SENTV : Son historie est triste. Élève studieux, jeune homme poli, Djiby Sadio n’a pas pu terminer son examen du Baccalauréat. Il a été emporté par de terribles maux de ventre. Mais, le défunt a pu vaillamment décroché son diplôme, alors qu’il n’a pas terminé les épreuves au centre d’examen de Kounkané.. Ses proches racontent ses derniers jours
Son tuteur, Alassane Biaye, raconte que c’est en début d’année que le défunt s’est plaint, pour la première fois, de maux de ventre. Puis, le mal s’est calmé, avant de reprendre le dernier dimanche avant les épreuves du Bac. «Ce jour-là, il m’a dit que ça n’allait pas bien du tout.» Mais, le jeune homme, luttera contre le mal pour pouvoir faire son examen.
«Le mercredi, Djiby a entamé les examens du Bac le matin et est revenu à la maison pour manger et repartir dans l’après-midi, afin de faire les épreuves d’histoire et de géographie. Difficilement. Le soir, il ne pouvait marcher seul, il a donc été aidé par un de ses amis pour rentrer à pieds. Une fois arrivé, Djiby m’a dit qu’il n’a pas pu faire le troisième exercice de Géographie parce qu’il avait des douleurs atroces au ventre. Le jour suivant, le jeudi, coïncidant avec la veille de sa mort, il est parti à l’école et y est revenu accompagné par quelques camarades de classe qui l’ont forcé à manger. Cette nuit-là, son professeur de Philosophie l’appelle pour s’enquérir de son état de santé, mais Djiby le rassure. Seulement vers 21 heures, il m’a encore fait part de ses douleurs», raconte M. Biaye.
« Je ne vais pas revenir à l’école, ce soir »…»
Et pour aider son cousin à chasser le mal, Alassane improvise une promenade. Une petite marche qui fera du bien au jeune Djiby. De retour, les deux hommes rejoignent le lit. Mais, Djiby trouvera péniblement le sommeil à cause, toujours, des maux de ventre. «C’est le lendemain, vendredi, que j’ai compris que mon cousin me trompait. Ce jour-là, pour la première fois, c’est lui qui m’a réveillé, à 7 heures du matin. Il s’était levé très tôt pour réviser ses cours d’Espagnol. J’étais réconforté parce qu’il m’a dit: « Je vais très bien. » Je l’ai amené à moto comme je le fais à chaque fois. Il a fait l’examen et à 10 heures, il m’a appelé via le téléphone d’un surveillant et m’a informé que ses douleurs étaient revenues», renchérit Alassane Biaye. Qui pour- suit : «Je suis parti le récupérer à l’école, le surveillant m’a annoncé qu’il avait même vomi en classe. Sur la route, je lui ai dit que s’il termine l’examen le soir, quelle que soit l’heure, je l’amène à Vélingara pour voir Dr Sarr. En partant, Djiby m’a dit : « Je ne vais pas revenir à l’école, ce soir »…» Ce sera don adieu à son tuteur! Il ne foulera plus le sol du Cem 1 de Kounkané.
« Papa, je te promets de réussir au Bac»
Selon son père témoigne : «Mon fils m’avait appelé tout au début l’arrêt des cours décidé par le président de la République dû au coronavirus, pour me demander de lui payer un téléphone portable avec lequel il pourrait suivre les enseignements en ligne. Sans tarder, je lui ai payé un portable à 60 00o FCfa. En réponse, il m’a dit : »Papa, je te promets de réussir au Bac. Mon vœu, c’est d’avoir le Bac plus la mention.» Djiby n’aura pas la mention. Mais il aura réussi à décrocher, au premier tour, le Baccalauréat, sans mêrme composer l’épreuve des Sciences de la Vie et de la Terre (Svt). Un résultat qui ne surprend aucunement son tuteur. Alassane Biaye: «Djiby était un élève très brillant. Déjà en classe de cinquième à Samine, il avait eu 15 de moyenne au premier semestre et 16 au deuxième.» Aujourd’hui, Djiby est à l’au-delà. Bien que transis par la douleur, ses parents se consoleront par la fierté qu’il éprouvent à l’égard de leur enfant.