Chantage et extorsion à Dakar : Un réseau ciblant des homosexuels européens démantelé par la gendarmerie
SENTV : Une affaire glaçante secoue Dakar. La Section de recherches (SR) de la gendarmerie nationale a mis la main sur un réseau présumé de chantage et de séquestration ciblant spécifiquement des ressortissants européens homosexuels. L’opération, menée avec diligence le 4 avril dernier à Ngor, a permis de libérer un ressortissant belge de 68 ans, Alain Jean Jacques Mahy, détenu contre rançon dans un appartement de la capitale.
Selon des informations rapportées par Libération, la victime, en voyage au Sénégal depuis le 28 mars, avait entamé une relation en ligne avec un certain Ibrahima Ndiaye, alias « Madré », via la plateforme Gay Romeo. Le prétendu compagnon, désormais suspect principal, aurait attiré Mahy dans un piège méticuleusement orchestré, avec l’aide de plusieurs complices.
Après un court séjour à Saly, les deux hommes prennent un appartement à Ngor, où le cauchemar commence. Mahy est privé de son téléphone, de ses papiers, et contraint de contacter son frère en Belgique pour exiger le versement d’une rançon. Ce dernier transfère 5 000 euros par Western Union, sur les 7 000 euros exigés, avant d’alerter les autorités sénégalaises.
Les forces de l’ordre interviennent promptement et parviennent à localiser l’appartement. Cinq personnes sont interpellées lors de l’opération : Ibrahima Ndiaye dit « Madré », Ndiémé Seck (40 ans), Fatoumata Bintou Keita (35 ans), et Abdoulaye Ba (22 ans). Tous sont soupçonnés d’avoir participé activement soit à la séquestration, soit au recouvrement des fonds.
Lors de son audition, « Madré » nie toute notion de contrainte, soutenant que Mahy lui aurait proposé la somme de 7 000 euros en échange de relations sexuelles. Une version contredite par la victime, qui évoque une relation sentimentale exploitée à des fins crapuleuses. Ce dernier reconnaît des rapports intimes consentis, mais dénonce une trahison et un piège méthodiquement mis en place.
Les résultats médicaux réalisés à l’hôpital Principal de Dakar battent en brèche la version de « Madré ». Ils révèlent des traces de rapports sexuels non superficiels : une béance anale chez la victime et une fissure rectale chez le mis en cause. Des éléments médicaux que les enquêteurs considèrent comme incompatibles avec les déclarations d’Ibrahima Ndiaye.
Plus troublant encore, l’enquête a révélé que le cas Mahy n’était pas isolé. Plusieurs ressortissants européens auraient été pris au piège via les mêmes plateformes de rencontre. En proie au chantage, ils auraient préféré payer discrètement des montants allant de 500 000 à 1,5 million FCFA, sans jamais déposer plainte, redoutant les poursuites liées à leur orientation sexuelle dans un pays où l’homosexualité est criminalisée.
À l’issue de l’enquête, les mis en cause ont été déférés au parquet. Alain Jean Jacques Mahy et Ibrahima Ndiaye sont poursuivis pour « actes contre nature », tandis que les autres membres du réseau répondent des chefs d’« association de malfaiteurs, séquestration, extorsion de fonds, complicité et actes contre nature ».
Ce dossier met en lumière les dérives inquiétantes autour des sites de rencontres, mais aussi les dangers persistants auxquels sont confrontées les minorités sexuelles au Sénégal, piégées entre chantage, violences et lois répressives.
La rédaction de la SENTV.info