est insurgé contre la nouvelle interdiction de sortie du territoire visant Mansour Faye, ancien ministre et maire de Saint-Louis, malgré, selon eux, « l’existence d’une décision de justice » l’autorisant à voyager. Le parti dénonce un « acharnement inqualifiable » et une volonté manifeste de museler ses figures historiques.
Dans la foulée, l’APR réclame la libération immédiate de plusieurs de ses députés, dont Farba Ngom, Lat Diop et Abdoulaye Ndiaye, présentés comme « otages d’un règlement de comptes politicien ».
Plus globalement, le parti accuse le régime actuel – dirigé par le président Bassirou Diomaye Faye – de dérive autoritaire : « menaces sur la presse, répression des activistes, licenciements massifs », autant de signes, selon le communiqué, d’un « recul démocratique grave ».
Position diplomatique et rappel aux principes panafricains
Enfin, sur le plan international, l’APR a exprimé sa préoccupation face à la montée des tensions diplomatiques entre l’Algérie et le Mali, appelant au dialogue et à la retenue. Le parti a rappelé son attachement à l’intégration africaine comme pilier du développement continental.
Avec cette déclaration offensive, l’APR marque clairement son retour sur le devant de la scène politique sénégalaise après la défaite de 2024. Si les hommages religieux et diplomatiques donnent un ton institutionnel à la sortie, c’est la virulence des accusations portées contre le nouveau pouvoir qui en constitue la colonne vertébrale. Alors que le pays entame une nouvelle phase politique, l’affrontement entre ancien régime et nouvelle gouvernance semble loin d’être terminé.
La rédaction de la SENTV.info