Ces Fils De Bamba Qui N’ont Pas Accédé Au Califat

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C’est connu de tous : seuls cinq fils de Cheikh Ahmadou Bamba «Serigne Touba» ont pu accéder au Khilafat, de Serigne Mouhamadou Moustapha à Serigne Saliou.

Pourtant, il en a parmi ceux qui sont connus qui ont vécu jusqu’à un certain âge, mais sans s’asseoir sur le trône. N’empêche, ils occupent une place de choix dans le panthéon des mourides. Certains ont été rappelés à Dieu alors qu’ils étaient relativement âgés, tandis que d’autres l’ont été très jeunes. En voici une liste, pas si exhaustive, dont le dernier ayant vécu sur terre fut Serigne Mourtala Mbacké.

Mais à côté de ces célèbres fils n’ayant pas «goûté au pouvoir», il existe d’autres pas connus du grand public, avec notamment : Mouhamadou Moustapha Yadaali, Chaïdou, Mouhamadou Bassirou, Abdou Samath, Abdou Bakhi, Jamil, Abdou Salam, Mouhammadou El Mokhtar, Ibrahima, Abdou Arona, Ababacar Sadikh, Cheikh Mouhaïminou, Abdou Khoudoss, Mouhamadou Abibou, Aboubakry, Mouhamadou Mokhtar, Cheikh Badioulaye, Mouhamadou El Bachirou, Mouhamadou Bara, entre autres.

WalfQuotidien saisit ainsi le prétexte de l’édition 2018 du grand Magal de Touba, 124e du genre, célébrée ce dimanche 28 octobre.

SERIGNE MOURTALA MBACKE

Le «ministre des affaires étrangères» des mourides

Cadet des fils connus de Cheikh Ahmadou Bamba «Serigne Touba», Serigne Mourtala Mbacké est connu comme étant le «ministre des Affaires étrangères» des mourides. On le surnomme aussi l’infatigable ambassadeur du mouridisme, en raison du travail d’expansion de la confrérie accompli dans la diaspora. A ce titre, il a installé des dahiras partout dans le monde et diffusé l’enseignement du fondateur de cette confrérie, son père. Ce «pieux chevalier de l’Islam» a consacré toute sa vie à véhiculer les enseignements de Serigne Touba. De son vivant, il a porté haut le flambeau dans les cinq continents, avec plusieurs personnes converties à l’Islam. Ce qui lui a valu, dit-on, l’estime, le respect, la considération et la reconnaissance d’illustres cités du monde, de par ses nombreux voyages en Afrique, en Europe, en Asie et également en Amérique. Le 8 août 2004 a marqué la fin d’un long et élogieux parcours dédié à l’Islam, à la propagation des enseignements de son père, Cheikh Ahmadou Bamba et à l’assistance à son prochain. Né à Ndame Darou Al Alim Al Khabir, (village situé à 5 km de Touba), Serigne Mourtala Mbacké s’est éteint en août 2005 au Maroc, à l’âge de 83 ans.

SERIGNE SOUHAÏBOU MBACKE

Le gardien de l’orthodoxie mouride

Il est celui que l’on dépeint comme un «gardien de l’orthodoxie mouride». Il est connu pour son franc-parler, son objectivité et son respect scrupuleux des prescriptions du Coran et de la tradition authentique : Serigne Souhaïbou Mbacké. Le plus célèbre de ses œuvres est sans doute «Qurratul- cAyni», ou «La Prunelle des yeux». Cet ouvrage en wolof traite du Fiqh, c’est-à-dire la pureté légale, la prière, le jeûne, l’aumône légale et le pèlerinage à la Mecque. L’ouvrage traite aussi du mariage, de la vie du couple et de tout ce qui s’y rapporte, de l’éducation des enfants, du divorce, de la prière mortuaire, de l’immolation. Dans les recommandations de Serigne Souhaïbou revient toujours une vertu capitale : la constance dans les bonnes actions. «Ne préfères jamais l’oisiveté et le repos, car ces deux n’engendrent guère le bien ; la gloire n’est obtenue qu’au prix de l’effort», disait-il. Les témoignages recueillis auprès de sa famille sont unanimes : toutes les recommandations laissées par le saint homme se résument en la conformité à la Charia.

