Barka BA, Sur Le Silence D’Idy : «Il Se Passe Peut-Être Des Négociations Secrètes»

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SENTV : Depuis la fameuse conférence de presse commune, tenue avec les autres candidats malheureux de la Présidentielle, ayant suivi la proclamation des résultats provisoires par la Commission nationale de recensement des votes, le Président du Conseil départemental de Thiès a disparu de la circulation. Ses seules sorties publiques ont été un déplacement à Touba et une audience au Palais dans le cadre des concertations nationales autour de la riposte au coronavirus. Hormis ces deux sorties, l’homme se fait discret. Essai de décodage d’une posture muette avec le journaliste-analyste politique, Barka BA.

WalfQuotidien : Quelle analyse faites-vous du silence de Idrissa Seck ?

Barka BA : En dehors de quelques rares déclarations, on peut, effectivement, noter que, depuis la dernière présidentielle où il s’est classé deuxième, Idrissa Seck s’est emmuré dans un silence assez intrigant. La bête politique incontestable qu’il est a bâti une bonne partie de son ascension politique sur la communication. En 1988 déjà, très jeune directeur de campagne d’Abdoulaye Wade, il avait marqué les esprits par son éloquence et son art consommé de la communication, aussi bien à l’aise en français qu’en wolof. Son sens de la formule a souvent fait mouche contre tous ses adversaires. Il s’est toujours évertué à faire de ses sorties un grand show médiatique. Mais au fil du temps, avec différents revers électoraux et les coups très durs que lui ont porté d’abord son ex-mentor puis Macky Sall, son plus grand rival devenu l’un de ses pires adversaires politiques, qui a quasiment décapité son état-major politique, il a perdu de sa superbe. Et lui qui faisait le buzz à chaque fois qu’il faisait des déclarations, doit subir sur ce terrain la concurrence d’un jeune loup aux dents longues comme Ousmane Sonko qui a aussi axé une bonne partie de sa stratégie politique sur des déclarations fracassantes.

Quelles pourraient être les raisons de ce silence ?

Les raisons de ce silence qu’on pourrait qualifier de «stratégique» pourraient se trouver dans une partie de poker secrète avec le pouvoir qui l’oblige, pour le moment, à faire l’économie des attaques frontales contre le régime comme il en a le secret. L’autre raison de ce silence est à chercher à Touba où certains de ses soutiens très influents lui ont  conseillé d’éviter de s’épancher pour l’instant dans la presse.

Quel pourrait être l’inconvénient de cette attitude ?

L’inconvénient majeur de cette posture, c’est que la nature ayant horreur du vide, il laisse la fonction tribunicienne à de jeunes loups ambitieux sans compter que cela désoriente quelque part ses militants qui ne savent pas trop quelle ligne adopter face au pouvoir.

Est-ce que l’on peut en déduire que c’est le pouvoir qui profite de ce silence ?

Evidemment, ce «silence stratégique», quelles que soient ses motivations profondes, c’est du pain béni pour le pouvoir. Surtout dans ce contexte où le régime du Président Macky Sall traverse une passe très difficile avec un quotidien rythmé par des scandales et un début de «guerre civile» au sein de l’Apr qui vit une des crises les plus graves de son existence avec l’affaire Moustapha Cissé Lô. Dans la posture du chef de l’opposition, il est assez surprenant et incompréhensible qu’Idrissa Seck, qu’on a connu très mordant avec ses petites phrases assassines, n’ait pas profité de ces faux pas du régime pour enfoncer le clou et jouer le rôle de chef de l’opposition qu’il dispute à Abdoulaye Wade. Une telle posture renforce l’idée qu’il se passe peut-être des négociations secrètes entre les deux parties avec la volonté prêtée au chef de l’Etat de constituer un large gouvernement d’ouverture et dont Rewmi pourrait être partie prenante. Mais en dehors des concernés, c’est-à-dire Macky Sall et Idrissa Seck, personne ne peut être catégorique sur ce sujet.

Propos recueillis par Ibrahima ANNE

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