Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) : Akinwumi Adesina dresse un tableau contrasté de l’Afrique

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SENTV : A la veille de l’ouverture des 59e Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (27-31 mai à Nairobi au Kenya), le président de l’institution financière panafricaine dresse un tableau mitigé de la situation économique du continent. Si l’Afrique « se porte bien » en matière de croissance (projetée entre 3,4 et 3,7% en 2024), elle est confrontée à un certain nombre de défis dont le plus urgent et le changement climatique, avec une architecture financière mondiale qui lui est défavorable.
Lors de la traditionnelle conférence de presse donnant le coup d’envoi des Assemblées annuelles, le président de la Banque africaine de développement (Bad) a dressé un tableau contrasté de la situation économique du continent. Certes, sur le plan macroéconomique, l’Afrique « se porte mieux » comparé au reste du monde avec une croissance projetée à 3,4% cette année et 4,3% en 2025 contre 3,1% en 2023 et 11 des 20 économies qui connaitront la croissance la plus rapide au monde en 2024 se trouvent en Afrique. Mais le continent est frappé de plein fouet par les effets du changement climatique (inondations au Kenya, sécheresse au Malawi et au Zimbabwe) avec des pertes annuelles estimées à 7 milliards de dollars et qui pourraient atteindre 30 milliards de dollars par an à l’horizon 2030. Pis, les financements dont bénéficie le continent pour y faire face sont jugés dérisoires comparés aux besoins. « L’Afrique n’est pas satisfaite de l’architecture financière mondiale actuelle, elle est mal servie pour le financement de l’action climatique », dénonce Dr Akinwumi Adesina. Ces Assemblées annuelles dont le thème est justement « La transformation de l’Afrique, la Banque africaine de développement et la réforme de l’architecture financière mondiale » devraient permettre aux participants de réfléchir sur les pistes de solutions pour que les besoins de financements du continent soient mieux pris en compte.
Absence de mécanisme de stabilité financière
En effet, les défis ne manquent pas. En plus du changement climatique, le continent aura 900 millions de personnes de plus à nourrir à l’horizon 2050 et 700 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité. Par ailleurs, plusieurs pays du continent sont confrontés à la crise de la dette. Une situation aggravée par l’absence d’un mécanisme de stabilité financière. « L’Afrique est le seul continent à n’avoir pas ce genre de mécanisme pour amortir les chocs », déplore M. Adesina, regrettant au passage la « lenteur » du processus de restructuration de la dette de certains pays (Zambie, Tchad) dans le cadre du mécanisme conjoint mis en place par le G20. En dépit de ces contraintes, l’Afrique ne manque pas d’atouts vers la transition énergétique. M. Adesina est convaincu que le continent a tout pour piloter l’agenda mondial dans cette perspective, faisant référence l’énorme potentiel du continent en matière d’énergies vertes. « Dieu aime l’Afrique », répéte-t-il. Pour sa part la Bad n’attend pas les autres pour agir. « Nous avons mobilisé beaucoup de ressources pour l’agriculture », se félicite M. Adesina. Il cite, entre autres initiatives, les 12 milliards de dollars injectés dans le secteur agricole à la suite de la crise russo-ukrainienne et lors du Sommet Dakar2 organisé l’année dernière dans la capitale sénégalaise, la banque a mobilisé avec ses partenaires 60 milliards de dollars pour le financement des programmes nationaux de souveraineté alimentaire. Pour le secteur énergétique, la Bad a lancé cette année, en partenariat avec la Banque mondiale, une initiative pour fournir de l’électricité à 300 millions d’Africains. La Bad entend multiplier cette « approche baobab » dans le cadre de la coopération sud-sud. Epine dorsale pour traduire le potentiel de la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine) en réalité, les infrastructures ne sont pas en reste, souligne Akinwumi Adesina, puisque, rappelle-t-il, depuis son arrivée à la tête de la Banque elle a injecté 50 milliards de dollars dans ce secteur. En définitive, souligne le président de la Bad, l’Afrique est résiliente face aux chocs mais il lui reste du chemin à faire pour vaincre la pauvreté.
Le Soleil

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