Si le Daara de Serigne Souhaïbou est devenu célèbre, mieux une école de référence au Sénégal et même au-delà, ceci est lié à l’engagement personnel de son recteur. Dirigé aujourd’hui par Serigne Mahmadane Bousso, c’est un creuset de toutes les connaissances religieuses et divines. On y apprend outre le Coran et les khassidas (poèmes de Serigne Touba) le Fikh, le Tajwid, entre autres. D’illustres personnalités de la communauté mouride y sont passées. «Les produits du daara créent d’autres daara à l’image Serigne Mame Balla Bousso», témoigne un maître. Venu au monde en 1918 à Touba, Serigne Souhaïbou est rappelé à Dieu en 1992, à 74 ans. Aujourd’hui, 26 ans après sa disparition, l’œuvre du saint homme est perpétuée par son Khalife : Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké dit Serigne Cheikh Sèye qui veille sur l’héritage familial.

SERIGNE BASSIROU MBACKE

Borom Porokhane

Serigne Bassirou Mbacké fait partie des fils connus de Serigne Touba à n’avoir pas accédé au Khilafat. Il est décédé en août 1966, soit 2 ans après Serigne Fallilou Mbacké, deuxième khalife général des mourides. Serigne Bassirou, son jeune frère, devait alors le remplacer, mais Serigne Abdou Lahad qui a la même mère que Serigne Souhaïbou lui succède en tant que troisième khalife de Bamba. De Serigne Bassirou Mbacké, on retient que c’est lui qui a réhabilité le village natal de Mame Mor Anta Saly, père de Serigne Touba : Porokhane. Et y organise, chaque année, un pèlerinage à la mémoire Mame Diarra Bousso, la mère de Serigne Touba. On retient surtout de Serigne Bassirou «ses connaissances islamiques et son amour pour la terre». Il est également connu pour être un «grand producteur d’arachide». Il a aussi écrit beaucoup de livres et fondé de nombreux villages.

MOUHAMMADOU LAMINE BARA MBACKE DIT «SERIGNE BARA»

Un mystique de renom

Serigne Mouhamadou Lamine Bara est l’homonyme du premier petit-fils de Serigne Touba à accéder au trône, après le rappel à Dieu de Serigne Saliou Mbacké, en 2007. Cheikh Mouhammadou Lamine Bara Mbacké, plus connu sous le nom de Serigne Bara, a vu le jour à Touba, ce fut en 1891. Frère cadet de Serigne Mouhammadou Moustapha Mbacké dont il est de même mère (Soxna Aminata Lô), il est une personnalité connue du Mouridisme et d’ailleurs. Chaque année, l’anniversaire de sa naissance est commémoré à Mbacké Cajoor, par la communauté mouride, particulièrement sa famille. Son séjour à Mbacké Cajoor est un moment repère dans sa vie, et les nombreux témoignages de ses contemporains sont révélateurs sur le charisme du saint homme. C’était ainsi un «mystique de très grande renommée et ses prières miraculeuses de même que ses prodiges miracles dépassaient l’entendement humain». Le tout témoigne d’un homme de Dieu, dont l’agrément obtenu auprès de Son maître se mesure à la promptitude de l’exaucement de ses vœux.

SERIGNE ABDOULAHI MBACKE

Borom Dërbi

Il est le cinquième fils de Serigne Touba après Serigne Mouhammadou Moustapha Mbacké, Serigne Fallilou Mbacké, Serigne Mouhammadou Lamine Bara Mbacké et Serigne Bassirou Mbacké. Serigne Adoulahi Mbacké est né vers 1908, à Darou Rahman. Sa mère, Soxna Fatima Koubra Al Kuntiyu, était la petite fille de Cheikh Sidy El Moukhtar Al Kuntiyu, un grand saint homme qui vivait en Mauritanie. Borom Deurbi passa ses premières années au Djoloff, et quand le Cheikh partit à Diourbel en 1912, il le confia à Serigne Abdou Rahman Lô à Darou Alimul Qabir pour son apprentissage coranique. Doté d’une intelligence phénoménale et d’une mémoire prodigieuse, il fit en un temps record de brillantes études, maîtrisa le Saint Coran et en écrivit une copie pour le Cheikh. A Diourbel, auprès de son vénéré père, il apprit beaucoup, diversifia ses connaissances, s’éprouva au travail et fit montre des qualités les plus honorables. Très tôt, il a cherché à marquer son existence de son sceau personnel, et en 1930, il fonda à quelques kilomètres de Touba son village qu’il baptisa Darou Rahman, du nom du lieu où il vit le jour. Il vécut dans cette localité et éleva ses talibés dans l’adoration de Dieu et le respect du travail jusqu’au jour où il décida de créer un verger. Ce jardin appelé «Dër» en langue wolof, paraissait surprenant sur ces terres habituées à produire uniquement du mil, du niébé, du sorgho. Parmi les qualités intrinsèques de l’homme, on retient : un courage inégalable, une patience infinie, une noblesse d’âme, une volonté inébranlable, une intelligence parfaite, un altruisme inaltérable et une pondération inimitable. Serigne Adoulahi Mbacké est rappelé à Dieu le 15 janvier 1960.

