SENTV : Malgré des décennies d’efforts et des priorités gouvernementales sans cesse renouvelées, l’autosuffisance en riz demeure un objectif difficile à atteindre pour le Sénégal. Longtemps mise en avant par les autorités, cette ambition se heurte aujourd’hui à une série d’obstacles structurels, économiques et climatiques qui ralentissent la progression du pays vers une réelle indépendance en matière de production rizicole.
Importations massives : Un échec cuisant à surmonter
Le dernier rapport de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) dévoile des chiffres alarmants. En 2023, le Sénégal a importé près de 1,48 million de tonnes de riz, soit une facture de 347 milliards de FCFA. Ce montant a augmenté de 32,1 % par rapport à l’année précédente, illustrant l’incapacité de l’industrie rizicole locale à combler la demande intérieure. À ce rythme, l’objectif d’autosuffisance semble toujours hors de portée.
Des initiatives en place, mais des faiblesses persistantes
Ousseynou Ndiaye, Président du Comité Interprofessionnel Riz (Ciriz), explique que plusieurs initiatives ont été lancées, mais qu’elles n’ont pas permis d’atteindre les résultats escomptés. « Le projet d’autosuffisance en riz reposait sur la double culture intégrale, mais il n’a jamais pu aboutir. Le manque de rentabilité est dû à la vulnérabilité de la filière, exacerbée par des facteurs comme la crise aviaire qui a fait perdre jusqu’à 35% de la production », explique-t-il.
À cette difficulté s’ajoutent les effets du changement climatique, comme l’impact des inondations de l’année dernière qui ont ravagé près de 20 000 hectares de cultures, représentant une perte estimée à 9 milliards de FCFA. Malgré cela, Ousseynou Ndiaye reste optimiste quant aux efforts réalisés, notamment la réduction du prix des intrants comme l’urée, un levier essentiel pour stimuler la production.
Des progrès, mais des défis à surmonter
Waly Diouf, coordonnateur du Programme national d’autosuffisance en riz (Pnar), rappelle les avancées notables enregistrées ces dernières années. Selon lui, le Sénégal produit désormais un riz de qualité qui est largement disponible sur le marché local, un fait qui n’était pas envisageable il y a quelques années encore. Toutefois, pour pérenniser ces progrès, la mécanisation reste l’un des principaux défis à relever.
« Mécaniser l’agriculture est impératif. Il ne s’agit pas d’acheter des machines, mais de négocier des partenariats avec des fabricants pour installer des centres de montage dans chaque région, qui seront chargés de la maintenance et de l’entretien », propose Ousseynou Ndiaye. Cette approche, selon lui, permettrait de rendre les équipements accessibles tout en réduisant les coûts.
Les obstacles à surmonter : Le manque d’infrastructures et les contraintes climatiques
Le diagnostic dressé lors des assises nationales du riz, tenues en janvier 2023, a mis en lumière plusieurs autres obstacles freinant l’atteinte de l’autosuffisance. La gestion inefficace des terres rizicoles, le faible taux de mécanisation, ainsi que l’accès limité aux semences et aux engrais de qualité sont les principaux facteurs cités par les acteurs de la filière. Les producteurs, confrontés à des contraintes climatiques, à la présence d’oiseaux granivores et à des infrastructures insuffisantes pour la transformation et la commercialisation du riz, peinent à surmonter ces défis.
Solutions et perspectives : Valoriser les terres et moderniser les équipements
Pour relever le défi de l’autosuffisance en riz, les experts insistent sur la nécessité de valoriser les terres rizicoles et d’optimiser leur gestion. Ils soulignent également l’importance d’une modernisation accrue des équipements agricoles pour améliorer la compétitivité des producteurs et répondre aux exigences du marché mondial. Le financement de la filière doit être également renforcé afin de garantir un soutien pérenne à la riziculture sénégalaise.
L’avenir de l’autosuffisance en riz dépend donc d’une approche globale, combinant mécanisation, gestion durable des ressources en eau et soutien à la recherche pour assurer la durabilité des semences. Mais pour cela, des efforts soutenus et une coordination efficace entre les différents acteurs publics et privés seront essentiels.
La rédaction de la SENTV.info