SERIGNE IBRAHIMA MBACKE

L’homonyme du prophète Ibrahim

Homonyme du prophète Ibrahim, Serigne Ibrahima Mbacké est le sixième fils connu de Cheikh Ahmadou Mbacké. Il est né en 1912 à Daroul Alim. Sa mère Fatma d’origine mauritanienne est de la tribu des dawalhadj (une ramification des khoureïchites). En 1954 Cheikh Ibra Mbacké quitta son Mbacké Barry prés de Mbacké. Une coïncidence frappante parce que son père avait quitté le village de Mbacké Barry au Djoloff en 1885 pour son exil au Gabon ; deux villages du même nom mais de situation géographique différente. Serigne Ibra Mbacké fit les mêmes escales que son père durant son périple au Gabon. Il retrouva Samba Ndiaye alors très âgé (98 ans) qui l´accompagna partout où le Cheikh séjourna. Il lui montra le dernier des neufs manguiers comme l´avait prédit le Cheikh en lui faisant comprendre que c’est Bamba en personne qui revient.

Après son périple trois mois au Gabon, Serigne Ibra retourna au Sénégal et trois mois plus tard, il mourut à Touba et sa mission s´acheva. Le choix de Khadimou Rassoul sur Cheikh Ibra Mbacké ne devait rien au hasard parce que Serigne Touba avait dit que son exil en Mauritanie était pour aller cueillir les fruits de sa mission au Gabon. Et c’est au terme de cet exil que trois de ses enfants issus de mères mauritaniennes étaient nés il s´agit de Sokhna Aminata Mbacké, Serigne Abdoulaye Mbacké et Serigne Ibrahima Mbacké. Ainsi un des fruits de cette mission devait clôturer l´œuvre du Cheikh au Gabon et ce fut Serigne Ibrahima Mbacké qui n´avait rien de plus méritant que les autres fils de Serigne Touba. Chaque fils et fille de Cheikh Ahmadou Bamba a sa mission terrestre ou mystique qu´il détient de son père la source de biens intarissables.

SERIGNE ABDOU SAMAT MBACKE

Borom Daara-yi

Chaque année, la communauté mouride célèbre la mémoire de Serigne Abdou Samat Mbacké, fils de Serigne Touba, rappelé à Dieu il y a plus de 50 ans, à l’âge de 31 ans. Malgré sa courte vie sur terre, il a laissé à la postérité un riche héritage. Ce défunt fils de Bamba fait partie, avec ceux cités plus haut, des fils du fondateur de la confrérie mouride dont le destin a fait qu’ils n’ont pas accédé au khalifat. Il a vu le jour à Diourbel le 18 Dhûl Qicda 1335, coïncidant à 1917. Sa mère, Soxna Khary Sylla, appartient également à l’une des grandes familles religieuses du Sénégal : «les Sylla». Son grand-père, Serigne Ahmadou Ndoumbé Mar Sylla, communément appelé Serigne Taïba, fut également un compagnon de longue date de Mame Mor Anta Sally, père de Serigne Touba sur les foyers d’enseignement et d’étude du Sénégal. Sa piété, expression de l’intensité d’un soufi, pratiquant et d’un ascète, laissait deviner le degré de sa foi à travers ses recommandations et paroles brèves empreintes de l’unicité de Dieu.

Dressant le portrait de l’homme, le site Istikhama écrit : «Modèle de générosité, il avait fait de l’assistance des créatures un sacerdoce. Il donnait tout ce qui lui tombait sous la main. Une qualité qui allait bien de pair avec sa sobriété, son humilité et sa simplicité qui frappaient toute personne qui cohabitait avec lui. Le physique de Serigne Abdou Samat frappait par sa ressemblance avec son vénéré père, comme en témoigne tous ceux qui le connaissaient. Ses qualités morales suscitaient l’amour dans le cœur de tous ceux qui le rencontraient ou faisaient sa connaissance, et ce à commencer par ses propres frères».

Par Pape NDIAYE

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